Association Gold of Bengal
2009 > 2020 : Site Musée

Auteur/autrice : Corentin De Chatelperron

Marche ou crève – Expérience d’autonomie et menaces à bord de Nomade des Mers

Je suis avec Clément dans le Nord de Madagascar. Nous préparons notre fier bateau-laboratoire à traverser l’océan Indien jusqu’aux Maldives.

1900 miles (3500 km) dont le passage de l’équateur. Une vingtaine de jours de navigation.

Nous allons en profiter pour faire une expérience. Nous avons décidé de nous mettre sous contrainte en embarquant une quantité limitée de ressources pour nous forcer à exploiter à fond notre écosystème embarqué. Après avoir testé plus de 30 low-tech depuis 1 an, il est temps de tester notre « maxi best-of » des low-tech !

 

Chez Gold of Bengal nous sommes convaincus que la mise sous contrainte est un excellent stimulant pour innover.

Si Mac Gyver avait toujours eu sous la main une bombe ou un deltaplane il n’aurait jamais pensé à les fabriquer avec son chewing gum ou l’élastique de son slip.

La spiruline par exemple : pas de goût, une odeur d’algue, une consistance vaseuse. Et pourtant quand elle est l’une de nos principales sources de protéines, elle devient délicieuse et on s’en occupe comme jamais. C’est à la fin de notre traversée de l’Atlantique, quand les réserves s’amenuisaient, que nous avons inventé un nouveau système de filtration innovant.

Un peu comme le dernier morceau d’une bonne plaquette de chocolat a plus de saveur que les autres, quand on est limité en eau chaque goutte d’eau de pluie devient précieuse. Quand la base de tous les repas est de la semoule aux haricots, les feuilles de blettes qu’on récolte dans la serre, au lieu de faire remonter des relents des épinards de la cantine de l’école, font vibrer les papilles, et on se creuse la tête pour qu’elles poussent plus vite.

Bref nous comptons sur cette traversée pour révolutionner notre petit écosystème!

Nos calculs, dont un résumé est illustré sur le schéma ci-dessus, nous ont mis en confiance. Par contre nous aurons 4 sérieux obstacles à affronter pour ne pas perdre nos dents ou nous entretuer :

1- Les rats. ils ont envahi le bateau lors de notre dernière escale. Ils mangent les pousses d’amarante et de pourpier, c’est très énervant, et ça peut nous priver d’une source nécessaire de vitamines et minéraux.

2- « IL ». « IL » est une chose invisible et inodore qui se propage partout. Une sorte de fantôme qui peut même entrer dans des espaces clos. « IL » laisse toujours derrière lui des sortes de fils d’araignées. Et le problème c’est qu’IL semble manger les oeufs de nos vers de farine. Depuis des semaines nous n’avons plus d’éclosions. La pyramide des âges de notre élevage commence à ressembler à celle de la France. Or nous comptons sur les larves de ténébrions pour nous apporter 10% de nos protéines.

3- Les poules. Elles passent de plus en plus de temps à se dorer au soleil, contemplatives. Pas un oeuf depuis 10 jours. Je viens d’avoir une info de ma grand mère : « une poule pond avec son bec ». Traduction : il faut les nourrir d’avantage. Ca revient à prendre le risque d’augmenter leur revenu minimum, sans savoir si cela va augmenter le PIB du poulailler. En attendant on va embarquer une boite d’oeufs pour les rendre jalouses.

4- Les haricots. Nous n’avons pas pris le temps de goûter les haricots secs d’une espèce inconnue que nous avons achetés et allons manger à tous les repas. J’espère qu’ils sont bons.

La tension est palpable à bord de Nomade des Mers. Dans 20 jours ce sera différent. Reste à voir ce qui va changer…

Bien à vous,

Clément, Corentin, les poules, les vers, la spiruline, les rats et « IL ».

Waterworld sans les méchants

Bernard Van den Broek, 56 ans, expert comptable a rejoint le Nomade des Mers du 23 décembre au 1er janvier. Si vous le croisez ne vous fiez pas à son costume, car tel un ange gardien c’est lui qui prodigue conseils, météo et orientation à l’équipage, depuis un gratte-ciel de la Défense. C’est notre routeur ! Il faut dire qu’il connait le bateau, puisqu’il lui a fait parcourir le monde pendant un an avec sa femme et ses 4 enfants. Carnet de bord d’un capitaine venu retrouver pour les fêtes son « Cyrano » désormais « Nomade des Mers ». 

Bernard VDB

Nomade des Mers, pour le parisien qui débarque tout juste de la Capitale, c’est un choc !

Un mélange de rusticité et de sophistication qui me rappelle étrangement le bateau du film Waterworld. Vous savez le trimaran reformaté pour survivre après la montée des eaux sur notre planète où l’eau douce et la terre sont devenues des denrées précieuses.

Ce qui frappe tout de suite, ce sont les deux réchauds en ferraille dans le cockpit, devenu « cook stove » car c’est ici que l’on y fait la cuisine, avec le sac de charbon pour l’un et le sac de bois pour l’autre. Il y a aussi un amoncellement de gamelles et autres casseroles un peu noircies compte tenu de l’approche basique de la cuisson.

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A l’arrière, toujours les trois poules, dont l’une est quand même une authentique bretonne de Muzillac, Camandine.
« – Tiens Coco, Pourquoi Camandine ?
– En fait il y avait Camille et Amandine mais l’une d’entre elle n’a pas survécu à la tempête d’Atlantique Sud. Comme on ne sait pas laquelle des deux, elles ont été fusionnées… »
Me voici dans l’ambiance !

A l’intérieur c’est la végétation qui domine, comme dans le film, mais là ce sont de belles lignes de pousses vertes, dont certaines atteignent allègrement 40 ou 50 centimètres, alignées dans des tubes de PVC astucieusement découpés pour les transformer en jardinières optimisées. Bienvenue dans les Low-Techs !

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Ici c’est Corentin dans le rôle de Kevin Costner. Coco, déjà l’âge du Christ, même allure athlétique et acétique, même charisme auprès de ses disciples, mais notre sauveur du 21ème siècle fait pourtant beaucoup plus jeune que l’autre. C’est vrai que la barbe ça vieillit. A la différence du film, ici il n’y a pas de méchants qui tournent avec leurs scooters des mers, que des gentils, des vraiment sympas ; Hugo, quand même 1m96, qu’il a été contraint de faire rentrer dans la cabine arrière bâbord qu’il partage avec le très urbain Louis-Marie, pas vraiment plus petit. Et enfin Elina, jolies yeux bleus et charmant sourire. Non, ils n’ont vraiment pas des têtes de méchants ceux-là.

équipage

A Tuléar, nous sommes au bout d’une interminable jetée, construite pour accueillir les marchandises et amarrer les quelques bateaux de passage. La chaleur est accablante pour le parisien palot et déjà entré dans l’hiver. On ne tarde pas à mettre le cap sur Ifaty, une quinzaine de milles plus au Nord. Ce soir c’est Noël, il nous faut un bon repas et bien sûr un bon gâteau. Problème, le beau four qui équipait mon ancien navire a été emporté par l’épuration stalinienne voulue par l’équipe de préparation et son chef suprême pour atteindre la sobriété heureuse des low-techs. Mais mes camarades de cette aventure ont plus d’un tour dans leur sac, ils ont déniché un four solaire. Et vive les low-techs ! Nous voici donc lancés dans la confection d’un gâteau au chocolat, rendu possible grâce à quelques plaques de chocolat français emportées prudemment pour cette aventure vers l’inconnu. Le maintien de l’édifice en contreplaqué et plaques réfléchissantes est une certaine gageure pendant cette navigation courte mais un peu mouvementée quand même. On mesure la température à l’intérieur du four – et oui, il y a plein de capteurs et d’appareils de mesure sur Nomade, rusticité mais sophistication – 60 degrés, pas mal ! On découvre que quatre heures à 60 degrés, ce n’est pas équivalent à 20 minutes à 180 degrés … Pas grave, ce soir ce sera mousse au chocolat !

four solaire

Soirée de Noël au mouillage, un peu loin de la côte défendue par ses patates de corail, dans un calme parfait. On se régale de bonnes choses et même d’un foie gras malgache, à l’exception de notre cher Coco devenu résolument végétarien avec une discipline de fer. Enfin tout est relatif, car il décide de faire une exception à la règle pour consommer un plat de fête à ses yeux, des larves qu’il élève avec amour depuis le départ ; sélection d’une belle centaine de ces jolis vers qui s’agitent, ébouillantage (il ne faut quand même pas les faire souffrir) et confection d’un pâté avec quelques assaisonnements. Et bien figurez-vous que malgré ma réticence, j’ai essayé et que ce n’était pas mauvais du tout !

Veillée de Noël tout comme il faut avec Hugo à la guitare, Corentin à la flûte et Louis-Marie au didgeridoo (made in PVC). Je découvre que Coco est un grand musicien capable de sortir toutes sortes de mélodies à partir d’un simple tube, vraiment très low-tech, d’origine irlandaise (un tin whistle). Les moments choisis pour ces inspirations soudaines qui doivent être illustrés sans attendre avec son charmant pipeau, sont parfois inattendus, comme par exemple à la sortie de la passe d’Ifaty alors que nous sommes au milieu de magnifiques rouleaux de 3 à 4 mètres déferlants juste à côté du bateau. C’est ça un vrai artiste !

Corentin à la flute

Le sujet essentiel de cette escale à Madagascar fut la spiruline que certains entrepreneurs s’emploient à produire dans la région de Tuléar en particulier. Un outil de production de spiruline a nécessairement été imaginé et conçu à bord avec jerrican, circuit de tuyaux et système de pompage. Et comme il a fallu mesurer le taux de spiruline, là encore les cerveaux ont chauffé pour fabriquer avec une led et un capteur d’intensité de lumière un instrument de mesure d’intensité. Chapeau !

A Madagascar nous nous sommes aussi émerveillés de tous ces voiliers de travail qui, outre la pêche, assurent une bonne partie du transport de marchandises. Beaucoup de pirogues à balancier très rapides malgré leurs voiles rustiques, mais aussi de très jolis boutres gréés en goélette. La plupart sont construits à Belo-sur-mer, endroit magnifique, parfaitement approprié pour la construction, la mise à l’eau et l’échouage, et dont l’origine remonte à l’installation d’un breton – Enasse Joachim – à la fin du XIXème siècle. Une des plus belles escales pour Nomade des mers.

botry malagasy

Voilà, c’est l’histoire d’un vieux – enfin pas tout à fait, juste « vintage », comme c’est écrit sur son Tshirt – qui voulait découvrir ce qu’il y avait derrière cette bande de jeunes qu’il tentait de guider d’un peu de routage météo depuis quelques mois. J’y ai découvert la recherche permanente de nouvelles idées et de nouvelles solutions. « L’innovation par la contrainte », la litanie d’Eric Bellion sur le Vendée Globe, un concept dont on comprend véritablement le sens ici. Et tout cela avec bienveillance, confiance, optimisme et positivité.

Je peux l’affirmer, le monde tournerait bien mieux s’il y en avait davantage comme eux !

Bernard Van den Broek

Mon point commun avec les poules

Quand on a étudié la question de l’autonomie alimentaire pour choisir quel régime adopter à bord de Nomade des Mers, on s’est très vite rendus compte que pour produire de la viande, les ressources en eau et nourriture, la surface et l’énergie nécessaires étaient énormes par rapport aux autres aliments. Particulièrement pour la viande de bœuf. De toutes façons, embarquer un bœuf à bord aurait été pénible.

Dans le monde il y a des centaines de millions de personnes qui se passent de viande. 500 millions rien qu’en Inde ! Il y a beaucoup de motivations différentes pour tous ces végétariens : religion, lutte contre la souffrance animale, écologie, santé… l’écrivain Isaac Bashevis Singer a dit : « je suis végétarien pour des raisons de santé… la santé des poules. » En plus j’ai lu qu’Einstein avait dit « rien ne pourra être plus bénéfique à la santé humaine ni accroître les chances de survie de la vie sur terre qu’une évolution vers un régime végétarien« . Vu qu’Einstein a toujours une longueur d’avance, ça a fini de me convaincre.

J’ai donc décidé de faire l’expérience de devenir végétarien. J’ai rayé de mes menus la quasi totalité des plats qui me faisaient saliver : tartiflette, bœuf bourguignon, steak tartare, poulet frite, burger saignant, poisson au beurre blanc… La seule viande que je m’accorde est celle de nos larves de coléoptères, qui ne font baver personne, mais qui ont besoin de très peu de ressources pour produire des protéines animales.

Ça fait maintenant 9 mois que je n’ai pas touché à un steak. Au début ça donne l’impression de ne manger que l’accompagnement. puis on s’y fait. Au point que maintenant je salive quand je pense à des lentilles mijotées avec des oignons et des carottes. Ma plus grande peur était de devenir moi-même un légume. Mais pour le moment je reste en pleine forme et j’ai même encore toutes mes dents. J’ai fait une prise de sang juste avant le départ à Concarneau et je viens d’en faire une nouvelle à Madagascar pour voir si j’ai des carences. Réponse dans quelques jours.

J’ai cherché le nom de mon régime. Il en existe beaucoup :

  • Végétarien :
    il ne mange rien qui vienne de l’animal (ni viande, ni lait, ni oeufs)
  • Ovo-lacto-vegetarien :
    il ne mange pas de viande mais mange des produits laitiers et des œufs
  • Fruitarien :
    il ne veut pas tuer les plantes! il mange donc les fruits, les noix, les haricots, les céréales, mais pas les tubercules ni les feuilles – ça fait mal à la plante.
  • Crudivore :
    il ne veut pas cuire les aliments. du coup il fait germer les céréales et autres graines avant de les manger, il presse de l’herbe et des fruits pour en boire le jus, et ne cuit pas ses fruits et légumes.

Le problème c’est que je mange des insectes, ce qui m’exclus de toutes ces catégories… Je pourrais appeler ça de l’insecto-ovo-lacto-végétarisme, mais ce n’est pas pratique quand on est invité à diner :

-vous mangez de tout?
-non, je suis insecto-ovo-lacto-végétarien
-ah?!

Puis en réfléchissant un peu je me suis rendu compte que le régime dont je me rapprochais le plus était celui de la poule, qui mange des insectes et tout fruits et légumes qui se présentent devant elle.

-vous mangez de tout?
-non, la même chose qu’une poule
-d’accord !

Corentin.

Survivalistes des mers

La réunion hebdomadaire de ce lundi matin était un coup dur. Elle a remué le couteau dans la plaie encore béante laissée par le coup de vent des 5 et 6 octobre. Tristement, à voix grave et solennelle, j’ai relu  les objectifs à atteindre avant l’arrivée en Afrique du Sud, que nous nous étions fixés à la réunion hebdomadaire de lundi dernier. Ils étaient ambitieux :

  • Passer de 60 à 100 plantes dans la serre,
  • Produire une cuillère à café de spiruline / jour,
  • Récolter 10 ml de vers de farine / jour
  • 25cl de graines germées / jour,
  • Faire un poulailler optimisé
  • Un compost qui donne 5 litres de solution nutritive pour l’hydroponie par jour,
  • 2 éoliennes qui alimentent tous les systèmes low-tech,
  • Un dessalinisateur qui donne 1 litre d’eau par jour
  • Installation du nouveau système de capteurs pour le suivi des plantes, de la spiruline et du compost.

Pendant cette énumération, dans la tête de chacun repassaient les images des blettes secouées par les embruns dans le sifflement de la tempête comme dans un film catastrophe américain. Dans les scénarios post-apocalyptiques, c’est le moment où les survivants mesurent les dégâts et l’ampleur du travail qui les attend pour rebâtir leur civilisation. C’est ce moment là de la réunion qu’a choisi un petit grillon pour escalader la jambe d’Hugo, comme pour nous rappeler le chaos qui règne aussi dans le vivarium.

Comme un général qui se prépare à un siège, Clément a ensuite passé en revue les réparations que nous avons faites et les fortifications du bateau. Il a annoncé qu’un nouveau coup de vent était attendu pour demain. Moins fort a priori, mais il faut toujours se méfier. Puis dans un discours mémorable il a su emporter l’équipage et lui redonner pleine confiance. On a perdu une bataille mais pas la guerre. Certes nos objectifs seront difficiles à atteindre, mais on va donner tout ce qu’on a. Et ce qui est sûr, c’est que jamais plus aucune tempête ne posera ses embruns sur nos plantes !

Corentin.

De nouveaux espoirs : Soleil & Escale #3

Les jours passent et la possibilité de faire escale à Tristan da Cunha se profile sérieusement devant nous. Nous n’en sommes plus qu’à quelques centaines de milles, et devrions l’avoir en vue mercredi au crépuscule. Donc forcément, quitte à se faire un faux espoir, nous nous mettons à en parler sérieusement, sans trop savoir si nous pourrons y faire escale, ni à quoi nous attendre si par bonheur c’est possible.
Un petit point culture pour commencer et pour comprendre pourquoi cet archipel agite autant notre curiosité. Tristan da Cunha est un archipel de cinq îles situé à 2 800 km à l’ouest de l’Afrique du Sud, et à 3 360 km à l’est de l’Amérique du Sud. C’est, aux dires de certains, l’île la plus isolée au monde. Elle n’est accessible que par la mer, et au mieux à 7 jours de mer du Cap, lorsque la météo est favorable. Une colonie de 270 personnes y est installée depuis deux siècles et tient à préserver son mode de vie isolé du monde extérieur. Côté nature : volcan en activité, sources chaudes, chutes d’eau, espèces endémiques, baleines, dauphins et orques sont au rendez-vous ! L’opportunité de faire escale dans un endroit comme ça, ça se présente donc assez rarement !
La pause de midi est l’occasion d’imaginer quelle peut être l’ambiance sur ce petit morceau de terre si particulier. Clément est optimiste : « Apparemment ils accueillent les visiteurs dans un logis avec lits doubles, douche chaude, sauna, piscine et mouton à la broche. ». Nous, on plonge. « Ah ouais ?! Excellent ! ». Et ça rigole… Bref, nous espérons que la météo sera de notre côté sur ce coup là. Un peu de repos à terre redonnerait du moral aux troupes et permettrait de refaire quelques provisions pour le restant du voyage.
Kenavo !

Hugo

De nouveaux espoirs : Soleil & Escale #2

Samedi 8 octobre 2016

Bonne journée où le quotidien peut s’installer lentement, mais dès la nuit tombée le vent fraîchi et la nuit s’annonce mouvementée. Cependant nous sommes au portant, ce qui permet de mieux supporter la houle soulevée par un vent à 30Nds. Arrivant par l’arrière, bien formée, elle nous ferait presque surfer. Dans les grains qui sont courts et violents nous atteignons les dix nœuds sous génois seul !
Niveau bricolage nous seront bientôt parés pour un prochain coup de vent. Celui-ci s’annonce pour la journée du 11 octobre. Il devrait être moins fort et plus court que le précédent . Nous sommes sereins. Il n’y a pas tant que ça à réparer mais chaque bricolage nécessite plus de temps qu’à terre quand on est chahuté dans le bateau.
Nous commençons à réfléchir sérieusement à une escale de quelques jours à Tristan da Cunha. Le problème est qu’il n’y a pas de ports pour se mettre à l’abri. Du coup il faut une météo clémente pour pouvoir rester au mouillage. Mais nous approchant des 40èmes et la force des éléments se fait rarement oublier. Cependant nous étudions un petit créneau qui pourrait être le bon. Affaire à suivre…

Clément

De nouveaux espoirs : Soleil & Escale #1

Apres la tempête le beau temps !! Après deux jours de tempête avec des vents avoisinant les 50 noeuds nous voyons enfin le soleil ! Les systèmes low-tech ont été mis à rude épreuve. Autant dire que le bateau était sans dessus dessous. Pas si facile le vacarme de la tempête ; deux jours sans soleil, sans pouvoir faire grand chose à cause de la houle, avec la moitié des systèmes qui s’effondrent autour de vous, le moral y prend forcement un coup. Mais pas de temps à perdre, nous avons normalement trois jours de prévision de temps calme. Juste le temps de remettre le bateau en ordre et de se préparer pour une éventuelle dépression…

Nous avons fait 1/3 du chemin alors on n’est pas à l’abri de nouveaux coup de vent… Ce dont on est maintenant sûr, c’est que le Nomade des Mers est assez solide pour supporter ça et nous aussi !
Dès le réveil, on profite des premiers rayons du soleil ; c’est activité étendage pour tout le monde, voir même lessive pour les plus motivés. Draps, vêtements, duvets, matelas, coussins… tout y passe. Oui, un bateau c’est rarement 100% étanche. Puis les activités se répartissent : bricolage, rangement, mécanique …
Malgré ces remous, nous profitons du soleil et d’un bon repas chaud (je précise), juste ce qu’il nous fallait pour se remettre de la tempête et savourer cette belle journée si calme (on fait que du 6 noeuds).
Un vrai luxe !

Elina

Contre vents & tempêtes

Salut,

Nous sommes au milieu de nulle part, à environ un tiers de la route pour l’Afrique du Sud.

C’est un monde hostile, fait d’eau salée, de nuages et de vent. Les vagues nous balancent dans tous les sens. Le bateau s’est transformé une machine à laver géante, qui doit tourner à l’envers puisqu’elle a tendance à tout salir. Par exemple, on est dans le cockpit, soudain le bateau tape, un bruit sourd, une déferlante arrive, quelle taille? à ce moment là on n’en sait rien.  Un quart de seconde et elle débarque, emporte au passage de la terre des plantes, éclate dans le cockpit. Quelque part le fracas d’autres objets qui tombent retient l’attention, mais il faut rester concentré : à la fois s’accrocher, se protéger de l’eau et scanner rapidement les objets alentours pour réussir à retenir le plus précieux d’entre eux du destin tragique qui l’attend.

Chaque déplacement devient un petit défi. Un peu comme les cosmonautes quand ils lâchent une prise pour rejoindre tranquillement en apesanteur une nouvelle prise. Mais ici c’est plus violent. Il faut bien anticiper la direction dans laquelle la prochaine vague devrait nous envoyer. Quand on se sent prêt et que la vague tape la coque on lâche sa prise, le corps est alors projeté en ligne droite comme un boulet de canon sur la trajectoire plus ou moins calculée. Sans chercher à lutter contre l’inertie de son corps il faut alors enjamber les obstacles répandus partout jusqu’à, dans le meilleur des cas, se réceptionner sur la nouvelle prise. Dans le pire, s’écraser contre un objet qu’on espère stable et non dangereux.

Enfin il y a l’humidité, qui arrive on ne sait pas bien comment. Les hublots qui fuient ? Les gouttes qu’on rapporte à chaque fois qu’on sort ? La condensation ? Sans doute une combinaison de tout ça. Résultat tout mouille, goutte, suinte, luit jusqu’au sac de couchage froid et poisseux qu’on enfile en espérant qu’il va vite retrouver notre température corporelle. On déploie alors enfin notre corps contracté toute la journée par les mouvements du bateau. Dans une ambiance de guerre de tranchée, il faut alors trouver quelle position adopter pour que les bombardements affectent le moins possible le sommeil.

Bref la région n’est pas accueillante, on comprend mieux pourquoi on n’y croise personne. Dans les jours qui viennent les conditions devraient s’améliorer, on va pouvoir se refaire une santé.

A bientôt,

Corentin et l’équipage du Nomade des Mers.

Un dîner presque trop parfait

A table !

Certains pourront s’étonner que je me sois dévoué, moi, ascète endurci, à l’écriture d’un petit papier parlant… de nourriture. Mais puisque personne ne parle mieux d’amour qu’un bon vieux curé de campagne, laissez-moi vous en toucher un mot.

Après cinq jours de Transatlantique, nous pouvons fièrement affirmer que nous avons à bord les meilleurs cuisiniers du fuseau horaire. En bons français, nous nous sommes engagés dans cette belle aventure humaine les cales pleines de mets aussi divers que variés, afin de redécouvrir chaque jour le sens du mot « Manger ».

Oseriez-vous vous-même vous engager dans cette belle aventure culinaire, que les fourneaux des Nomades des Mers n’en finirait pas de vous ravir les papilles ! Même si nos installations ne payent pas de mine, vous vous laisseriez envoûter par des saveurs venues de pays lointains et par d’autres encore inconnues de vos papilles, uniques au monde, n’ayant rien à envier aux cuisines de l’Espadon ou du Pré Catelan.

Parlons de saveur, oui, mais n’en oublions pas que la nourriture est, comme le disent si bien nos voisins anglais, le « fuel » du corps humain. Alors qu’en est-il de la cuisine des Nomades ? Vitamines, protéines, lipides, glucides, minéraux, oligo-élements, electrolytes… Tout y est ! Un équipage bien nourri c’est un équipage en bonne santé, et celui de Nomade des Mers pète la forme !

Pour achever de vous mettre l’eau à la bouche, laissez-moi vous dévoiler une toute petite partie du grand talent de nos chefs cuisiniers. La carte de Nomade des Mers, c’est :

  • Pain aux insectes et aux figues, cuit à l’ancienne au charbon de bois ;
  • Salade grecque à la mode d’antan, et son volupté de maïs aux noix de cajou ;
  • Soupe chinoise aux nouilles de riz, petits légumes et épices d’Orient ;
  • Muesli de fruits de saison et sa sauce Dulce de Leche ;
  • Salade de blettes « bateau » et sa vinaigrette maison traditionnelle valenceoise ;
  • Tartiflette de pommes de terre et de manioc aux vers de farine et cumin ;
  • Fejaos à la Chatelperron ;
  • Velouté de spiruline et sa sauce au miel ;
  • Crêpes de farine d’insectes au beurre salé ;
  • Sucré de maïs à la coco et aux amandes ;
  • Et bien d’autres…

Tradition française oblige, les grands chefs de Nomade des Mers se sont mis au défi de repousser chaque jour les limites de la gastronomie embarquée afin de proposer à l’équipage des plats toujours plus savoureux et originaux. Ne vous étonnez pas de nous retrouver plus en chair à l’arrivée qu’au départ !

Tendresse et bonne bouffe,

Hugo

Compagnons de route

Depuis notre départ, nous sommes accompagnés de quelques compagnons de route. Les oiseaux sont les plus assidus et les plus nombreux, ils occupent en permanence notre sillage dont ils se décrochent parfois pour venir à l’avant du bateau et se laisser rattraper pendant qu’ils exécutent quelques vols planés à faible distance, comme pour  regarder ce qu’il se passe à bord. Ni mouettes, ni goélands, ce sont des labbes, des océanites, et des albatros. Ce dernier, emblème des mers du sud, a fini par nous faire l’honneur de sa présence après 7 jours de mer. Depuis il  en passe régulièrement à fière allure avec leur envergure de plus de 2m. Les habitants des eaux se montrent moins souvent mais nous avons été accompagné plusieurs jours par des exocets. Quelques un se sont échoués sur le pont. Nous avons aussi eu la surprise d’y ramasser des calamars ! Après un petit temps d’observation nous avons fini par les voir qui sautent à la verticale hors de l’eau comme des fusées. Surement une technique qui tout comme l’exocet lui permet d’échapper à un prédateur. Evidemment retomber sur le pont les mets à la merci des prédateurs que nous sommes. Les calamars sont bon, les exocets sont trop joli, on les relâche…
Côté cétacés nous sommes déçus. Il est juste passé un petit banc de dauphin un matin. Mais ils ne sont pas resté suffisamment pour que tout le monde les voient.
Espérons que le tableau des observations se complète par la suite. Nous essayons d’être attentifs, mais les bricolages, réunions d’équipes et lowtechs nous éloignent souvent des postes d’observation.
Avec Hugo nous prévoyons de pêcher autant par soucis de découverte que pour améliorer le quotidien.
A suivre…

Clément

Escale à Rio : Un Carnaval de Low-Tech et de rencontres.

Un écrin meurtri :

Jurujuba (c) GoB

Rio de Janeiro, signifie « rivière de janvier » en portugais, car c’est par un mois de janvier que les colons portugais sont entrés pour la première fois dans l’écrin de la baie de Guanabara. Surnommée « cidade maravilhosa » par les brésiliens c’est sans peine que nous comprenons pourquoi en imaginant béats la tête qu’ont du faire les premiers hommes qui ont découvert ce cadre naturel. Une baie immense, encadrée par des langues de terre desquelles jaillissent des dômes de verdures couverts de jungles, havres de macaques et toucans. C’est au mois d’août que nous sommes arrivés, en plein dans l’effervescence des jeux olympiques, la ville vibrait d’autant plus. Une fois le regard décroché des monolithes arborés, il s’arrête sur les buildings qui poussent à leurs pieds avant de plonger dans les eaux sur lesquelles nous voguons. Troubles, nous apprenons vite qu’il ne vaut mieux pas s’y baigner et que même si elles abritèrent jadis baleines et tortues marines nous ne pouvons en faire usage avec notre dessalinisateur. La baie de Guanabara souffre en effet de la pollution que lui inflige la cité qu’elle accueille. De nombreux quartiers de Rio n’ont pas de système de traitement des eaux usées, qui finissent leur cycle chargées de saletés dans la rade. Chaque pluie draine également dans ces eaux les déchets plastiques négligemment laissés de côtés. C’est sans compter enfin l’impact des industries qui ont pris place à part au fond du golfe. Ce constat nous affecte et nous décidons qu’il faudra partir à la recherche de low-tech permettant de lutter contre la pollution plastique.

Le Nomade des Mers trouve ainsi sa place face à Rio, à Niteroi, dans la baie de Jurujuba, paisible quartier de pêcheurs et conchyculteurs. C’est là que le champion olympique de voile Torben Grael et son frère Axel ont décidé de monter il y a quinze années une école de voile singulière qui nous accueillera chaleureusement : le Projet Grael.

Projet Grael (c) GoB

Une école de voile citoyenne :

Révéler une mer d’opportunités, promouvoir une vague d’inclusion, inspirer un vent de citoyenneté et rêver d’un monde juste et durable. C’est à ces mots que le visiteur du site internet du Projet Grael. est accueilli et en s’y rendant physiquement on réalise que ce n’est pas des paroles en l’air. En effet le projet Grael est bien plus qu’une école de voile, c’est tout un projet éducatif basé sur 3 piliers :

Sport :
Activité première du programme, c’est surtout un moyen d’attirer les jeunes à suivre ces cours gratuits, financés par la municipalité, et donc accessibles à tous. De nombreux fils et filles des pêcheurs de Jurujuba suivent les formations.

Professionnel :
Entre les virements de bords et empennages les jeunes suivent aussi des formations allant de l’initiation au véritable certificat professionnel sur les métiers du nautisme : mécanique, menuiserie, composite…

Environnement :
Valeur forte aux yeux des fondateurs, le respect de l’environnement est inculqué à tous. Cela commence par une meilleure connaissance de l’écosystème dans lequel ils évoluent et s’amusent. Car quand on commence à connaître et aimer la mer on a plus de chance de la respecter ensuite. Les élèves sont donc impliqués dans des opérations comme le nettoyage des plages, auquel nous avons aussi participés. Projet environnemental principal du Projet Grael : Aguas Limpas. En partenariat avec la municipalité de Niteroi, le projet Grael s’est équipé d’un bateau collecteur de déchets qui part tous les jours récupérer les déchets flottant. Grâce un logiciel prenant en compte la météo et les courants, ils sont capable d’estimer où se trouvera la plus forte concentration de déchets et d’y envoyer le bateau.

Aguas Limpas Projeto Grael

Leur but est ainsi de former non seulement des champions de la mer, mais aussi des champions de la vie.

C’est naturellement que le Nomade des Mers y a trouvé sa place. Nous avons donc pu présenter notre projet aux 250 élèves, qui ont tous, par groupes de 10 visités le bateau. Les visites ont suscité de nombreuses questions évoluant de basiques : « Comment faites-vous pour vous laver ? » à techniques :« Quel est le rendement de l’éolienne ? » en fonction de l’âge des visiteurs, avec toutefois un certains mutisme de la part des adolescents. Toutes se conclurent par une dégustation d’insectes, qui firent l’unanimité malgré les réticences initiales, en déclenchant éclats de rire ou de dégout. Etre au contact des élèves nous a permis aussi de partager avec eux nos découvertes lors d’ateliers. Les voilà maintenant formés à l’utilisation de la fibre de jute et à la construction d’éoliennes. La relève low-tech carioca est assurée.

A la conquête de Rio :

Grâce à une base arrière solide nous nous sommes lancés à la conquête de Rio, à la recherche de solutions low-tech au problème du plastique, mais également d’alliés pour diffuser notre message. Nous poussons rapidement la porte de Goma, un espace de coworking géré collectivement par les entreprises qui y travaille et le possède. Nous y faisons la rencontre de Manuela Yamada et Bruno Temer co-fondateurs de Materia Brasil, une agence de Design responsable très engagée sur les matériaux durables et le recyclage. Bruno a récemment monté un projet en partenariat avec le WWF. En s’inspirant d’une machine open source permettant de recycler le plastique, il a développé un module fabriquant des répliques du Christo Redemptor à partir de déchets plastiques. Mis à la disposition des habitants de la favela de Cosme Velho, sur le flanc du Corcovado, ce système leur permet de générer plus de valeur en vendant les répliques aux touristes plutôt que de rapporter le plastique au recycleur. En voilà une solution créative !

Nous sommes ensuite amenés à rencontrer Gilberto Veira. Gilberto travaille pour le Fablab carioca Olabi, au sein duquel nous ferons une conférence. Engagée dans l’inclusion des populations des favelas, Olabi a monté avec l’association Observatorio de Favelas un tiers-lieux en plein cœur de la favela « non-pacifiée » de Maré. Nous décidons très vite d’organiser là-bas, avec les jeunes du quartier, un atelier autour du recyclage plastique. Grâce à un outil low-tech : l’effileuse plastique, un fil résistant peut être produit à partir de bouteilles plastiques. Sous l’effet de la chaleur celui-ci se rétracte, tenaillant instantanément la prise qu’il encercle. Il ne reste plus qu’à laisser libre court à sa créativité. Ainsi à l’issue de l’atelier une chaise a été réparée, des raquettes de ping-pong sont garnies de nouveaux manches ergonomiques et une charrette de vélo a été construite.

Nos rencontres nous amènerons aussi à présenter le projet devant des publics variés. Etudiants et professeurs de design à l’université PUC, mais aussi promeneurs et curieux lors d’une intervention publique sur la place Cinélandia, en plein cœur de Rio de Janeiro.

Conférence Cinelandia (c) GoB

Escapade Pauliste :

Comme au Maroc et au Sénégal, nous essayons à chaque escale de rencontrer les collaborateurs locaux de notre mécène Schneider Electric. La succursale brésilienne nous a donc invités à venir les rencontrer à São Paulo. Nous sautons donc sur l’occasion pour contacter le Pauliste Casé Oliveira, fondateur de l’Associaçao Brasiliera dos Criadores de Insetos (Association Brésilienne d’éleveurs d’insectes) précédemment rencontré à Recife. Celui-ci nous avait proposé de découvrir un élevage d’insecte. Le hasard ayant voulu que dans la 7e plus grande ville du monde notre logement réservé à la hâte se trouve dans sa rue nous avons même pu déguster chez lui de délicieux gâteaux aux vers de farines. Au volant de sa Fiat Panda, il nous conduisit à travers Sao Paulo tout en faisant la conversation qu’il entrecoupe régulièrement de « Ok Google », appelant la high-tech à venir combler nos lacunes lusophones. Ensemble nous poussons la porte de Q-Biofabriqua, un élevage d’insecte. Originellement l’entreprise élève grillons et ténébrions pour faire de l’alimentation pour les oiseaux, mais ils réalisent petit à petit qu’il y a un marché pour l’Homme. Sur une surface d’environ 100m² plusieurs centaines de demi-bidons sont soigneusement rangé dans des rayons, à la façon d’une bibliothèque, mais ce ne sont pas des vers de poésie qu’elle contient mais bien des vers de farine, les larves de ténébrions que nous avons à bord. Ricardo, le fondateur de l’entreprise nous partage tous les secrets d’un bon élevage qui seront retransmis dans notre nouvelle vidéo.
Pleins de pistes d’améliorations pour l’élevage du bateau nous reprenons ensuite la route direction le siège brésilien de Schneider Electric.

Nous sommes accueillis par une audience attentive, composée des collaborateurs brésiliens de l’entreprise, mais aussi de nombreux jeunes invités pour l’occasion par la firme. C’est avec eux que nous partageons ensuite les secrets de notre éolienne low-tech sénégalaise. Quelle joie de voir sur leur visage la satisfaction de réaliser qu’ils peuvent facilement construire de leurs mains quelque chose qui leur semblait compliqué il y a quelques heures. Bilan de l’après-midi : 5 éoliennes fonctionnelles et nous l’espérons 10 fois plus de cerveaux éveillés aux low-technologies.

Des visiteurs :

Pendant une semaine, le Nomade des Mers a reçu des visiteurs particuliers : l’équipe de Pimp My Fridge ! Laurie, Julie, Annie, Antoine, Florian et Max. Ils ont rempotés au mois de juin le Hackathon co-organisé par Leroy Merlin et le Low-Tech Lab à Paris. Grâce à un premier prototype de système multi-modal de conservation lowtech des aliments ils ont gagnés leurs billets d’avion pour Rio de Janeiro afin d’installer leur système sur le bateau.

Au bout d’une semaine de bricolage leur nouveau prototype trouve sa place sur le Nomade des Mers. Il s’agit de 4 boîtes remplissant chacune une fonction particulière. La première « sombre et humide » sert à stocker les légumes vert (poivrons, courgettes, herbes aromatiques) et les tomates qui ont besoins d’obscurité fraîche. La deuxième est une boîte spécifique pour les pommes. Responsable du murissement prématuré d’un panier de fruits et légumes il faut les conserver à part. Seules les pommes de terre ne sont pas influencées par leur pouvoir de maturation. Une troisième boîte sert à conserver agrumes, carottes, pommes de terre et oignons à l’obscurité et au sec. Enfin la dernière boîte a deux fonctions : garde-manger et déshydrateur. Combinée avec un réchauffeur d’air, le déshydrateur permet de sécher les fruits et légumes arrivant à maturité pour prolonger leur durée de vie tout en conservant tous leurs bienfaits.

Ainsi après un mois et demi d’escale le Nomade des Mers doit se préparer à repartir. Le bateau s’apprête à affronter les 6000km (ou 3274,3 miles nautiques) qui le sépare de sa prochaine escale : le Cap, en Afrique du Sud. La navigation doit durer 30 jours, mais après cette escale l’équipage n’aura pas le temps de s’ennuyer. Relancer la production d’insectes grâce aux conseils de Ricardo et Casé, améliorer l’éolienne grâce aux retours des ateliers, lancer le tri des déchets à bord et recycler le plastique à bord. Mais heureusement que pour venir à bout de tout cela ils auront des fruits et légumes frais le plus longtemps possible.

Départ Nomade des Mers (c) GoB

De l’eau devant l’etrave

Bom dia,

On est partis de la baie de Rio mercredi matin, direction l’Afrique du Sud ! Cette étape sera plus longue que les précédentes : 3300 miles nautiques (environ 6000 kilomètres). Nous avons hésité à décaler le départ parce que les prévisions donnaient un vent faible. Finalement le vent est bon et nous permet de faire cap quasi direct à une vitesse de 6 nœuds. Nous communiquons avec Bernard et Gwéno pour le routage. Nous prévoyons de naviguer environ 30 jours avec, si le temps le permet, une escale à Tristan Da Cunha, l’île la plus isolée du monde! Pendant les premières 24h nous avons croisé pas mal de cargos et bateaux de pêche, mais maintenant plus rien, juste de l’eau, le ciel et cette grande ligne qui fait tout le tour.

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On part avec de bons souvenirs de Rio : un élevage de grillons offert par Casé , une statuette du Corcovado faite avec des déchets de bouteilles plastique recyclés par la presse low-tech de Bruno , un système de tri des déchets inspiré par Silvia , des capteurs pour suivre la température, le pH et l’électroconductivité des plantes grâce à Cosme , un gros stock de fejaos (les haricots rouges locaux), le plein d’idées et du matériel pour fabriquer de nouvelles low-tech. Le mauvais souvenir, c’est toutes les espèces de mini crevettes qui nous collaient à la peau par milliers et nous démangeaient quand on nettoyait la coque le matin du départ.

Les poules ont continué leur routine comme si de rien n’était. Comme d’habitude Doudou le coq a chanté à 3h du matin (il est bloqué sur le fuseau horaire du Cap Vert, son pays natal). Le premier jour a été bien actif, nous avons rangé Nomade des Mers, parce qu’après plus d’un mois ancré dans la baie il ressemblait plus à une caravane qu’à un bateau. Pendant cette escale la pièce « magasin » où l’on range le matériel de bricolage a été appelé « la cave », puis « la favela » et enfin « la décharge ». Comme c’est aussi ma cabine, on a décidé de réagir.

Sur les conseils de Jean-Pierre on a semé du blé, de la luzerne, de la roquette, de la tetragone, de la baselle, du pourpier, de la coriandre et du persil. Les dernières semaines je n’ai cultivé quasiment que des blettes, jusqu’à sentir récemment un petit ras-le-bol de l’équipage. Pourtant les blettes ça pousse vite, dans toutes les conditions et toute la plante est comestible. Dommage que le goût ne soit pas meilleur…

On est bien décidés à reprendre en main l’écosystème embarqué, que nous avons un peu trop délaissé avec toutes nos activités à Rio. Nous nous sommes répartis les taches :
– Elina s’occupe de la spiruline et des cultures en terre.
– Hugo gère le compost et les insectes.
– Clément s’occupe du dessalinisateur solaire, la récupération de l’eau de pluie, la gestion du stock de nourriture et de la navigation.
-Je prends soin des poules, de l’hydroponie et de l’électricité.

Les grillons chantent, c’est bon signe. On espère que tout va bien aussi chez vous,

A bientôt,

Corentin.

31.08.13 – Ça sent l’écurie

Corentin est rejoint par Capucine Trochet, nouvelle navigatrice de Tara Tari et Emmanuelle Poisson, chargé des projet du fonds de dotation d’Explore

Salut à vous !
Un équipage de 3 personnes sur un voilier de 6 mètres pendant 6 jours dans la pétole avec un courant contraire est une expérience unique.
Nous en avons tiré quelques observations :
Première observation : le niveau d’humour descend palier par palier jusqu’à un niveau qu’on pourrait qualifier d’abyssal.
Deuxième point : le clan féminin Capucine-les poules s’est soudé. Solidarité, tendresse, empathie : une relation émouvante est née. Parallèlement on a vu le rapprochement de Manu avec ses bouquins et moi avec mes plantations.
Troisième point : la sensation de prendre le tapis roulant à l’envers a créé une alternance d’état de préoccupation par la peur de louper l’avion, l’attente fataliste en mode amorphe hilare, l’attitude battante du régatier qui profite de la moindre risée ou du galérien prêt à ramer en plein cagnard.
Heureusement, mercredi, un « Sumatraque » (coup de vent violent, du nord, comme si Sumatra éternuait) nous a frappés vers l’île de Siméulu comme une balle de billard vers son trou.
Ancrés dans une charmante petite baie, nous avons pu faire des courses, du tourisme gastro-nomique et organiser le retour chronométré de Manu et Capucine via bouée, tricycle, ferry, minibus, voiture, avion, train, avion, avion, train et voiture.
Ils sont partis ce matin pour cette nouvelle expédition appelée « opération moules-frites sur le port ».
De mon côté, l’aventure continue au rythme imposé par le vent, qui me paraît un tantinet lunatique. Ma date d’arrivée est incalculable (le titre du mail n’est pas une métaphore).
Les poules se joignent à moi pour vous souhaiter un bon week-end.

#GOBexpe – Douche !

Jets d’eau verticaux à latéraux sur tout un panel de puissances, du
goutte à goutte à la forte douche en passant par le brumisateur. On
pourrait croire que c’est une publicité pour une douche moderne, mais non,
c’est la météo depuis cinq jours. Elle alterne entre pluie diluvienne, coup
de vent en rafales, embruns qui fouettent le visage, train de houle, le
soleil a disparu, je suis cloîtré dans le gris. Une brume épaisse et
fumante découpe la jungle en strates qui font toute la palette de couleurs
entre le vert foncé et le gris estompé de la silhouette de la canopée à
l’horizon. La mangrove a débordé sur la baie et dégueule une eau boueuse,
pas de doute c’est le royaume du crocodile. Moi-même je suis entrain de
muter en batracien, la peau des mains part en lambeaux et je sens comme du
lichen envahir mon crâne. Mais je suis surtout inquiet pour les poules qui
vivent un enfer, trempées, en position aérodynamique, les ergots ancrés
dans la boue, la crête qui bat dans le vent, elles tiennent bon mais je les
sens moins enjouées qu’avant. J’espère qu’elles ne couvent pas une maladie,
ce serait le comble. Quand le lichen laisse mon cerveau tranquille et que
j’arrive à oublier le crépitement de la pluie sur la bâche qui me fait
l’effet d’être dans un plat géant de rice crispies, je médite sur mes
bouquins mais je ne peux pas finir de recoudre la voile dans ces
conditions. J’ai eu des conseils de couture par un couple de vieux nomades
des mers d’Afrique du Sud, oui des vrais nomades qui ont bossé deux fois
dix ans sur terre et naviguent le reste du temps autour du monde. Il y a
aussi Nick et son catamaran. Nick bosse 4 mois par an en Thaïlande à faire
du petit fret et des petits bouleaux pour les plaisanciers. Il navigue le
reste du temps sur son voilier pour traquer la meilleure vague d’Indonésie.
Et enfin John qui navigue en permanence sur son monocoque en invitant des
copains qui lui financent sa vie à bord. Il fait le tour du monde des spots
de surf, escalade, planche à voile et plongée. D’ailleurs tous les trois me
déconseillent de repartir au Bangladesh en septembre étant donné qu’il y a
une probabilité forte de tempête tropicale, cyclone dans le nord du
Bengale.
*Si ça s’avère trop risqué, le plan B pourrait être de laisser le bateau à
Langkawi en Malaisie. Le soleil devrait réapparaître demain, je l’attends
avec impatience. J’espère que tout va bien chez vous. Coco

#GOB – Poules trempées

Salut à vous, j’ai levé l’ancre vendredi matin de Pulau Pinang pour
profiter d’un grain qui se dirigeait vers les Banyak, je fonçais dans la
pluie et les rafales quand crac, ma voile s’est déchirée sur plus de la
moitié de sa longueur, le vent l’a ouverte en deux comme une tranche de
camembert. J’ai vite initié la petite voile car le vent me poussait vers
les cailloux et j’ai pu profiter de toute la puissance du grain pour
continuer d’avancer. Plus que 60, 50, 40, 30, 20 milles mais encore une
fois la pétole s’est installée dans la nuit et le courant m’a repoussé.
Avec le jour des risées sont passées dans un sens et dans l’autre puis
l’orage du soir m’a approché à 15 milles mais un second orage sens
contraire a pris le dessus. J’ai fait cap sur les Banyak puis sur Sumatra
puis sur l’Afrique, l’Australie. J’ai balayé tout le cadran du compas.
J’avais nettoyé la coque à Pulau Pinang, ce qui m’a fait gagner de la
vitesse mais avec la petite voile je ne peux pas bien remonter au vent. Par
contre au vent de travers, je peux amarrer la barre et le bateau garde bien
le cap. Finalement, hier en fin de journée, un thermique a bien voulu me
pousser vers Pulau Bangkaru, l’île la plus au sud des Banyak. Arrivée à
minuit par une nuit sans lune, guidé par des lumières au fond d’une baie.
La fin de cette traversée a été humide, j’ai dû ramer pendant deux heures
sous la douche avant que ma sonde n’indique la bonne profondeur pour
l’ancre. J’ai découvert grâce au flash d’un éclair que les lumières qui
m’ont guidé étaient celles de trois voiliers. Avec un peu de chance ils
pourront me donner des conseils pour recoudre la voile. Ce matin je
découvre cette magnifique baie, calme et très sauvage et devine au loin des
vagues qui déroulent parfaitement…le rêve de tout surfeur. J’attends que
la lourde couverture nuageuse se dégage pour sècher, pêcher et réparer la
voile. D’ailleurs il faudrait bannir l’expression « poules mouillées » car
même trempées jusqu’à l’os, elles gardent leur sang froid. Je suis
surpercontent d’être dans les Banyak. J’espère que tout va bien chez vous.
A bientôt. Coco

#TaraTari – Where is Tara Tari

Non, Tara Tari ne finira pas ses jours sur un rond-point !
Car Capucine Trochet, jeune navigatrice bretonne, a décidé de l’apprivoiser et poursuivre son aventure.
Armée de patience, d’un pot de peinture et d’une meuleuse, elle vient de passer les 3 derniers mois à lui gratter sa rouille, astiquer sa coque, lustrer ses haubans et colmater ses fuites.
C’est un bateau flambant neuf qu’elle présente aujourd’hui devant la Cité de la Voile à Lorient.

Son objectif : tenter une traversée de l’Atlantique en solitaire!
Départ prévu du port de La Ciotat en novembre prochain.

Rendez-vous dimanche 16 octobre à midi pour le baptême de Tara Tari devant la Cité de la Voile à Lorient.

Vous pourrez suivre son aventure sur le blog :
http://whereistaratari.blogspot.com

#TaraTari – Tara Tari arrive !

Du Bangladesh jusqu’à la France, après avoir parcouru près de 14.000 km en 186 jours, descendu le Brahmapoutre et le Gange, traversé le golfe du Bengale, l’Océan Indien, le golfe d’Aden, la mer Rouge et la mer Méditerranée, bravé les tempêtes, les pirates, les avaries et la solitude, Corentin de Chatelperron, jeune ingénieur de 27 ans, arrivera à La Ciotat le 17 août sur son petit voilier de pêche, premier bateau réalisé en composite intégrant de la fibre de jute.
L’objectif de cette aventure humaine et scientifique est d’attirer l’attention sur le Bangladesh et ses difficultés mais aussi de trouver les financements pour la création d’un centre de recherche appliqué sur l’usage du jute dans la construction navale et autres problématiques liées à l’eau au Bangladesh (hydrologie, solutions flottantes…).
Le projet est parrainé par Gérard d’Aboville.
Le bateau et son skipper seront présentés au Grand Pavois de la Rochelle du 15 au 20 septembre 2010.

#TaraTari – Canal de Corinthe, louvoyage et coups de pompe

J’ai passe le canal de Corinthe le 19 juillet. Court mais impressionnant avec son passage de 25m de large creuse entre 2 falaises. En 1h c’etait boucle et TaraTari est entre dans le Golfe de Corinthe. Par contre le reveil du petit moteur chinois a reveille la voie d’eau de l’arbre d’helice. Alors je pompe. Le soir un coup de vent a leve des deferlantes qui ont acheve mon pilote automatique tout neuf. Apres une nuit blanche et un passage chez le reparateur je suis reparti le 23 juillet.

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Trois jours de louvoyage plus tard, j’arrive a Cephalonia, l’ile la plus a l’ouest de la Grece, pour preparer ma traversee de la Mer Ionienne.

e 26 a l’aube TaraTari a quitte la Grece dans des rafales et grosse houle. les jours suivants, dans une mer plus accueillante, j’ai traverse en direction du detroit de Messine, entre la botte de l’Italie et la Sicile. La meteo etant mauvaise je me suis arrete dans le port de Reggio di Calabrio, juste avant le detroit, apres 4,5 jours de nav. J’ai pu passer le detroit dans des conditions clementes le 1er aout et commencer a longer le nord de la Sicile. Arrive le 3 aout a Terrasini, pres de Palerme, je laisse passer un coup de Mistral, re-re-re-re-repare le safran qui ne m’obeissait plus, et prepare ma derniere traversee vers la maison !

 

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#TaraTari – Meltem, dessine moi un mouton

Ca y est nous sommes arrives de l’autre cote.
Tara Tari a passe l’epreuve des rafales du Meltem, le vent qui souffle en Mer Egee.
Mon deuxieme pilote automatique, lui, n’aura pas eu la chance de revoir le continent.
Je viens d’en trouver un troisieme a Athenes qui j’espere sera plus aquaphile.
De nouveau en solitaire, je mets le cap sur le mythique canal de Corinthe, avant de traverser la Grece puis viser la Sicile.

#TaraTari – Canal de Ruez

La situation s’est debloquée le 13eme jour, au moment où le sympatique patron du Yatch Club de Suez a appelle son ami le patron du canal de Suez, lui expliquant que mon petit bateau de peche ne pouvait pas couler un tanker au milieu du canal.

Apres ces 2 semaines bloqué à Suez c etait un plaisir de traverser le canal. Ca l’était moins pour les 2 pilotes qui m’ont accompagné (chaque bateau doit embarquer un pilote dans le canal).

#TaraTari – Tara Tari visite les criques turques

Ma traversee en solitaire Egypte Turquie a dure 6 jours, au pres serre dans un vent faible et une humidite forte la nuit.

J’ai embarqué à Finike ma coéquipière Sina, avec qui nous avons longé la côte Sud de la Turquie pendant une semaine. Le vent soufflant parfois fort dans l’après-midi, nous avons pu profiter des magnifiques criques turques. Les autochtones et navigateurs nous ont beaucoup aidé en nous offrant de la nourriture, des cartes et des outils.

#TaraTari – L’iliade, ou l’odyssée de Tara Tari

Arrivés à Fethiye, Sina a laissé place à Aurélien qui va m’aider à traverser la mer Egée avec ses îles grecques et les rafales du Meltem. Samedi après-midi, après deux jours de nav en zigzags au près serré, une houle et un vent instable se sont levés. Le petit moteur chinois démarré pour rejoindre un abri nous a vite lachés en pleine nuit à cause de son joint de culasse Soudanais. Nous avons passé Dimanche dans une petite crique d’un camp root turc à réparer le moteur et nettoyer la coque (Tara-tari s’est fait mazouter). Nous quitterons la Turquie dans deux jours direction le Péloponnèse.

 

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#TaraTari – Kafkaissime

Suez… 9eme jour. Toujours bloqués à l’entrée du canal.
Les inventeurs du papyrus ne cessent de nous étonner. Les locaux crasseux de la richissime autorité du canal de Suez abritent une horde de bureaucrates paresseux, méfiants et indifférents dont la créativité parait sans limite pour nous retenir ici.
Chaque jour apporte son nouveau problème auquel nous nous efforçons de trouver une solution – justificatifs pour prouver que TaraTari n’est pas un bateau de pêche professionnelle, garantie de propriété du consulat français au Caire, validation et revalidation du fonctionnement du moteur et de l’équipement de sécurité, mesure du bateau, rencontre des responsables du canal de Suez, des autorités portuaires, etc.
Et on passe nos journées dans cette jungle, les nerfs endoloris par les rouages obscurs de la lourde machine administrative…
…et pendant ce temps là, les supertankers passent.
Comme dit Arthur, « j’comprends pourquoi il s’est barré, Moïse! »

#TaraTari – La (sur)vie à bord

Photo de l’équipage au petit matin à un mouillage du détroit de Gubal. Corentin, le « captain », dort dans le carré (qui est aussi la cuisine, la salle des machines et la soute). Arthur, le « mousse » a sa couchette dans le cockpit, sur le radeau de survie. Baromètre et alarme pour les dérapages d’ancre, il fait son rapport météo chaque matin pendant que le capitaine prépare le petit déjeuner.

L’agencement « open space » de la cuisine à été pensé de telle manière qu’il est possible de faire chauffer son café tout en nettoyant le moteur et en écopant.

 

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#TaraTari – Suez

1er juin – Parti d’El Tor à l’aube, on avale les 120 derniers miles d’une traite sur une mer d’huile pour rejoindre Suez. De peur d’un changement brusque de la météo, on optimise notre route en longeant le chenal où nous cotoyons d’énormes porte-containers et des plateformes pétrolières, surgissant brusquement de la brume humide qui nous enveloppe.

2 juin – Nous arrivons à Suez dans l’après-midi. L’exitation est à son comble. C’est la fin de la longue et difficile étape de la mer Rouge, avec ses vents violents contraires et ses récifs, mais aussi ses magnifiques îles arides et extraordinaires fonds marins.
En repensant aux célèbres mots de Gérard d’Aboville, nous n’avons pas vaincu la mer Rouge, elle nous a laissé passer!

Depuis son départ du Bangladesh, TaraTari a déjà vécu une aventure de 10 000 km. Il aura slalomé entre les pêcheurs du Gange et traversé le Golfe du Bengale, été poursuivi par la Navy Sri Lankaise, essuyé une tempête au large du cap Comorin, passé les courants contraires des Maldives et les calmes de l’océan Indien, s’est fait tracter par un trois mâts de la marine Omanaise pour échapper aux pirates du golfe d’Aden avant de remonter la mer Rouge.
Il devra maintenant traverser la Méditerranée pour rejoindre la France.
Son voyage n’est pas terminé mais au terme de cette étape nous pouvons déjà remercier ceux qui le supportent : les amis du projet, les sponsors, les médias et tous ceux qui nous ont envoyé des messages d’encouragement.

 

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#TaraTari – Caprice du Golfe de Suez

31 mai – Départ de Zeitiya au petit matin, la météo nous annonce des conditions exeptionnelles pour traverser le golfe de Suez qui a pourtant très mauvaise réputation.
A peine sorti du mouillage, on se prend une branlée. Fortes rafales, gros clapot croisé. On frôle la côte à quelque mètres du reef, slalomant entre les patates de corail, là où les vagues et le vent de face sont un peu moins redoutables.

En milieu d’après-midi, le vent tombe miraculeusement, la mer se lisse. Sans hésiter, nous traversons nous abriter à El Tor, cap vers le Sinaï !

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#TaraTari – Shaker Island

Shaker Island porte bien son nom. Rapidement après le départ de Quseir un vent chaud chargé de sable a levé une houle pénible et réduit considérablement la visibilité. Il a forci jusqu’à devenir très violent à notre arrivée.
Enfin à l’abri, nous nous sommes ancrés, épuisés mais contents car cette île du détroit de Gubal marque pour nous la fin de la Mer Rouge et le début du Golfe de Suez.

Nous protégeant complètement du vent, cette charmante île minée nous a permis de beacher le bateau pour faire quelques réparations et un premier bilan sur la tenue du jute, après trois mois et demi de navigation.

Les 3 parties du bateau : coque, serre, et pont, qui ont été réalisées chacune avec un composite fibre de verre/fibre de jute différents, ne montrent aucun signe de faiblesse.
Le jute tient ses promesses.
Longue vie au jute !
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#TaraTari – Faux départ de Quseir

26 mai – Alors que le fort vent tombe sur le petit port égyptien de Quseir, notre capricieux petit moteur chinois à manivelle lache à quelques encablures du quai. Retour forcé à terre.

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Le lendemain matin, Corentin démonte la bête, nettoie le sel qui empèche les soupapes de se fermer correctement et change le joint de culasse. Une petite cure de jouvence qui nous permet de prendre sereinement la mer en direction du détroit de Gubal.

#TaraTari chez les égyptiens

En une seule longue étape, nous avons longé la cote jusqu’au premier port d’entrée en Egypte, Port Ghalib. Cette étape de 5 jours et 5 nuits non-stop nous a épuisés. Le soleil écrasant, la très forte humidité et les vents contraires dans une mer déserte et très agitée ont mit l’équipage et le TaraTari à rude épreuve. Pendant une semaine, nous avons récupéré des forces et bricolé sur le bateau en vue d’affronter la partie la plus corsée de la Mer Rouge avec ses vents violents et fortes houles. Le 21 mai, une fenêtre météo de 24h nous a permis de rejoindre ElQuseir, charmant port Egyptien.
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Nous sommes le 25 mai et le vent semble se calmer, nous nous préparons à rejoindre le détroit de Gubal, à l’entrée du Golfe de Suez. Nous devrions atteindre le mythique canal de Suez le 1er juin, inchallah !
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#TaraTari – Cap vers l’Afrique

Le 2 mai nous avons entamé la traversée de la Mer Rouge d’Est en Ouest pour rejoindre les cotes soudanaises, où nous avons pu réparer la casse de cette première étape : pilote automatique, détecteur de radar, moteur, presse étoupe. Nous avons fait une brève étape a Swakin, au Soudan, pour refaire le plein de vivres. Cet ancien grand port qui est maintenant une ville en ruine nous a impressionné. Nous en sommes repartis rapidement, profitant d’un bon vent.

 

#TaraTari, sur les traces d’Henry de Monfreid

J’ai accosté le 26 avril à Al Hudaydah, un port Yéménite de la Mer Rouge. C’est là que j ai embarqué un coéquipier, mon frère Arthur. Son aide est précieuse car la navigation est assez technique en Mer Rouge. Il y a beaucoup de récifs, de passages de cargos et des vents assez violents. Nous avons commencé par remonter la cote Yéménite jusqu’au sud de l’Arabie Saoudite, en faisant des richochets dans des archipels d’îles désertes et arides entourées de coraux magnifiques.

#TaraTari – Traversée du Golfe d’Aden

J’avais prévu de traverser le Golfe d’Aden sur un cargo jusqu’à Djibouti, pour éviter la zone où les attaques de pirates sont le plus concentrées. Je me suis vite aperçu que le transport par cargo allait me faire perdre du temps et de l’argent. Je me suis donc mis à chercher un bateau pour me tracter jusqu’à la Mer Rouge. Tous les jours je demandais à tous les bateaux qui passaient dans le port s’ils pouvaient me tracter. Au bout de 5 jours j’ai rencontré le capitaine du Shabab Oman, un magnifique 3 mâts de la Navy Omanaise. Son bateau allait à Djeddah, puis en Europe pour participer à des courses de vieux voiliers. Il voulait bien me prendre, mais toute la hierarchie de la Navy Omanaise devait donner son accord, et comme ils partaient 2 jours après, cela semblait impossible. La veille de leur départ, j’ai rencontré une Omanaise qui a voulu m’aider. Elle devait devait avoir de bonnes relations car le lendemain, un quart d’heure avant son départ, le capitaine du Shabab Oman m’annonçait qu’il acceptait de me tracter! J’ai fait les papiers en vitesse et ai quitté l’Oman le 19 avril, tiré par ce superbe bateau, et escorté par une vedette militaire. Entouré par une centaine de militaires Omanais, j’ai traversé le Golfe d’Aden en toute sécurité. Je garde un très bon souvenir du capitaine et de l’équipage du bateau qui m’ont très gentiment invité plusieurs fois à manger sur leur bateau pendant l’étape et fêté mon départ avec des chants et danses Omanaises.

 

#TaraTari – L’indien en Sloop Biquille

Après une escale de 4 jours un peu compliquée d’un point de vue administratif, je suis reparti pour la
traversée en solitaire de l’Océan Indien. Le jour du départ mon frère Arthur et mon amie Sina, qui étaient venus au Sri Lanka pour me donner un coup de main, m’ont suivi sur un bateau de pêche pour prendre quelques photos. La Navy Sri Lankaise a trouvé louche qu’un bateau s’approche si près du mien, assez louche pour décider de lancer 2 grandes vedettes militaires à ma poursuite, sans que je le sache. Par chance le vent et les vagues étaient assez forts et bien orientés. Ils ont mis 2 h à me retrouver. Après m’avoir évité de peu, ils m’ont demandé de les suivre pour rentrer à Galle. Retourner à Galle pouvait me faire perdre plusieurs jours et faire échouer le projet car je partais à la dernière limite pour traverser l’Océan Indien. déjà à Galle j’avais rencontré des navigateurs qui me disaient que c’était trop tard pour faire la traversée. Le soleil tombait et j’ai du démarrer le moteur pour les suivre contre le vent et les vagues. Après une demi heure, j’ai du m’arrêter à cause d’un problème de moteur. La vedette militaire a commencé à faire des tours autour de Tara Tari pendant que j’essayais de réparer. En pleine nuit, le capitaine du bateau m’appelait à la VHF pour me dire qu’ils me libéraient…

J’ai pu continuer ma route vers l’ouest, passer le cap Comorin dans un temps très calme, puis les Maldives dans un orage. C’est dans ce coup de vent que Tara Tari a battu ses records de vitesses, avec 140 miles nautiques en 24 heures !
Après le passage des Maldives, j’ai fait face à un courant fort qui me faisait reculer. après 2 jours de lutte, grâce au moteur et au vent j’ai pu en sortir et entamer la longue traversée.
Pendant 3 semaines j’étais complètement seul au milieu de l’océan, enfin presque car j’étais suivi par un groupe de 5 poissons qui m’ont accompagné jusqu’en Oman. Le vent était faible et je me suis meme parfois mis à ramer pour avancer un peu plus vite, en pensant à Gérard d’Aboville, parrain du projet (navigateur français qui a traversé l’Atlantique et le Pacifique à la rame). Cette solitude extrème, encerclé par l’horizon, a été une très bonne expérience psychologique, surtout après avoir passé un an au Bangladesh, le pays le plus densément peuplé au monde !
C’est un hélicoptère des forces armées européennes qui a rompu cette solitude, pendant mon petit déjeuner du 5 avril. Il a fait des tours serrés autour du bateau puis est reparti. Une demi heure après, un semi rigide militaire m’accostait pour m’annoncer que je naviguais au milieu de la zone la plus dangereuse du monde, le territoire des pirates somaliens. Ces militaires m’ont dit que malgré la petite taille du bateau j’étais visible de très loin – il faut dire que j’ai choisi la meme couleur de voiles que les voiles traditionnelles du Bangladesh : orange. A partir de ce moment là, effrayé par la possibilité de me faire prendre en otage par des pirates, j’ai passé mon temps à observer l’horizon. Mon idée était d’arriver à voir les pirates avant qu’ils me voient, pour avoir le temps d’affaler les voiles, ce qui me rendait quasiment invisible. Dans cette zone, les cargos ne sont pas détectables par le détecteur de radar, car ils n’allument pas leurs radars de peur d’être repérés par les pirates. Je passais donc mes journées à observer l’horizons et mes nuits à veiller pour ne pas rencontrer de cargos. Ca a duré une semaine avant d’arriver épuisé à Salalah, sultanat d’Oman.
Les premières personnes que j’ai vues après ce mois de navigation en solitaire étaient des pêcheurs Bengalis, très content de voir un bateau qui venait de chez eux, et de m’entendre parler Benglish !
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#TaraTari – Du Gande à Galle

Je suis parti le 13 février de Savar, près de Dhaka.
Nous avons commencé par descendre le delta du Gange avec Shaadat, un ouvrier du chantier. Malgré les nombreux bancs de sable ou nous nous sommes échoués plusieurs fois, la vie du Gange est superbe avec tous les pêcheurs, les champs de jute et puis la magnifique mangrove des Sundarbans.
Le jour où j’ai quitté les plages de Koakata, j’ai été surpris par un grain violent, très impressionnant pour ma première journée en solitaire sur un voilier. Dès le 2ème soir j’ai eu des problèmes électriques qui m’ont fait passer 3 nuits blanches de suite. Après la fatigue et la tension accumulée pendant les 3 derniers mois de préparation du bateau, puis la descente du Gange, ce début de voyage a été physiquement très dur. Heureusement la suite de la traversée du Golfe du Bengale a été facile car les vents étaient faibles, et j’étais content de découvrir les poissons volants, les dauphins et la beauté de cette mer. J’ai pu rapidement apprendre à naviguer sur ce voilier.

Ma première escale était Galle, au Sud du Sri Lanka, un mois après mon départ. J’y suis arrivé épuisé car le sud du Sri Lanka est une route de cargo très fréquentée, je devais donc veiller tout le temps pour ne pas me trouver sur leur passage, ne dormant que par siestes de 10 minutes.
Ma première arrivée dans un port n’était pas simple car je n’avais jamais parlé à la VHF et je ne savais pas quel drapeau hisser pour annoncer mon arrivée. Ce pays qui sort tout juste de la guerre n’était pas l’idéal pour apprendre tout ça. 

Retrouvez un podcast sur : http://radio-wenbe.blogspot.com

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#TaraTari – Trinity : River, Boat and Jute of Bengal. Coco deals it right – Bogdana

Corentin Dechatel Chatelperron locally named Coco, a young French engineer who sailed off from Dhaka preparing to link Bangladesh to France by sea on traditionally designed small fishing boat made out of jute composite – for the first time ever in the world. The purpose of this crossing is to attract the attention of the international community an innovative and ambitious economic development and solidarity for Bangladesh.

He has prepared his trip for more than 6 months. His project began last summer of 2009. “Two friends came to visit me on holidays. We left for a few days exploring the banks of the Brahmaputra and that’s where the idea was born” he replied. Their cruise was conducted aboard on a prototype fishing boat of Bangladesh on which Corentin had worked during his eight months of volunteering in the shipyard by the river Bangshi of Savar. This has inspired to design the first yacht in the world designed to 40% of jute and 60% glass fiber. He hopes that this innovation will attract investors, promising to create an applied research center in Dhaka.

Why the burlap for the boat? He replied – “I knew that natural fibers like flax or hemp were much studied in France. In Bangladesh, research has been done on burlap, but this time there was no direct application in the naval sector “. So that’s why! One material is commonly used in naval manufacture, fiberglass. Energy used in design, wastes are difficult to recycle and expensively imported most of the time. Country like Bangladesh with the largest fleet in the world, the use of this material may be approached as a disaster both ecologically and economically.

For Corentin, the time is ideal for suggests an alternative to fiberglass. The burlap is a tremendous opportunity for innovation. It also presents the advantage of being produced locally by the existence of secular manufacturing plants, symbols of prosperity for centuries. Corentin the project would boost the economy of Bangladesh in decline.

Ambitious and innovative, this adventure is not a whim. Long matured, Corentin has the means to succeed with his ardency of helping the heritage and culture of Bangladeshis.

With the help of laboratory test, he was able to perform resistance testing prior to this natural fiber. Moreover, he gained the support of the prestigious firm of French naval architecture VPLP for many years Friendship partner. Mark Van Pethegem, one of the directors of Tara Tari Shipyard, seduced by the originality of the project, and Gwenolé Gahinet, an engineer with VPLP have designed the hull and deck. They drew the boat on the lines of traditional fishing boats of Kuakata of Bangladesh vow to Corentin.

“This crossing is the first life test of the potential use of fishing boats designed entirely from burlap from Bay of Bengal to the Medeterian Sea. It was unthinkable for me to go with another boat. But indeed the local knowledge of naval architectural of Bangladesh which has been tasted by the time made my task easier with the help of VPLP. For six months at sea on a fishing boat in experimental composite is a bold initiative, just a challenge to Corentin with a profoundness of would class adventure on its esteem.

Just sailing was neither a performance nor in tune with my project. In the long term, certainly I would like to return to Bangladesh and work in the design of boats 100% Green-with the integration of Bio-résine can soon build ships 100% biodegradable! Cheap and efficient. A sustainable development project that is ambitious for this crossing a scientific expedition just as a sporting challenge.

Performed solo since the Bay of Bengal until Mediterranean he personally financed his voyage hoping that after the trip he will raise funds for the research center here in Bangladesh.

“I still have the autopilot to some connections and install the electrical panel to validate but the key is there. And then I have nothing to fear: the boat is unsinkable! I might even go now … . No technical risk, therefore, remains that of adventure.

Wednesday, February 16, 6h. Corentin waiting patiently for the tide takes Tara Tari seaward. The sea is calm. The wind blows a good omen. In the humid air of dawn, fishermen chanted traditional songs sailors.

 

His boat | © Muntasir Mamun Imran/kewkradong.com

#TaraTari – Dépêche – Reuters

SAVAR, Bangladesh (Reuters) – Corentin de Chatelperron, jeune ingénieur français de 26 ans, a quitté le Bangladesh pour rallier la France à bord d’un voilier de pêche du golfe du Bengale fait pour l’essentiel de fibre de jute, matériau traditionnel et écologique.

Cette odyssée a but environnemental et humanitaire, qui mènera le jeune Breton à travers le delta du Gange, l’océan Indien et la mer Rouge, doit s’achever à Paris aux alentours de la mi-août.

Conçu par l’architecte naval Marc Van Peteghem, son bateau de jute et de fibre de verre a été construit dans le chantier Tara Tari, situé sur les rives d’un bras du Brahmapoutre, près de Dacca.

Le projet, parrainé par Gérard D’Aboville, qui a traversé l’Atlantique et le Pacifique à la rame en solitaire, vise à promouvoir le jute, ressource écologique et bon marché, et à attirer l’attention sur le réchauffement climatique, qui menace le Bangladesh.

« Avec une altitude moyenne de 5m au dessus du niveau de la mer, le plus grand delta du monde est régulièrement frappé par des cyclones destructeurs. Ses fleuves sont si instables qu’ils ruinent et déplacent des milliers d’habitants chaque année », peut-on lire sur le site du projet (http://taratari.friendship-fr.org), financé par des organisations non gouvernementales et par quelques mécènes.

« C’est sans aucun doute une aventure très dure. Mais j’ai un objectif: je veux promouvoir ce type de bateau unique », a déclaré Corentin de Chatelperron aux journalistes venus assister à son appareillage, samedi.

Le jute, considéré comme le matériau naturel le moins coûteux, arrive tout juste derrière le coton en termes de quantité produites et de variété d’usages.

La construction du bateau a demandé un tiers du budget nécessaire à celle d’une navire en bois de la même taille, selon Abul Khair Litu, industriel bangladais partenaire du projet.

« Mais, le plus important sur ce bateau, c’est que l’usage du jute a été diversifié. Le jute était autrefois au coeur de notre économie, mais il a pratiquement été occulté par les matériaux synthétiques bon marché et plus durables », explique-t-il.

« Si nous développons ces bateaux pour les proposer à travers le monde au gens soucieux de l’environnement, l’usage du jute va augmenter », ajoute l’industriel.

Pour passer le golfe d’Aden et échapper aux pirates, Corentin de Chatelperron et son navire embarqueront sur un cargo qui les déposera à Djibouti.

Azad Majumder, version française Jean-Philippe Lefief
 
 
Dépêche Reuters reprise par

 

#TaraTari – Frenchman in jute boat sets sail from Bangladesh – AFP

DHAKA (AFP) – A Frenchman has set sail from Bangladesh in an « unsinkable » eco-friendly boat partly made of jute in a bid to promote the natural fibre and highlight the plight of Bangladeshi fisherman.

Corentin de Chatelperron, 26, said the journey from the southern Bangladeshi beach town of Kuakata to his native France will take around six months, and will include stops in Colombo, Oman and Djibouti.

« I am making this journey to highlight the problems facing Bangladeshi fishermen, for whom the sea is becoming increasingly dangerous due to the global warming, » Chatelperron told reporters before his departure on Wednesday.

Bangladesh is one of the countries most affected by climate change with many experts blaming global warming for a recent spike in cyclones, which have killed thousands of people including fishermen who live along the coast.

« It will also raise awareness about the natural fibre, jute, which has been facing some tough competition from synthetic fibres, » he said.

Chatelperron’s nine-metre (27 feet) boat, the Taratari, is made of 40 percent jute and 60 percent fibre glass. It was designed by French naval architect Marc Van Peteghem and constructed at a shipyard near Dhaka.

« It’s the first time a sailing boat partly made of jute has braved oceans, » Yves Marre, who built the boat, told AFP. He added the ship had been equipped with GPS and high-tech safety gear.

« We believe this kind of part-jute boat cannot sink. This could prevent hundreds of deaths on Bangladesh’s rivers and sea. It is also cheap: Taratari cost us only 10,000 dollars, » he added.

Marre said the long-term goal was to build fishing boats from jute.

Jute was Bangladesh’s main export item in the 1990s, supporting millions of farmers and factory workers. But with synthetic fibres proving more durable, jute — once lovingly called Bangladesh’s Golden Fibre — lost its shine.

« Using jute for boat construction is a unique innovation that has the potential to revive the jute industry here, » said Saiful Azam, the deputy chief of Bengal Jute, whose company also supported the Taratari journey.

Bangladesh last year exported around 400 million dollars worth of raw jute and jute goods, making the fibre a distant third in the country’s export basket. Shipments of garments alone earned 12.3 billion dollars.

« If we can replace a fraction of the thousands of wood and steel boats in Bangladesh with jute-made boats, it will change the face of jute industry, » Azam said.

#TaraTari – New journey for jute – Daily Star

Frenchman Corentin Dechatelperron, a 26 year-old engineer yesterday started a solo voyage to France from the Bangshi river in Savar on a sailboat made from locally manufactured jute and glass fiber.

The eight-meter by two-meter boat called Taratari (go swiftly) was developed at the dockyard called Taratari at Savar. An NGO called Friendship and Bengal Foundation jointly sponsored the whole procedure of research and building. The organizers are confident the jute fiber component of the boat, which covers 40 percent of the structure would revive country’s ailing jute sector.

« This is for the first time in the world that an unsinkable boat has been built with jute fiber, which the young man would navigate across the seas for the next six months before he reaches France, » said Yves Marre of Friendship at a press conference at Bangshibari, a riverside resort of Bengal Foundation prior to start of the long voyage.

Once in the Bay of Bengal near Kuakata, Corentin would first sail to Sri Lanka and then proceed to Oman, Egypt and finally France through the Suez Canal.

« I am very excited about the voyage and I am also delighted to be able to represent Bangladesh with jute fiber, » said Corentin.

Yves Marre narrated how he had in 1994 arrived in Bangladesh from France navigating a river barge which was later converted into Lifebuoy Friendship Hospital, treating thousands in rural Bangladesh every year.

Yves Marre is also known for his endeavor to create a boat museum documenting an age-old rich tradition of boat building in the country. He explained how he got the idea of building unsinkable boats and said that following cyclones he found out that in every village along the coastal areas of Bangladesh scores of fishermen lost their lives when their fishing boats capsized.

« We traveled to Kuakata and had a close look at the fishing boats there. We then replicated those fishing boats with fiber glass and turned them unsinkable, » he said. Marre revealed that Friendship and Bengal Foundation would soon have a dockyard where up to 30 boats would be built a month for the fishermen in coastal areas.

« The boat in which Corentin is traveling is a replica of fisherman’s boat in Kuakata top of which (sealed 1.2 by 2 meter compartment) is made of jute fiber, » Marre said.

Corentin said that for his long journey he is dependant on various modern equipment such as solar panels, updated global positioning system, computer and satellite phones. He said his boat is also equipped with a small emergency motor with 40 liters of diesel. All equipment was donated by sponsors, he said.

« I feel great to take up such a voyage and hope that people from all around the world would come forward to help Bangladeshi fishermen build unsinkable boats, » he said.

By Morshed Ali Khan

http://www.thedailystar.net/newDesign/news-details.php?nid=126202

#TaraTari et YannArthus-Bertrand

Yann Arthus-Bertrand et son équipe sont venus au chantier naval faire une interview sur le projet Tara Tari pour l’émission « Vu du ciel ».
Ils ont pu filmer le voilier en préparation 1 mois avant le départ, en présence de l’architecte naval Marc Van Peteghem, du « navigateur solidaire » Yves Marre et de Corentin de Chatelperron, porteur du projet.

#TaraTari – le voilier

Le voilier Tara Tari est un symbole d’innovation écologique dans le respect des traditions locales.
La coque, de 9m de long sur 2m de large, a été dessinée par le prestigieux cabinet VPLP sur le modèle des bateaux de pêche des plages de Koakata, village de pêcheurs du Golfe du Bengale.
Il a été aménagé pour son aventure transocéanique avec un pont, des dérives et un gréement adapté. Cet aménagement a été dimensionné grâce à la collaboration de Gwénolé Gahinet du cabinet VPLP.
« Made in Bangladesh »
Le bateau est presqu’entièrement constitué de produits disponibles localement, provenant principalement des chantiers de démolitions de cargos de Chittagong. Seuls sont importés grâce à des sponsors le matériel de sécurité et de navigation (Plastimo), l’accastillage (Harken) et les voiles (Incidence).
Le premier bateau intégrant de la fibre de jute.
La coque et le pont ont été réalisés grâce à l’aide généreuse du laboratoire Rougier, qui a analysé différents échantillons de composites à base de fibre de jute réalisés au chantier. Composé de 40% de fibre de jute et 60% de fibre de verre, ce bateau expérimental marque la première phase des recherches sur cette fibre.
Comme en Inde ou au Sri Lanka il y a quelques années, la fibre de verre commence à arriver dans la construction navale du Bangladesh, qui a la plus grande flotte du monde (près d’un million de bateaux). Le bois se faisant rare, le cours des métaux s’enflammant, ce composite énergivore, ni dégradable ni recyclable va envahir les côtes du Golfe du Bengale sous forme de bateaux en tous genres… Mais il n’est pas encore trop tard pour étudier les alternatives. Or il en existe une : la fibre de jute. Elle présente de multiples avantages qui en font un réel espoir pour le Bangladesh :
• C’est une fibre naturelle qui a un très bon bilan écologique. Elle est produite sur place et consomme peu d’énergie pour sa fabrication contrairement à l’énergivore fibre de verre actuellement utilisée dans les composites. Elle est aussi très facilement dégradable. A l’avenir, couplée à une résine biologique, il sera possible de créer des bateaux 100% biodégradables.
• Cette fibre est beaucoup moins chère que la fibre de verre. Elle permet de réaliser des bateaux sûrs, peu chers, durables et écologiques à la portée des pêcheurs du Golfe du Bengale.
• Elle constitue un espoir pour l’industrie menacée du jute au Bangladesh, qui décroît au fur et à mesure que les sacs de jute sont remplacés par le plastique. Elle est pourtant restée des siècles la première ressource du pays. C’est donc une vraie alternative économique pour toute cette filière en déclin.

#TaraTari – Mise à l’eau – Ouest France

Au Bengladesh, lundi, Corentin de Chatelperron, a procédé à la mise à l’eau du voilier en fibre de jute, sur lequel il rejoindra la France après un voyage de six moins, pour soutenir une action écologique et humanitaire sur place, soutenue par l’ONG Friendship.

« Ces premiers essais du bateau sur un bras du Brahmapoutre sont très positifs. Les Bangladeshis ont été impressionnés que ce voilier aille dans le « mauvais sens » par rapport au vent. Le voilier remonte très bien au vent et est très maniable.

Marc Van Peteghem, responsable du chantier VPLP à Vannes, sera sur place la semaine prochaine et va pouvoir l’essayer.

« Après les tests d’insubmersibilité et de retournement nous pourrons y ajouter les panneaux solaires et faire les finitions avant le départ dans un mois », précise Corentin.

Le voilier rejoindra l’Europe par le golfe d’Aden et la Mer Rouge. Quant au port d’arrivée, cet été, l’idée d’un partenariat avec la ville de Vannes fait son chemin.

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#TaraTari – Le Routage

Mi février à début mars : des rives du Brahmapoutre à Pondichéry

Le voilier partira mi février 2010 du chantier naval Tara Tari, situé sur les rives d’un bras du Brahmapoutre. Corentin de Chatelperron sera accompagné par le navigateur Yves Marre pour cette première étape. Ils descendront le fleuve en longeant Dhaka avant de rejoindre le confluent du Gange, où commence le plus grand delta du monde. Après 3 jours l’embarcation suivra les méandres des Sundarbans, gigantesque et splendide mangrove formée par le delta du Gange. Le delta les mènera sur la côte, où œuvrent les autres bateaux de pêche du Golfe du Bengale. Depuis ces plages le bateau fera cap vers Pondichéry en longeant les côtes indiennes. Après deux semaines de mer le bateau fera une pause de quelques jours dans un chantier naval de Pondichéry pour un check up complet.

 

Début mars à fin mars : du détroit de Palk au Sultanat d’Oman

Le plein de vivres indiennes achevé, Corentin quittera les côtes indiennes pour la traversée de l’Océan Indien en solitaire et sans escale. Passant le détroit qui sépare l’Inde du Sri Lanka, il continuera par le Cap Comorin et dépassera les Maldives pour plonger en plein cœur de l’Océan Indien. Les vents de mousson pousseront le voilier jusqu’aux plages de la péninsule arabique. Cette traversée s’arrêtera dans le port de Salalah pour y préparer l’étape suivante.

 

Fin mars à mi avril : le passage du Golfe d’Aden

Depuis quelques années le Golfe d’Aden est infesté de pirates, qui en font les eaux des plus dangereuses de la planète. Il est donc déconseillé de passer ce Golfe avec un voilier. Pour passer cet obstacle, le bateau sera embarqué sur un cargo qui le déposera à Djibouti, sur les côtes africaines.

 

Mi avril à fin mai : la traversée de la Mer Rouge

Après avoir fait le plein à Djibouti et embarqué un coéquipier, le voilier suivra le cap Nord Nord Ouest de la Mer Rouge. Il naviguera entre la route des cargos et les rives érythréennes, soudanaises puis égyptiennes pour gagner le canal de Suez.

 

Fin mai à fin juillet : la Méditerranée dans la longueur

Le départ de Port Saïd marque le début de la dernière étape. Le bateau remontera le vent jusqu’en Crête, fera étape en Sicile puis en Sardaigne avant d’arriver, après presque 5 mois de mer, sur les côtes françaises. La ville d’arrivée reste à déterminer.

#TaraTari – Le projet

Le Bangladesh est la première victime des effets du réchauffement climatique. Avec une altitude moyenne de 5m au dessus du niveau de la mer, le plus grand delta du monde est régulièrement frappé par des cyclones destructeurs.
Ses fleuves sont si instables qu’ils ruinent et déplacent des milliers d’habitants chaque année. Parcouru par l’équivalent de tous les grands fleuves d’Europe réunis, ce pays vit au rythme des inondations. Alors que le Bangladesh est le pays le plus densément peuplé au monde, tous ces phénomènes s’accélèrent
et prennent de l’ampleur… Dhaka sa capitale accueille déjà dans ses bidonvilles des milliers de réfugiés climatiques.

« Il faut réagir vite en apportant
des solutions adaptées« 

C’est le message que veut apporter en France ce petit voilier de pêche Bengali.

Le symbole d’un espoir pour le Bangladesh. Poussé par la force du vent et utilisant l’énergie solaire, ce voilier écologique de 9 mètres comporte une réelle innovation : il est le premier bateau réalisé en composite intégrant de la fibre de jute. Expérimentation grandeur nature de cette fibre, il représente un espoir considérable autant d’un point de vue économique qu’écologique pour le Bangladesh.
Durant 6 mois, le voilier descendra le Brahmapoutre, traversera les bidonvilles de Dhaka, rejoindra le Gange et débouchera sur le Golfe du Bengale par la plus grande mangrove du monde. Il longera les côtes indiennes jusqu’au Sri Lanka puis, poussé par les vents de mousson, il dépassera les Maldives et traversera
l’Océan Indien pour atteindre le Golfe d’Aden. Depuis Djibouti, il remontera la Mer Rouge, traversera la Méditerranée et rejoindra la France.
Aider le Bangladesh avec des solutions concrètes et globales.
Le projet sera médiatisé dans le but de trouver des partenaires financiers. Les fonds collectés à cette occasion seront versés à l’association Friendship pour la
création d’un centre de recherche appliquée dont le rôle sera de trouver des solutions concrètes aux problèmes liés à l’eau au Bangladesh.