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Catégorie : Expédition Nomade des Mers

Marche ou crève – Expérience d’autonomie et menaces à bord de Nomade des Mers

Je suis avec Clément dans le Nord de Madagascar. Nous préparons notre fier bateau-laboratoire à traverser l’océan Indien jusqu’aux Maldives.

1900 miles (3500 km) dont le passage de l’équateur. Une vingtaine de jours de navigation.

Nous allons en profiter pour faire une expérience. Nous avons décidé de nous mettre sous contrainte en embarquant une quantité limitée de ressources pour nous forcer à exploiter à fond notre écosystème embarqué. Après avoir testé plus de 30 low-tech depuis 1 an, il est temps de tester notre « maxi best-of » des low-tech !

 

Chez Gold of Bengal nous sommes convaincus que la mise sous contrainte est un excellent stimulant pour innover.

Si Mac Gyver avait toujours eu sous la main une bombe ou un deltaplane il n’aurait jamais pensé à les fabriquer avec son chewing gum ou l’élastique de son slip.

La spiruline par exemple : pas de goût, une odeur d’algue, une consistance vaseuse. Et pourtant quand elle est l’une de nos principales sources de protéines, elle devient délicieuse et on s’en occupe comme jamais. C’est à la fin de notre traversée de l’Atlantique, quand les réserves s’amenuisaient, que nous avons inventé un nouveau système de filtration innovant.

Un peu comme le dernier morceau d’une bonne plaquette de chocolat a plus de saveur que les autres, quand on est limité en eau chaque goutte d’eau de pluie devient précieuse. Quand la base de tous les repas est de la semoule aux haricots, les feuilles de blettes qu’on récolte dans la serre, au lieu de faire remonter des relents des épinards de la cantine de l’école, font vibrer les papilles, et on se creuse la tête pour qu’elles poussent plus vite.

Bref nous comptons sur cette traversée pour révolutionner notre petit écosystème!

Nos calculs, dont un résumé est illustré sur le schéma ci-dessus, nous ont mis en confiance. Par contre nous aurons 4 sérieux obstacles à affronter pour ne pas perdre nos dents ou nous entretuer :

1- Les rats. ils ont envahi le bateau lors de notre dernière escale. Ils mangent les pousses d’amarante et de pourpier, c’est très énervant, et ça peut nous priver d’une source nécessaire de vitamines et minéraux.

2- « IL ». « IL » est une chose invisible et inodore qui se propage partout. Une sorte de fantôme qui peut même entrer dans des espaces clos. « IL » laisse toujours derrière lui des sortes de fils d’araignées. Et le problème c’est qu’IL semble manger les oeufs de nos vers de farine. Depuis des semaines nous n’avons plus d’éclosions. La pyramide des âges de notre élevage commence à ressembler à celle de la France. Or nous comptons sur les larves de ténébrions pour nous apporter 10% de nos protéines.

3- Les poules. Elles passent de plus en plus de temps à se dorer au soleil, contemplatives. Pas un oeuf depuis 10 jours. Je viens d’avoir une info de ma grand mère : « une poule pond avec son bec ». Traduction : il faut les nourrir d’avantage. Ca revient à prendre le risque d’augmenter leur revenu minimum, sans savoir si cela va augmenter le PIB du poulailler. En attendant on va embarquer une boite d’oeufs pour les rendre jalouses.

4- Les haricots. Nous n’avons pas pris le temps de goûter les haricots secs d’une espèce inconnue que nous avons achetés et allons manger à tous les repas. J’espère qu’ils sont bons.

La tension est palpable à bord de Nomade des Mers. Dans 20 jours ce sera différent. Reste à voir ce qui va changer…

Bien à vous,

Clément, Corentin, les poules, les vers, la spiruline, les rats et « IL ».

Rencontre avec Lova Nantenaina

Lova Nantenaina est un réalisateur malgache auteur du film documentaire « Ady Gasy – les chinois fabriquent les objets, les malgaches les réparent » diffusé 2014. Par le film documentaire il souhaite donner une autre image de son pays. Interview avec un artiste engagé.

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Salut, OK je me lance :

Comment avez-vous eu l’idée de faire un documentaire sur les systèmes débrouilles de Madagascar ?

Cette idée est venue après mon retour au pays en 2010. J’étais étonné de ressentir de la tristesse et de la colère en voyant mon pays. Et c’est en essayant de comprendre ces sentiments là que je me suis dit qu’il faut qu’on arrête de voir le pays comme un problème. Des spécialistes font déjà ce travail là et ils sont bien payés pour répéter la même rengaine « votre pays est pauvre ». J’ai décidé de voir le pays comme un formidable laboratoire d’innovation et de créativité. J’étais parti en repérage de mon film avec l’idée que s’il y avait une grosse crise mondiale qui aplatissais l’économie, ceux qui ont l’habitude de se débrouiller dans des situations difficiles s’en sortiraient un peu mieux que les autres. Ils deviendraient des experts. Bien évidement, je ne souhaite pas une telle situation, mais il faut aussi de temps en temps voir les choses autrement pour changer de perspectives.

Pourquoi est-ce une thématique qui vous tient à coeur ?

Cette thématique me tient à coeur parce que notre pays peut encore choisir quelle direction on veut prendre en terme de développement. On connait maintenant la limite du développement à tout prix et les dégâts causés par le consumérisme sur notre planète. Il serait dommage de reproduire l’erreur de ceux que l’on croyait être des “pays modèles”, parce que nous pouvons encore faire machine arrière. La deuxième raison importante c’est aussi de redonner confiance à tout ce monde qui vit dans ce grand laboratoire d’innovation qu’est Madagascar. Ici, on associe encore le recyclage et le low-tech à la pauvreté, alors qu’ailleurs c’est une fierté. On criminalise, on chasse et on est condescendant envers nos compatriotes qui inventent parce qu’on aime acheter des objets ou des machines importés. Notre vision du monde est colonisée. C’est la volonté de renverser cette tendance qui semble inéluctable qui m’a poussé à filmer ces réalités. Et enfin, si toutes les formules productivistes qui ne respectent pas l’environnement et notre identité ont marché, on ne sera pas dans cette situation. J’aimerais que ces experts qui prônent ces théories économiques changent de disque. Ici la phrase « se serrer la ceinture” ne veut plus rien dire, les gens le font depuis belle lurette. Et l’avenir est entre les mains de ces gens que l’on croyait incapables parce qu’ils bricolent. Toute révolution est partie d’une expérimentation, de recherche, à une toute petite échelle avant d’être adoptée par le grand nombre. Je reste persuadé qu’on est même en avance sur ce plan là et qu’il faut sensibiliser nos intellectuels, ceux qui ont été formaté par une seule vision du monde et de l’économie.

Pensez-vous que ces systèmes ont un avenir à Madagascar et dans d’autres parties du monde ?

Si on ne favorise pas la diffusion de ces innovations appropriées à notre vision du monde, elles risquent de disparaître. Les intellectuels qui n’ont aucun recul sur ce qu’ils ont appris à l’étranger répètent toujours la même vision du monde sans chercher à comprendre qui ils sont et d’où ils viennent et c’est pour cette raison que ces trouvailles ne vont pas être connues par des gens qui en ont pourtant vraiment besoin. Ici ce n’est pas juste une question de mode, pour certains d’entre nous c’est un mode de pensée : le Ady Gasy.

Mon prochain film est une déclinaison de l’univers de Ady Gasy chez les enfants. Je vais montrer qu’étant petits les malgaches sont déjà éduqués à fabriquer leurs propres jouets. Il y en a encore à la campagne et de moins en moins en ville. Il y aura un projet transmédia qui va sortir, si tout va bien en 2017. Il s’intitule « A toi de jouer ».

Vous pouvez visionner son dernier documentaire
« Ady Gasy » en VOD sur Vimeo
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Waterworld sans les méchants

Bernard Van den Broek, 56 ans, expert comptable a rejoint le Nomade des Mers du 23 décembre au 1er janvier. Si vous le croisez ne vous fiez pas à son costume, car tel un ange gardien c’est lui qui prodigue conseils, météo et orientation à l’équipage, depuis un gratte-ciel de la Défense. C’est notre routeur ! Il faut dire qu’il connait le bateau, puisqu’il lui a fait parcourir le monde pendant un an avec sa femme et ses 4 enfants. Carnet de bord d’un capitaine venu retrouver pour les fêtes son « Cyrano » désormais « Nomade des Mers ». 

Bernard VDB

Nomade des Mers, pour le parisien qui débarque tout juste de la Capitale, c’est un choc !

Un mélange de rusticité et de sophistication qui me rappelle étrangement le bateau du film Waterworld. Vous savez le trimaran reformaté pour survivre après la montée des eaux sur notre planète où l’eau douce et la terre sont devenues des denrées précieuses.

Ce qui frappe tout de suite, ce sont les deux réchauds en ferraille dans le cockpit, devenu « cook stove » car c’est ici que l’on y fait la cuisine, avec le sac de charbon pour l’un et le sac de bois pour l’autre. Il y a aussi un amoncellement de gamelles et autres casseroles un peu noircies compte tenu de l’approche basique de la cuisson.

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A l’arrière, toujours les trois poules, dont l’une est quand même une authentique bretonne de Muzillac, Camandine.
« – Tiens Coco, Pourquoi Camandine ?
– En fait il y avait Camille et Amandine mais l’une d’entre elle n’a pas survécu à la tempête d’Atlantique Sud. Comme on ne sait pas laquelle des deux, elles ont été fusionnées… »
Me voici dans l’ambiance !

A l’intérieur c’est la végétation qui domine, comme dans le film, mais là ce sont de belles lignes de pousses vertes, dont certaines atteignent allègrement 40 ou 50 centimètres, alignées dans des tubes de PVC astucieusement découpés pour les transformer en jardinières optimisées. Bienvenue dans les Low-Techs !

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Ici c’est Corentin dans le rôle de Kevin Costner. Coco, déjà l’âge du Christ, même allure athlétique et acétique, même charisme auprès de ses disciples, mais notre sauveur du 21ème siècle fait pourtant beaucoup plus jeune que l’autre. C’est vrai que la barbe ça vieillit. A la différence du film, ici il n’y a pas de méchants qui tournent avec leurs scooters des mers, que des gentils, des vraiment sympas ; Hugo, quand même 1m96, qu’il a été contraint de faire rentrer dans la cabine arrière bâbord qu’il partage avec le très urbain Louis-Marie, pas vraiment plus petit. Et enfin Elina, jolies yeux bleus et charmant sourire. Non, ils n’ont vraiment pas des têtes de méchants ceux-là.

équipage

A Tuléar, nous sommes au bout d’une interminable jetée, construite pour accueillir les marchandises et amarrer les quelques bateaux de passage. La chaleur est accablante pour le parisien palot et déjà entré dans l’hiver. On ne tarde pas à mettre le cap sur Ifaty, une quinzaine de milles plus au Nord. Ce soir c’est Noël, il nous faut un bon repas et bien sûr un bon gâteau. Problème, le beau four qui équipait mon ancien navire a été emporté par l’épuration stalinienne voulue par l’équipe de préparation et son chef suprême pour atteindre la sobriété heureuse des low-techs. Mais mes camarades de cette aventure ont plus d’un tour dans leur sac, ils ont déniché un four solaire. Et vive les low-techs ! Nous voici donc lancés dans la confection d’un gâteau au chocolat, rendu possible grâce à quelques plaques de chocolat français emportées prudemment pour cette aventure vers l’inconnu. Le maintien de l’édifice en contreplaqué et plaques réfléchissantes est une certaine gageure pendant cette navigation courte mais un peu mouvementée quand même. On mesure la température à l’intérieur du four – et oui, il y a plein de capteurs et d’appareils de mesure sur Nomade, rusticité mais sophistication – 60 degrés, pas mal ! On découvre que quatre heures à 60 degrés, ce n’est pas équivalent à 20 minutes à 180 degrés … Pas grave, ce soir ce sera mousse au chocolat !

four solaire

Soirée de Noël au mouillage, un peu loin de la côte défendue par ses patates de corail, dans un calme parfait. On se régale de bonnes choses et même d’un foie gras malgache, à l’exception de notre cher Coco devenu résolument végétarien avec une discipline de fer. Enfin tout est relatif, car il décide de faire une exception à la règle pour consommer un plat de fête à ses yeux, des larves qu’il élève avec amour depuis le départ ; sélection d’une belle centaine de ces jolis vers qui s’agitent, ébouillantage (il ne faut quand même pas les faire souffrir) et confection d’un pâté avec quelques assaisonnements. Et bien figurez-vous que malgré ma réticence, j’ai essayé et que ce n’était pas mauvais du tout !

Veillée de Noël tout comme il faut avec Hugo à la guitare, Corentin à la flûte et Louis-Marie au didgeridoo (made in PVC). Je découvre que Coco est un grand musicien capable de sortir toutes sortes de mélodies à partir d’un simple tube, vraiment très low-tech, d’origine irlandaise (un tin whistle). Les moments choisis pour ces inspirations soudaines qui doivent être illustrés sans attendre avec son charmant pipeau, sont parfois inattendus, comme par exemple à la sortie de la passe d’Ifaty alors que nous sommes au milieu de magnifiques rouleaux de 3 à 4 mètres déferlants juste à côté du bateau. C’est ça un vrai artiste !

Corentin à la flute

Le sujet essentiel de cette escale à Madagascar fut la spiruline que certains entrepreneurs s’emploient à produire dans la région de Tuléar en particulier. Un outil de production de spiruline a nécessairement été imaginé et conçu à bord avec jerrican, circuit de tuyaux et système de pompage. Et comme il a fallu mesurer le taux de spiruline, là encore les cerveaux ont chauffé pour fabriquer avec une led et un capteur d’intensité de lumière un instrument de mesure d’intensité. Chapeau !

A Madagascar nous nous sommes aussi émerveillés de tous ces voiliers de travail qui, outre la pêche, assurent une bonne partie du transport de marchandises. Beaucoup de pirogues à balancier très rapides malgré leurs voiles rustiques, mais aussi de très jolis boutres gréés en goélette. La plupart sont construits à Belo-sur-mer, endroit magnifique, parfaitement approprié pour la construction, la mise à l’eau et l’échouage, et dont l’origine remonte à l’installation d’un breton – Enasse Joachim – à la fin du XIXème siècle. Une des plus belles escales pour Nomade des mers.

botry malagasy

Voilà, c’est l’histoire d’un vieux – enfin pas tout à fait, juste « vintage », comme c’est écrit sur son Tshirt – qui voulait découvrir ce qu’il y avait derrière cette bande de jeunes qu’il tentait de guider d’un peu de routage météo depuis quelques mois. J’y ai découvert la recherche permanente de nouvelles idées et de nouvelles solutions. « L’innovation par la contrainte », la litanie d’Eric Bellion sur le Vendée Globe, un concept dont on comprend véritablement le sens ici. Et tout cela avec bienveillance, confiance, optimisme et positivité.

Je peux l’affirmer, le monde tournerait bien mieux s’il y en avait davantage comme eux !

Bernard Van den Broek

Mon point commun avec les poules

Quand on a étudié la question de l’autonomie alimentaire pour choisir quel régime adopter à bord de Nomade des Mers, on s’est très vite rendus compte que pour produire de la viande, les ressources en eau et nourriture, la surface et l’énergie nécessaires étaient énormes par rapport aux autres aliments. Particulièrement pour la viande de bœuf. De toutes façons, embarquer un bœuf à bord aurait été pénible.

Dans le monde il y a des centaines de millions de personnes qui se passent de viande. 500 millions rien qu’en Inde ! Il y a beaucoup de motivations différentes pour tous ces végétariens : religion, lutte contre la souffrance animale, écologie, santé… l’écrivain Isaac Bashevis Singer a dit : « je suis végétarien pour des raisons de santé… la santé des poules. » En plus j’ai lu qu’Einstein avait dit « rien ne pourra être plus bénéfique à la santé humaine ni accroître les chances de survie de la vie sur terre qu’une évolution vers un régime végétarien« . Vu qu’Einstein a toujours une longueur d’avance, ça a fini de me convaincre.

J’ai donc décidé de faire l’expérience de devenir végétarien. J’ai rayé de mes menus la quasi totalité des plats qui me faisaient saliver : tartiflette, bœuf bourguignon, steak tartare, poulet frite, burger saignant, poisson au beurre blanc… La seule viande que je m’accorde est celle de nos larves de coléoptères, qui ne font baver personne, mais qui ont besoin de très peu de ressources pour produire des protéines animales.

Ça fait maintenant 9 mois que je n’ai pas touché à un steak. Au début ça donne l’impression de ne manger que l’accompagnement. puis on s’y fait. Au point que maintenant je salive quand je pense à des lentilles mijotées avec des oignons et des carottes. Ma plus grande peur était de devenir moi-même un légume. Mais pour le moment je reste en pleine forme et j’ai même encore toutes mes dents. J’ai fait une prise de sang juste avant le départ à Concarneau et je viens d’en faire une nouvelle à Madagascar pour voir si j’ai des carences. Réponse dans quelques jours.

J’ai cherché le nom de mon régime. Il en existe beaucoup :

  • Végétarien :
    il ne mange rien qui vienne de l’animal (ni viande, ni lait, ni oeufs)
  • Ovo-lacto-vegetarien :
    il ne mange pas de viande mais mange des produits laitiers et des œufs
  • Fruitarien :
    il ne veut pas tuer les plantes! il mange donc les fruits, les noix, les haricots, les céréales, mais pas les tubercules ni les feuilles – ça fait mal à la plante.
  • Crudivore :
    il ne veut pas cuire les aliments. du coup il fait germer les céréales et autres graines avant de les manger, il presse de l’herbe et des fruits pour en boire le jus, et ne cuit pas ses fruits et légumes.

Le problème c’est que je mange des insectes, ce qui m’exclus de toutes ces catégories… Je pourrais appeler ça de l’insecto-ovo-lacto-végétarisme, mais ce n’est pas pratique quand on est invité à diner :

-vous mangez de tout?
-non, je suis insecto-ovo-lacto-végétarien
-ah?!

Puis en réfléchissant un peu je me suis rendu compte que le régime dont je me rapprochais le plus était celui de la poule, qui mange des insectes et tout fruits et légumes qui se présentent devant elle.

-vous mangez de tout?
-non, la même chose qu’une poule
-d’accord !

Corentin.

Un Nazepresso svp !

Le choix de notre mode de cuisson est l’un des plus gros casses têtes à bord de Nomade des Mers.  Tous les jours, comme 3 milliards de personnes dans le monde, nous allumons un feu pour cuisiner. 1 kg de bois a un pouvoir calorifique de plus de 4KWh. D’après mes calculs ce kilo pourrait faire bouillir 43 litres d’eau ! Mais ca c’est la théorie. En pratique aucun des nombreux types de réchauds existants n’arrive à exploiter toute cette énergie.

Au départ de Concarneau on a embarqué à bord un réchaud à pyrolyse. Sur le papier c’est ce qu’il y a de plus efficace. On l’alimentait avec des granulés ou des copeaux de bois. Quand la combustion est lancée c’est un vrai lance flamme. Par contre quand le bois est humide ou un peu trop gros ca produit une fumée épaisse qui envahissait le cockpit au point que j’ai du perdre au moins un poumon pendant cette période. Et puis les équipiers qui avaient l’estomac déjà un peu tendu par la mer avaient du mal à supporter l’odeur de fumée mêlée à celle du poulailler. Du coup quand le repas était finalement prêt il n’y avait plus grand monde à table. On a décidé de changer de système.

Au Sénégal, grâce à l’association Nebedaye, on s’est mis au charbon vert. Ce charbon est fabriqué localement avec de la paille carbonisée. C’est intéressant parce que ca évite de déforester. Seul défaut : impossible de faire des crèpes, ca ne chauffe pas assez fort. Et puis dès l’escale suivante on ne trouvait plus de ce type de charbon. Depuis le Cap Vert on cuisine donc au charbon de bois. Pas très écolo, assez lent à l’allumage et on se colle du noir partout. Pour faire un café il faut environ 40 minutes. Imaginez la pub où George Clooney arrive après 40 minutes, plein de suie, en toussant, retrouver la belle blonde… Il aurait l’air naze. Il faut qu’on trouve autre chose.

Je suis sûr que quelque part ici à Madagascar je vais trouver une nouvelle solution ingénieuse à tester. Voilà mon cahier des charges :
– le feu doit chauffer assez fort pour faire des crèpes
– il doit s’allumer rapidement : max 20 minutes pour faire un café
– je veux garder mon deuxième poumon
– il doit être le plus économe et écolo possible
– le combustible doit être disponible à nos futures escales

L’enquête est sur le feu, je vous tiens au courant.

Corentin

Miss monde, omelette et fruits sec

Salut à vous,

Cap sur Madagascar! L’escale à Durban était rapide. Ville pas très sexy. Mis à part le fait que Miss Monde 1959 était Durbanaise, c’est l’un des plus gros ports d’Afrique, 3.5 millions d’habitants, forte criminalité – il ne faut pas s’y risquer la nuit.

Nous avons débarqué Clément, équipier super efficace qui nous a accompagné depuis Rio et à qui on doit nos superbes volets de serre embruns-proof sur charnières inox. Puis nous avons ré-embarqué Elina, Louis-Marie et Hugo après leur tour fructueux à la recherche des low-tech d’Afrique du Sud.

LA nouvelle extraordinaire de la semaine vient du poulailler. Elles pondent à nouveau tous les jours !!! Ce n’était pas arrivé depuis la tempête de l’Atlantique Sud il y a plus d’un mois. Malgré tous nos efforts pour améliorer leurs conditions de vie et de travail, les négos avec le syndicat restaient tendues et stériles. J’avais entendu dire que mettre un oeuf dans le nid les stimulait. Il y a une semaine j’ai donc posé un gros oeuf Sud Africain daté du jour bien en évidence dans le poulailler. De quoi les rendre jalouses. Mais le lendemain il avait été piétiné, le jaune répandu dans la paille. Un signe évident de provocation. Alors pourquoi ce changement brutal? Avec les histoires de ponte il faut remonter 10 jours en arrière, car c’est le moment où l’oeuf commence à se former dans le ventre de la poule. Or 10 jours -jour pour jour- avant ce premier oeuf nous avons célébré l’inauguration du nouveau poulailler téléscopique ! Je peux vous dire que j’en suis très fier, tel une Valérie Damidot de la basse-cour. La paix est donc revenue dans l’équipage. En ce moment nous les faisons participer à une expérience. Nous avons mis un bac dans le poulailler où nous jetons nos déchets organiques. Elles y mangent ce qui leur plait, grattent et remuent le tout et y apportent des fientes. Chaque semaine nous vidons ce contenu dans le compost, pour que les vers et les champignons continuent à dégrader la matière jusqu’à la transformer en délicieux compost. En théorie cette contribution des poules devrait accélérer le compostage et l’enrichir d’azote.

Il y a quelques mois nous avons organisé un challenge low-tech avec l’entreprise Leroy-Merlin. C’est l’équipe « Pimp my Fridge » qui l’avait remporté avec son système de conservation des fruits et légumes. En ce moment nous testons leur déshydrateur solaire. L’idée est de conserver nos fruits et légumes en gardant le maximum de leurs propriétés nutritives. Cette low-tech nous intéresse car on estime que dans le monde 45% des fruits et légumes produits sont perdus! Une des techniques de conservation est de retirer l’eau de l’aliment. Une fois sec, il n’intéresse plus les bactéries, champignons et autres micro-organismes.

Pour ça il y a 2 voies connues :

  • la lyophilisation : il faut congeler l’aliment entre -40 et -80 degrés pour transformer son eau en glace, puis faire passer cette glace directement à l’état gazeux (« sublimation ») à base température. L’aliment devient sec et poreux comme une éponge, il se conserve donc longtemps et se réhydrate vite quand on lui ajoute de l’eau. Mais ce procédé est difficile à reproduire dans notre monde low-tech.
  • le séchage : procédé utilisé depuis toujours, il s’agit de sécher l’aliment entre 35 et 65 degrés pour éliminer le principal de son eau en gardant au maximum ses propriétés nutritives. C’est cette technique qu’a utilisée l’équipe Pimp my Fridge.

Notre déshydrateur est composé de 2 chambres : l’une vitrée et exposée au soleil permet de chauffer l’air, qui passe dans la 2eme chambre où les tranches de fruits et légumes sont étalés sur des grilles, avant de s’évacuer par une ouverture. La semaine dernière je l’ai testé sous un ciel couvert. Echec cuisant (c’est une expression). Mais le soleil est de retour, nous relançons donc les essais avec des tranches de banane, champignons et pommes. Résultats à suivre.

Nous devrions atteindre Madagascar d’ici 3 jours. Nous avons hâte de découvrir cette île qui parait être le pays de la débrouille et du système D!

Vive les low-tech.

Corentin

Vie de mousse

C’est un secret pour personne, je suis le moins expérimenté à bord. C’est vrai que face au curriculum d’Yvon et Corentin peu font le poid, mais avec mes deux uniques aller-retour aux Glénans même les poules ont plus de miles au compteur. C’est donc avec un mélange d’excitation et d’appréhension que je quitte Durban dimanche matin. On m’avait prévenu qu’il fallait deux jours environs pour s’amariner, c’est le cas. Le bateau file à 7 nœuds de moyenne avec un vent de travers sur une mer assez formée. Mes tripes ont tiennent bon, mais impossible de lire, d’écrire ou de me concentrer sur quoique ce soit, alors quand mon quart n’exige pas que je sois sur le pont, je suis dans ma banette, je dors ou j’écoute de la musique. Peu à peu la frustration de ne rien pouvoir faire laisse place au bonheur de gouter à cette oisiveté oubliée depuis mon entrée dans la vie active. La vie à bord est douce, Corentin jongle avec une habileté déconcertante entre bricolage et manœuvres sous le regard d’Yvon, haussant parfois les sourcils face aux méthodes peu orthodoxes du capitaine. Hugo et Elina se croisent au rythme de leur relève de quart et se chamaillent gentiment comme si ils étaient d’une même fratrie.

Depuis mardi ça va beaucoup mieux et l’ex-parisien hyperactif que je suis s’est plié au rythme lent de la navigation. Il faut dire que le vent a refusé (arrive petit à petit de face) tout en mollissant. Nous filons donc maintenant au près (presque face au vent) à 3 nœuds. Un coup de pétole nous même accordé le privilège de piquer une tête au beau milieu de l’océan. Entre temps, les quarts me permettent d’admirer la pleine lune et le soleil du petit matin. C’est précieux de pouvoir laisser son esprit vagabonder pendant deux heures sans interruptions, sans internet, ni facebook.

Nous profitons du temps disponible pour faire le bilan de l’escale en Afrique du Sud : 2 low-tech documentées, 5 présentations dont ont profité 130 personnes, 1 atelier, 1 compétition low-tech sur l’éclairage avec Schneider Electric à Johannesburg, 2 ambassadeurs recruté ainsi qu’une structure relai. On a pas chômé ! Nous commençons également à organiser l’escale suivante : destination Tuléar, ville principale du sud du pays qui dans notre cas porte bien son nom. Il proviendrait d’une phrase répondue par un Malgache à un marin cherchant où accoster : « Toly eroa ! » (Mouillez là-bas !). Nous allons y étudier la spiruline (cette micro-algue très nutritive que Corentin et Elina bichonnent à bord) auprès de l’entreprise Equitalgue et de LA spécialiste de la région, la docteur Vola. Autre particularité du coin, à 37km au sud de la ville vivent les « Vezo », une ethnie de pêcheurs que l’on surnomme les « nomades de la mer », alors forcément, ça attise notre curiosité.

Nous devrions arriver à Tuléar d’ici dimanche, hâte de relancer la machine et de découvrir ce nouveau pays. Mais en attendant je continue à profiter de cette nouvelle vie de mou(sse).

Louis-Marie

Poulailler téléscopique & Vagues scélérates

Arrivé à Cape Town, Nomade des Mers n’aurait surement pas passé le contrôle technique. 3 cloisons fissurées, le poulailler branlant, une pièce défoncée à l’avant… On a passé une semaine à bricoler, manger, bricoler, manger… On a maintenant un bateau et un moral taillés pour braver des tempêtes. En plus le fameux skipper Yvon Fauconnier nous a rejoint à bord pour nous guider jusqu’à Madagascar. Et grande nouveauté : un poulailler télescopique. En cas de mauvais temps on peut le refermer comme le nid des marsupilamis. Elles ont même une « sable de bain » flambant neuve (une poule se nettoie dans le sable, on dit qu’elle « s’ébroue »). Elles ont eu la chance de voir des otaries faire des sauts à quelques mètres d’elles. Malgré leur attitude je-m’en-foutiste-rien-ne-m’étonne-depuis-que-j’ai-vu-des-baleines, je pense que cette rencontre les a marquées.

Pour être efficaces dans cette étape rapide en Afrique du Sud nous avons monté la stratégie « Blitzkrieg » : Elina, Louis-Marie et Hugo sont partis par la terre à la découverte des low-tech du pays, pendant qu’avec Yvon et Clément nous faisons le tour par la mer avec le bateau. Rendez-vous à Durban autour du 12 novembre. On a largué les amarres jeudi. Yvon connait bien ce coin qui peut être sportif. C’est ici qu’il y a l’une des plus fortes densités au monde de vagues scélérates. Comme son nom l’indique la vague scélérate n’est pas sympa. Elle est beaucoup plus haute que les autres et très verticale comme un mur d’eau gigantesque. Les conditions qui les font apparaitre sont les vagues croisées, les courants forts et les tempêtes. Ici tous ces paramètres sont souvent rassemblés. Ces scélérates peuvent faire plus de 30 mètres de haut dans les cas extrêmes et des forces pour lesquels même les cargos ne sont pas dimensionnés. De quoi télescoper le nouveau poulailler…

Mais pour l’instant c’est sans encombre que nous avons passé le Cap de Bonne Espérance, puis le Cap des Aiguilles. Bonne Espérance est le plus connu. Après avoir été nommé « cap des tempêtes » il a été renommé pour donner espoir aux marins sur la route des Indes. Mais c’est le Cap des Aiguilles qui est le point le plus Sud de l’Afrique et la séparation entre l’Océan Atlantique et Indien. A nous l’eau chaude et les tropiques, la serre va exploser de verdure !

En attendant nous optimisons les low-tech embarquées : la dernière version de  l’éolienne que nous avons conçue à Dakar tourne à fond (la vidéo tuto sera bientôt en ligne). Les nouveaux systèmes  d’hydroponie sont quasiment prêts à recevoir les plants semés après la tempête. Le nouveau process mis en place pour l’élevage des ténébrions est maintenant bien rodé. Les poules participent à une grande expérience de recherche pour notre compost. Plus de détails dans le prochain épisode….

Corentin

Bienvenue à Yvon !

Notre nouveau skipper a embarqué sur le Nomade des Mers !
Yvon c’est le doyen de l’équipe et forcément un CV à couper le souffle ! Les grandes lignes de son aventure :

  • En 1982, c’est la Route du Rhum, où il est arrivé 8ème avec un petit trimaran de 15 mètres.
  • En 1984, C’est la course Ostar qu’il entreprend, une course transatlantique en solitaire sur le même trimaran.

Bien sûr, de nombreuses autres navigations, en course mais aussi du charter durant 12 ans. En quelques chiffres Yvon c’est :

  • 16 traversées de l’Atlantique
  • 5 traversées du Pacifique
  • 2 traversées de l’Océan Indien.

Sa plus grosse peur en mer :
Une grosse tempête, atteignant 65 nœuds de vent, en solitaire, sur un 40 mètres à trois mats dans l’Atlantique Nord.

Son plus beau souvenir de navigation : 
l’Océanie sur un grand bateau !

Ses meilleures lectures :
– La série de romans d’aventure d’Alvaro Mutis.
– Le livre de Joseph Conrad ; Au cœur des ténèbres.

Pourquoi il nous accompagne dans le projet ?
Les prochaines navigations s’annoncent difficiles mais surtout Yvon est convaincu que des transitions écologiques sont indispensables. Ça tombe bien, les nomades aussi ! Et oui, les low-tech répondent à
la fois à un besoin sociétal mais ce sont aussi des solutions aux défis environnementaux. Yvon utilise donc des low-tech chez lui. Il a un compost et un potager qui lui permettent d’être un peu plus autonome face au marché économique.

Fitness

Voilà trois jours que nous sommes arrivés en Afrique du sud. Nous avons atterri au Cap et comme toujours dans ces cas là le changement brusque de rythme nous fait perdre nos bonnes habitudes du bord. Parmi celles-ci les nouvelles journalières. Donc voici un petit résumé des derniers jours.

« Terre en vue ! »

C’est jeudi matin au lever du soleil que nous avons aperçu les côtes de l’Afrique du sud. Cependant, la météo n’était pas pressée de nous faire arriver. A bord nous étions aussi partagés. D’un côté le rythme du bord que nous avions mis en place était bien agréable et nous avions encore beaucoup à faire au niveau de nos objectifs low-tech. Bien de quoi refaire un aller-retour à Rio… De l’autre, l’impatience de découvrir ce que nous réserve l’Afrique du Sud et Cape Town. Les considération d’ordre du confort était aussi présente mais venaient en second. Plusieurs bonnes surprises ont fait basculer la balance du côté de la joie d’arriver. Tout d’abord une belle bonite qui se jette sur notre ligne (seule prise de la traversée). Ensuite quelques Dauphins et surtout un défilé d’otaries! Plus nous approchions et plus le paysage de la montagne de la table se précisait, plus la faune était présente et accueillante. Pour arriver en beauté le vent a fini par se lever et nous avons envoyé le spi. C’est finalement en fin de journée que Louis-Marie nous accueillait aux pontons du centre ville. Dernier clin d’œil à nos âmes d’aventurier, nous sommes voisins de ponton de Mike Horn, grand aventurier sud-africain.

Depuis le programme est simple : remise en forme ! De l’équipage tout d’abord. Ce n’est pas que nous ayons manqué de provisions à bord, mais depuis notre arrivé nous mangeons comme quatre. La douche journalière est une bénédiction, avec eau chaude ! Nous reprenons aussi les footings et les étirements avec plaisir. Remise en forme du bateau aussi, nous comptons faire escale encore 4 jours pour finir de réparer ce que nous ne pouvions pas faire pendant la navigation. C’est aussi l’occasion d’un grand nettoyage bien nécessaire. Côté Low-tech embarquées, le réaménagement de l’hydroponie avait déjà été bien entamé par Corentin. Nous allons maintenant nous atteler à la salle des insectes (objectif : passer de 2 à 5 familles) et au magasin (objectif : avoir un magasin digne de ce nom). Un projet de nouveau poulailler est aussi en réflexion. En parallèle Elina, Hugo et Louis-Marie sont déjà en train de partir à la chasse au low-tech locales qui va les mener vers de nouvelles découvertes…

Clément

Ça sent la fin…

Plus que 160 milles, c’est-à-dire qu’avec notre moyenne actuelle, dans à peine 32 heures, nous serons arrivés. Alors, heureux ? Oui et non. Oui pour l’Afrique du Sud, pour les nouvelles low-tech, les rencontres, les nouveaux partenaires. Oui aussi pour reprendre contact avec la famille, les copains, les collègues. Oui parce que c’est cool de planter la pioche, d’être sur la terre ferme, de s’assoir à une table et de manger bien chaud avec les mains propres. Et oui pour la douche chaude, le lit bien sec et les vêtements propres. Mais non parce que arriver à terre, c’est ne plus être en mer. Et la mer, c’est sacrément sympa. Être en mer c’est être coupé du monde, coupé du temps. Plus de voitures, plus de train à prendre, plus de rendez-vous, d’internet, de Facebook, plus de télévision, de téléphone, plus de courses à faire, plus d’infos, d’attentats, de hausse du chômage, de crise économique, de guerre et de planète qui court à sa perte.  Être en mer, c’est avoir une paix royale, c’est avoir une vie rythmée par le vent, par les vagues et par les copains à bord. Vivre en mer, c’est se lever le matin et boire son café en terrasse 4 étoiles avec vue sur mer en regardant le soleil se lever. OK, parfois ça bouge trop, c’est humide et il fait froid. Parfois les vagues tapent tellement qu’il est presque impossible de dormir. Souvent on rêve d’un repas chaud, d’une douche chaude, de vêtements propres et secs. Parfois aussi on a l’impression que le temps n’avance pas, que chaque jour ressemble au précédent, que l’océan à perte de vue ne va plus jamais nous laisser entrevoir un morceau de terre. Et pourtant à chaque fois on y retourne, et avec plaisir. Pourquoi ? Parce que, pour tout ça, pour les galères comme pour les plaisirs, la vie est mer c’est drôlement chouette.

Kenavo !

Hugo

Et les étoiles…

Ce sont les compagnonnes de nos nuits. Compagnonnes plutôt infidèles car elles ne se sont pas montrées si souvent. Ces derniers jours nous avons la chance que la Lune se lève tard. Cela nous permet d’observer une riche voute céleste sans aucune pollution lumineuse. Tout d’abord, il y a Orion qui descend de l’hémisphère nord jusqu’ici. Pour nous en l’absence de grande Ours c’est la plus facile à repérer. A partir d’elle c’est tout un nouveau ciel de nuit à explorer : Centaure, Mouche, Compas… et la croix du sud ! La croix du sud est la constellation mythique de cet hémisphère. Elle est constituée de 5 étoiles qui forment une croix et qui sont le pendant de l’étoile polaire pour se repérer de nuit. Ce symbole fort est présent dans tout récit des mers du sud et sert d’emblème sur le drapeau de nombreux pays (Australie, brésil, nouvelle-zélande, Papouasie nouvelle-guinée…). Nous avons mis du temps à la trouver car elle n’est pas visible toute la nuit, mais maintenant c’est une vraie référence.

Clément

Blettes comme choux !

Nous sommes à quelques jours de l’arrivée à Cape Town. A l’heure où je vous parle la notion de verticalité a de nouveau disparu de notre univers. Nous traversons le dernier coup de vent de l’étape. Nous remontons contre le vent. Dans le monde de la voile on appelle ça « faire du près », nous sommes donc contre les vagues, source de tous nos ennuis. Quand le vent vient du coté on appelle ça « faire du travers », pourtant c’est quand on fait du près que tout va de travers! Bref ce n’est pas pour remettre en question le vocabulaire des marins que je vous écris : nous fêtons les 8 mois d’expédition depuis notre départ de Concarneau ! Le moment de faire un point sur une low-tech dont je m’occupe à bord : la culture hydroponique.

Le principe est simple : la plante pousse dans de l’eau chargée de nutriments et ses racines s’accrochent sur un substrat inerte. Cette méthode de culture nous a attirés car elle économise entre 3 et 10 fois la quantité d’eau nécessaire et permet de cultiver là où la terre est impropre à la culture. Idéal donc pour faire pousser des plantes dans un désert, en ville… ou sur un bateau ! C’est une vieille technique dont on retrouve des traces chez les Égyptiens ou les Aztèques. Elle a aussi été développée par la NASA pour nourrir les cosmonautes, par l’industrie agroalimentaire pour faire pousser nos légumes sous serre, et depuis peu par des amateurs qui font pousser discrètement des plantes vertes dans leurs placards. Mais étonnement, malgré son potentiel pour contrecarrer des carences alimentaires dans certaines zones du monde, nous n’avons pas répertorié de version low-tech intéressante. Une mission pour le Low-Tech Lab !

Nous avons donc installé sur le bateau une serre de 25m². Et depuis 8 mois nos plantes ont connu une vie on ne peut moins végétative…

Phase 1 : La friche
Nous avons commencé par semer un grand nombre d’espèces dans différents systèmes d’hydroponie. Objectif : tester toutes les plantes que Jean-Pierre, notre expert ethno-botaniste, nous a conseillées, afin de sélectionner celles qui répondent le mieux à nos critères : nutritives, entièrement comestibles et à croissance rapide. Mais deux mois plus tard nos plantations ressemblaient à ces misérables plates-bandes qui vivent dangereusement entre les 2 voies d’une autoroute… Conclusion : trop de paramètres en jeu pour nos mains pas encore très vertes, concentrons nous d’abord sur la technique, ensuite sur le choix des plantes.

Phase 2 : La révolution verte
En juin pendant notre escale au Cap Vert, 2 experts nous ont rejoint : Sergio, un maraicher local qui utilise l’hydroponie (car son pays importe la quasi-totalité de ses légumes à cause du manque d’eau), et Thomas, expert de l’entreprise Général Hydroponics Europe, qui nous accompagne depuis plusieurs années. Ensemble nous avons mis au point un système simple et très économique : un tuyau fermé aux extrémités, coupé en 2 dans la longueur, rempli avec des graviers de roche volcanique, de la paille et de la fibre de coco. Nous y avons principalement planté des blettes pour limiter le nombre de paramètres le temps de nous faire la main. Et en quelques semaines la serre a été envahie par la verdure ! La rançon du succès a été de manger des blettes à toutes les sauces. Emballés par ce système, nous avons alors créé un logiciel de suivi nommé « NASA du low-tech » pour mesurer les ressources nécessaires et la productivité. Nous contrôlons le pH et l’électroconductivité de la solution nutritive et pesons ce que nous récoltons et l’arrosage.

Phase 3 : L’envahisseur
En juillet nous avons rencontré au Brésil des passionnés de permaculture. Ils nous ont offert des espèces intéressantes d’un point de vue nutritif, mais catastrophiques d’un autre point de vue… (nous approfondirons ce point dans un prochain article). Les semaines qui ont suivi ont été marquées par une guerre sans relâche contre les pucerons, chenilles et moucherons ! Attaques au napalm bio, traques interminables, menaces et intimidations… Les deux camps ont connu des pertes importantes. Seules les poules sont sorties victorieuses de cette phase (en mangeant les victimes).

Phase 4 : Cradle to Cradle
En août le biofiltre/lombricompost que Thomas nous a installé au Cap Vert était prêt. Le jus produit sentait bon l’humus d’une forêt pleine de champignons après une pluie d’automne. Nous avons alors organisé une compétition entre deux rangées d’amarantes (plante dont le goût est proche des blettes) : la première arrosée par une solution nutritive du commerce et la seconde par notre jus. Cette dernière est très vite devenue jaune, blanche, vert foncé et perdait ses feuilles. On a cru avoir mis au point un herbicide révolutionnaire. Mais après quelques ajustements de pH et de dilution les croissances sont devenues comparables entre les 2 rangées. Une victoire : nous sommes devenus des alchimistes du végétal, capables de transformer des épluchures de carottes en feuilles de blettes !

Phase 5 : L’apocalypse
Nous aurions du nous méfier. Le dicton du jour disait « A la saint-Placide, le verger est vide ». La serre a été dévastée par un coup de vent. Depuis ce jour est classé à l’ordre des grandes extinctions pour le bateau au même titre que celle qui a tué les dinosaures pour la planète.

Phase 6 : Le printemps arable
Cette remise à plat nous a permis de faire un bilan et sortir les premiers chiffres de la NASA du low-tech. Pour chaque m² notre système produit 50 grammes de blettes par jour, ce qui parait pas mal. Par contre il consomme beaucoup plus d’eau que prévu : plus de 5 litres par m² et par jour ! Mais nos experts sont sur le coup, nous sommes en train d’optimiser les systèmes pour limiter l’évaporation, mieux gérer la densité, l’arrosage et la méthode de récolte. Et bientôt on saura faire pousser des blettes dans le désert, un appartement ou sur les océans avec 3 fois rien ! En attendant, ne pas se lasser des blettes, ne pas se lasser des blettes, ne pas se lasser des blettes, ne pas….

Corentin.

Coup de vent d’Histoire-Géo

Après une nuit tumultueuse, avec des vents allant de 45 à 52 nœuds, on se réveille tous fatigués mais tout de même heureux de voir le bateau à peu près en ordre. Cette petite tempête on l’avait bien préparée ! Une fois que le vent fut calmé aux alentours de 10h, on a pu commencer les activités ! En quelques mots aujourd’hui c’est : nouvelle agencement du carré par Corentin, tutoriel du rouet plastique par Hugo, cuisine par Clément dont un crumble aux pommes par moi. La journée s’est terminée sur un exposé sur l’Afrique du Sud.

Tout d’abord, l’Afrique du Sud, c’est une histoire compliquée mêlant les Néerlandais, puis les Anglais qui empiètent le territoire des Zoulous. Si l’Afrique du Sud attire autant de nos jours c’est surtout pour ses innombrables richesses naturelles : l’or (40% des réserves mondiale), le charbon et les diamants. L’apartheid établi par les descendants des Néerlandais en 1934, instaure une séparation géographique, politique et économique des blancs et des noirs. Un grand défenseur de l’égalité des peuples : Nelson Mandela, fut condamné en 1963 puis libéré en 1990, un an avant l’abolition des dernières lois de l’apartheid. Au niveau économique, l’Afrique compte parmi l’une des trois premières puissances économiques du continent Africain. Pourtant on retrouve l’Afrique du Sud qu’au 121ème rang mondial du classement de l’IDH en 2012. Si on devait retenir qu’une phrase de ce pays où nous débarquons bientôt ce serait : un énorme pays, pourvu d’une grande diversité autant naturelle que culturelle, mais où malheureusement les inégalités ethniques sont encore bien marquées.

Elina.

Greenwich

Aujourd’hui nous avons passé le méridien de Greenwich et somme dorénavant en longitude Est. Pas de changement apparent à bord, mais c’est l’occasion d’avoir une pensée pour les anciens systèmes de repérage en mer. En effet si aujourd’hui le GPS nous place aisément sur une carte de l’ordinateur de bord, la navigation hauturière n’a pas toujours été aussi simple. Loin des côtes, il n’existe plus de repère terrestre. Il faut se fier au ciel. Le soleil le jour et les étoiles la nuit. Le méridien de Greenwich est la référence zéro qui permet de découper virtuellement la terre en quartier d’orange. Ce sont les longitudes. Complété par le système des latitudes qui découpe la terre par cercles parallèles à l’équateur, nous obtenons un quadrillage qui permet de donner une coordonné à chaque point du globe. La navigation astronomique permet de se positionner sur ce quadrillage grâce à trois outils : Une montre précise, un sextant et les tables de référence des positions du soleil par rapport au méridien de référence de Greenwich. Aujourd’hui ce système qui demande quelques calculs et une bonne pratique pour être précis est trop peu connu des navigateurs que nous sommes. Nous nous contentons des informations du GPS, qui utilise d’ailleurs toujours le découpage du globe en longitude et latitude pour nous positionner.

A bord nous avons repris la marche tranquille vers Le Cap. La météo se montre favorable et nous avançons bien, tout en ayant assez de confort pour pouvoir améliorer le bateau. Les poules semblent reprendre du poil de la bête et nous commençons à espérer revoir des œufs. Corentin s’occupe de réaménager la serre avec un nouveau système d’hydroponie et les différentes avaries du bord semblent durablement solutionnées. Nous commençons à préparer notre arrivée au Cap sans doute fin de semaine prochaine. D’ici là il nous reste encore 800 miles d’océan à faire passer sous nos étraves…

Clément

Homard m’a tuer

Tristan da Cunha est une charmante petite aire de repos sur le périphérique du monde. Ne pas louper la bretelle, c’est la seule entre les sorties Rio et Cape Town. Parfait pour se réapprovisionner en eau douce et patates.

Un volcan de 2000 mètres d’altitude et des falaises tout autour. Sur la côte nord, une plaine un peu vallonnée recouverte d’herbe bien grasse, coupée par quelques ruisseaux et broutée par des centaines de vaches et de moutons. C’est là que les 300 Tristanais ont planté leur village, un clocher, un pub et une épicerie. Ça ressemble au village des hobbits dans le Seigneur des Anneaux. La différence c’est que jamais le méchant Soron ne viendra les déranger avec ses histoires d’anneaux. Difficile d’imaginer plus isolé. Pas d’aéroport, juste un bateau de pêche qui passe à peine une fois par mois. Parmi les quelques voiliers qui passent dans la région, seuls les plus chanceux tombent sur un temps assez calme pour s’ancrer. Autant dire que leur économie ne repose pas sur le tourisme. D’ailleurs je pense que notre passage a marqué le pic de fréquentation touristique de l’année.

Tous justes débarqués on a été reçus par Léo, jeune scientifique français dont le travail est de surveiller les ondes sismiques qui touchent l’île. On a pu déployer nos jambes (sur le bateau on n’a pas du parcourir plus d’1 kilomètre en 17 jours) et il nous a fait découvrir Tristan. Coté low-tech c’est un peu décevant. La gestion de l’énergie, de la nourriture, et des déchets n’est pas très inspirante. Mais c’est passionnant de comprendre comment une communauté si isolée fonctionne (nous allons écrire un article  à ce sujet).

Nous sommes restés 2 jours, puis le vent s’est levé et nous avons du lever l’ancre. Escale mémorable aussi niveau gastronomique. Moi qui fais l’expérience d’être végétarien depuis 4 mois, j’ai du faire une petite entrave. Enfin une grosse… La veille de notre départ était un jour de pêche de homards, spécialité de l’île. Un succès : la meilleure prise de la saison. Erik, qui est comptable-pêcheur-agriculteur-dépeceur de homards nous en a offert une caisse pleine. Plusieurs kilos. Depuis on en mange à toutes les sauces. Comme un sportif qui se dope, j’espère que ça ne se verra pas à la prochaine prise de sang et que Véro, le médecin qui nous suit, n’y verra que du feu…

Tenez bon la barre.

Corentin

Du pain et des voeux

Après une pluie accablante ce matin, nous avons enfin vu le soleil cette après-midi ! Pour l’occasion Clément nous a cuisiné un pain pour le goûter ! Quel plaisir d’humer l’odeur du pain chaud, tout juste sorti du cookstove !

Alors comment faire du pain sans four :

Essai n° 1 : Mettre une assiette à l’envers dans une casserole et le pain dessus. L’essai fut décevant, le feu était bien trop fort, le pain n’a pas eu le temps de monter. Niveau gustatif, très bon le pain, avec beurre et confiture, c’était parfait ! De prime, l’assiette est entièrement carbonisée, ce qui lui donne un  côté plus moderne et devient une marque distinctive. Mais l’objectif cuisson n’étant pas atteint, Clément n’a rien lâché, ce soir c’est pizza !

Entre deux plats, les poules se baladent dans le cockpit, l’occasion pour elles comme pour nous de sécher avec le peu de soleil que nous offre la journée.

A la nuit tombée commence l’essai n°2 :
Mettre les braises en dessous, c’est-à-dire dans le compartiment utilisé habituellement pour récupérer les cendres. La pâte, quant à elle, reste au dessus dans une casserole. Le feu est ainsi plus éloigné de votre pâte et logiquement la température moins élevée. La levure a donc le temps de s’activer et votre pâte gonfle d’avantage. Essai réussi ! Quel plaisir de manger bien et surtout chaud ! Merci Clément. C’est en équivoque, le meilleur cuistot à au moins 200 milles à la ronde. C’est-à-dire au moins jusqu’à Tristan !

Côté systèmes low-tech, la diversité de mon potager a été prise en photo sous tous les angles. Prochaine mission : reconnaissance des inconnus du potager. Quant à déjà fameuse « Ora Pro Nobis » dont je vous avais déjà parlé, j’ai pu la repiquer dans un pot plus grand, pour qu’elle puisse prendre ses aises. Les graines germées se portent à merveille et j’essaie d’améliorer le système. D’ailleurs si vous avez des idées, n’hésitez pas à nous en faire part. La spiruline quant à elle, est toujours en stand-by, bien rangée depuis la tempête, elle est difficile d’accès… par contre l’article technique sur celle-ci avance à grand pas !

C’est donc autour d’une pizza que nous terminons cette journée, tout en laissant notre imagination divaguer autour de Tristan da Cunha… Avec à peu près 260 habitants dont un policier, comment s’organisent-ils ?… Dans deux jours environ, nous serons fixés.

Elina

Survivalistes des mers

La réunion hebdomadaire de ce lundi matin était un coup dur. Elle a remué le couteau dans la plaie encore béante laissée par le coup de vent des 5 et 6 octobre. Tristement, à voix grave et solennelle, j’ai relu  les objectifs à atteindre avant l’arrivée en Afrique du Sud, que nous nous étions fixés à la réunion hebdomadaire de lundi dernier. Ils étaient ambitieux :

  • Passer de 60 à 100 plantes dans la serre,
  • Produire une cuillère à café de spiruline / jour,
  • Récolter 10 ml de vers de farine / jour
  • 25cl de graines germées / jour,
  • Faire un poulailler optimisé
  • Un compost qui donne 5 litres de solution nutritive pour l’hydroponie par jour,
  • 2 éoliennes qui alimentent tous les systèmes low-tech,
  • Un dessalinisateur qui donne 1 litre d’eau par jour
  • Installation du nouveau système de capteurs pour le suivi des plantes, de la spiruline et du compost.

Pendant cette énumération, dans la tête de chacun repassaient les images des blettes secouées par les embruns dans le sifflement de la tempête comme dans un film catastrophe américain. Dans les scénarios post-apocalyptiques, c’est le moment où les survivants mesurent les dégâts et l’ampleur du travail qui les attend pour rebâtir leur civilisation. C’est ce moment là de la réunion qu’a choisi un petit grillon pour escalader la jambe d’Hugo, comme pour nous rappeler le chaos qui règne aussi dans le vivarium.

Comme un général qui se prépare à un siège, Clément a ensuite passé en revue les réparations que nous avons faites et les fortifications du bateau. Il a annoncé qu’un nouveau coup de vent était attendu pour demain. Moins fort a priori, mais il faut toujours se méfier. Puis dans un discours mémorable il a su emporter l’équipage et lui redonner pleine confiance. On a perdu une bataille mais pas la guerre. Certes nos objectifs seront difficiles à atteindre, mais on va donner tout ce qu’on a. Et ce qui est sûr, c’est que jamais plus aucune tempête ne posera ses embruns sur nos plantes !

Corentin.

De nouveaux espoirs : Soleil & Escale #3

Les jours passent et la possibilité de faire escale à Tristan da Cunha se profile sérieusement devant nous. Nous n’en sommes plus qu’à quelques centaines de milles, et devrions l’avoir en vue mercredi au crépuscule. Donc forcément, quitte à se faire un faux espoir, nous nous mettons à en parler sérieusement, sans trop savoir si nous pourrons y faire escale, ni à quoi nous attendre si par bonheur c’est possible.
Un petit point culture pour commencer et pour comprendre pourquoi cet archipel agite autant notre curiosité. Tristan da Cunha est un archipel de cinq îles situé à 2 800 km à l’ouest de l’Afrique du Sud, et à 3 360 km à l’est de l’Amérique du Sud. C’est, aux dires de certains, l’île la plus isolée au monde. Elle n’est accessible que par la mer, et au mieux à 7 jours de mer du Cap, lorsque la météo est favorable. Une colonie de 270 personnes y est installée depuis deux siècles et tient à préserver son mode de vie isolé du monde extérieur. Côté nature : volcan en activité, sources chaudes, chutes d’eau, espèces endémiques, baleines, dauphins et orques sont au rendez-vous ! L’opportunité de faire escale dans un endroit comme ça, ça se présente donc assez rarement !
La pause de midi est l’occasion d’imaginer quelle peut être l’ambiance sur ce petit morceau de terre si particulier. Clément est optimiste : « Apparemment ils accueillent les visiteurs dans un logis avec lits doubles, douche chaude, sauna, piscine et mouton à la broche. ». Nous, on plonge. « Ah ouais ?! Excellent ! ». Et ça rigole… Bref, nous espérons que la météo sera de notre côté sur ce coup là. Un peu de repos à terre redonnerait du moral aux troupes et permettrait de refaire quelques provisions pour le restant du voyage.
Kenavo !

Hugo

De nouveaux espoirs : Soleil & Escale #2

Samedi 8 octobre 2016

Bonne journée où le quotidien peut s’installer lentement, mais dès la nuit tombée le vent fraîchi et la nuit s’annonce mouvementée. Cependant nous sommes au portant, ce qui permet de mieux supporter la houle soulevée par un vent à 30Nds. Arrivant par l’arrière, bien formée, elle nous ferait presque surfer. Dans les grains qui sont courts et violents nous atteignons les dix nœuds sous génois seul !
Niveau bricolage nous seront bientôt parés pour un prochain coup de vent. Celui-ci s’annonce pour la journée du 11 octobre. Il devrait être moins fort et plus court que le précédent . Nous sommes sereins. Il n’y a pas tant que ça à réparer mais chaque bricolage nécessite plus de temps qu’à terre quand on est chahuté dans le bateau.
Nous commençons à réfléchir sérieusement à une escale de quelques jours à Tristan da Cunha. Le problème est qu’il n’y a pas de ports pour se mettre à l’abri. Du coup il faut une météo clémente pour pouvoir rester au mouillage. Mais nous approchant des 40èmes et la force des éléments se fait rarement oublier. Cependant nous étudions un petit créneau qui pourrait être le bon. Affaire à suivre…

Clément

De nouveaux espoirs : Soleil & Escale #1

Apres la tempête le beau temps !! Après deux jours de tempête avec des vents avoisinant les 50 noeuds nous voyons enfin le soleil ! Les systèmes low-tech ont été mis à rude épreuve. Autant dire que le bateau était sans dessus dessous. Pas si facile le vacarme de la tempête ; deux jours sans soleil, sans pouvoir faire grand chose à cause de la houle, avec la moitié des systèmes qui s’effondrent autour de vous, le moral y prend forcement un coup. Mais pas de temps à perdre, nous avons normalement trois jours de prévision de temps calme. Juste le temps de remettre le bateau en ordre et de se préparer pour une éventuelle dépression…

Nous avons fait 1/3 du chemin alors on n’est pas à l’abri de nouveaux coup de vent… Ce dont on est maintenant sûr, c’est que le Nomade des Mers est assez solide pour supporter ça et nous aussi !
Dès le réveil, on profite des premiers rayons du soleil ; c’est activité étendage pour tout le monde, voir même lessive pour les plus motivés. Draps, vêtements, duvets, matelas, coussins… tout y passe. Oui, un bateau c’est rarement 100% étanche. Puis les activités se répartissent : bricolage, rangement, mécanique …
Malgré ces remous, nous profitons du soleil et d’un bon repas chaud (je précise), juste ce qu’il nous fallait pour se remettre de la tempête et savourer cette belle journée si calme (on fait que du 6 noeuds).
Un vrai luxe !

Elina

Contre vents & tempêtes

Salut,

Nous sommes au milieu de nulle part, à environ un tiers de la route pour l’Afrique du Sud.

C’est un monde hostile, fait d’eau salée, de nuages et de vent. Les vagues nous balancent dans tous les sens. Le bateau s’est transformé une machine à laver géante, qui doit tourner à l’envers puisqu’elle a tendance à tout salir. Par exemple, on est dans le cockpit, soudain le bateau tape, un bruit sourd, une déferlante arrive, quelle taille? à ce moment là on n’en sait rien.  Un quart de seconde et elle débarque, emporte au passage de la terre des plantes, éclate dans le cockpit. Quelque part le fracas d’autres objets qui tombent retient l’attention, mais il faut rester concentré : à la fois s’accrocher, se protéger de l’eau et scanner rapidement les objets alentours pour réussir à retenir le plus précieux d’entre eux du destin tragique qui l’attend.

Chaque déplacement devient un petit défi. Un peu comme les cosmonautes quand ils lâchent une prise pour rejoindre tranquillement en apesanteur une nouvelle prise. Mais ici c’est plus violent. Il faut bien anticiper la direction dans laquelle la prochaine vague devrait nous envoyer. Quand on se sent prêt et que la vague tape la coque on lâche sa prise, le corps est alors projeté en ligne droite comme un boulet de canon sur la trajectoire plus ou moins calculée. Sans chercher à lutter contre l’inertie de son corps il faut alors enjamber les obstacles répandus partout jusqu’à, dans le meilleur des cas, se réceptionner sur la nouvelle prise. Dans le pire, s’écraser contre un objet qu’on espère stable et non dangereux.

Enfin il y a l’humidité, qui arrive on ne sait pas bien comment. Les hublots qui fuient ? Les gouttes qu’on rapporte à chaque fois qu’on sort ? La condensation ? Sans doute une combinaison de tout ça. Résultat tout mouille, goutte, suinte, luit jusqu’au sac de couchage froid et poisseux qu’on enfile en espérant qu’il va vite retrouver notre température corporelle. On déploie alors enfin notre corps contracté toute la journée par les mouvements du bateau. Dans une ambiance de guerre de tranchée, il faut alors trouver quelle position adopter pour que les bombardements affectent le moins possible le sommeil.

Bref la région n’est pas accueillante, on comprend mieux pourquoi on n’y croise personne. Dans les jours qui viennent les conditions devraient s’améliorer, on va pouvoir se refaire une santé.

A bientôt,

Corentin et l’équipage du Nomade des Mers.

Un dîner presque trop parfait

A table !

Certains pourront s’étonner que je me sois dévoué, moi, ascète endurci, à l’écriture d’un petit papier parlant… de nourriture. Mais puisque personne ne parle mieux d’amour qu’un bon vieux curé de campagne, laissez-moi vous en toucher un mot.

Après cinq jours de Transatlantique, nous pouvons fièrement affirmer que nous avons à bord les meilleurs cuisiniers du fuseau horaire. En bons français, nous nous sommes engagés dans cette belle aventure humaine les cales pleines de mets aussi divers que variés, afin de redécouvrir chaque jour le sens du mot « Manger ».

Oseriez-vous vous-même vous engager dans cette belle aventure culinaire, que les fourneaux des Nomades des Mers n’en finirait pas de vous ravir les papilles ! Même si nos installations ne payent pas de mine, vous vous laisseriez envoûter par des saveurs venues de pays lointains et par d’autres encore inconnues de vos papilles, uniques au monde, n’ayant rien à envier aux cuisines de l’Espadon ou du Pré Catelan.

Parlons de saveur, oui, mais n’en oublions pas que la nourriture est, comme le disent si bien nos voisins anglais, le « fuel » du corps humain. Alors qu’en est-il de la cuisine des Nomades ? Vitamines, protéines, lipides, glucides, minéraux, oligo-élements, electrolytes… Tout y est ! Un équipage bien nourri c’est un équipage en bonne santé, et celui de Nomade des Mers pète la forme !

Pour achever de vous mettre l’eau à la bouche, laissez-moi vous dévoiler une toute petite partie du grand talent de nos chefs cuisiniers. La carte de Nomade des Mers, c’est :

  • Pain aux insectes et aux figues, cuit à l’ancienne au charbon de bois ;
  • Salade grecque à la mode d’antan, et son volupté de maïs aux noix de cajou ;
  • Soupe chinoise aux nouilles de riz, petits légumes et épices d’Orient ;
  • Muesli de fruits de saison et sa sauce Dulce de Leche ;
  • Salade de blettes « bateau » et sa vinaigrette maison traditionnelle valenceoise ;
  • Tartiflette de pommes de terre et de manioc aux vers de farine et cumin ;
  • Fejaos à la Chatelperron ;
  • Velouté de spiruline et sa sauce au miel ;
  • Crêpes de farine d’insectes au beurre salé ;
  • Sucré de maïs à la coco et aux amandes ;
  • Et bien d’autres…

Tradition française oblige, les grands chefs de Nomade des Mers se sont mis au défi de repousser chaque jour les limites de la gastronomie embarquée afin de proposer à l’équipage des plats toujours plus savoureux et originaux. Ne vous étonnez pas de nous retrouver plus en chair à l’arrivée qu’au départ !

Tendresse et bonne bouffe,

Hugo

Compagnons de route

Depuis notre départ, nous sommes accompagnés de quelques compagnons de route. Les oiseaux sont les plus assidus et les plus nombreux, ils occupent en permanence notre sillage dont ils se décrochent parfois pour venir à l’avant du bateau et se laisser rattraper pendant qu’ils exécutent quelques vols planés à faible distance, comme pour  regarder ce qu’il se passe à bord. Ni mouettes, ni goélands, ce sont des labbes, des océanites, et des albatros. Ce dernier, emblème des mers du sud, a fini par nous faire l’honneur de sa présence après 7 jours de mer. Depuis il  en passe régulièrement à fière allure avec leur envergure de plus de 2m. Les habitants des eaux se montrent moins souvent mais nous avons été accompagné plusieurs jours par des exocets. Quelques un se sont échoués sur le pont. Nous avons aussi eu la surprise d’y ramasser des calamars ! Après un petit temps d’observation nous avons fini par les voir qui sautent à la verticale hors de l’eau comme des fusées. Surement une technique qui tout comme l’exocet lui permet d’échapper à un prédateur. Evidemment retomber sur le pont les mets à la merci des prédateurs que nous sommes. Les calamars sont bon, les exocets sont trop joli, on les relâche…
Côté cétacés nous sommes déçus. Il est juste passé un petit banc de dauphin un matin. Mais ils ne sont pas resté suffisamment pour que tout le monde les voient.
Espérons que le tableau des observations se complète par la suite. Nous essayons d’être attentifs, mais les bricolages, réunions d’équipes et lowtechs nous éloignent souvent des postes d’observation.
Avec Hugo nous prévoyons de pêcher autant par soucis de découverte que pour améliorer le quotidien.
A suivre…

Clément

Escale à Rio : Un Carnaval de Low-Tech et de rencontres.

Un écrin meurtri :

Jurujuba (c) GoB

Rio de Janeiro, signifie « rivière de janvier » en portugais, car c’est par un mois de janvier que les colons portugais sont entrés pour la première fois dans l’écrin de la baie de Guanabara. Surnommée « cidade maravilhosa » par les brésiliens c’est sans peine que nous comprenons pourquoi en imaginant béats la tête qu’ont du faire les premiers hommes qui ont découvert ce cadre naturel. Une baie immense, encadrée par des langues de terre desquelles jaillissent des dômes de verdures couverts de jungles, havres de macaques et toucans. C’est au mois d’août que nous sommes arrivés, en plein dans l’effervescence des jeux olympiques, la ville vibrait d’autant plus. Une fois le regard décroché des monolithes arborés, il s’arrête sur les buildings qui poussent à leurs pieds avant de plonger dans les eaux sur lesquelles nous voguons. Troubles, nous apprenons vite qu’il ne vaut mieux pas s’y baigner et que même si elles abritèrent jadis baleines et tortues marines nous ne pouvons en faire usage avec notre dessalinisateur. La baie de Guanabara souffre en effet de la pollution que lui inflige la cité qu’elle accueille. De nombreux quartiers de Rio n’ont pas de système de traitement des eaux usées, qui finissent leur cycle chargées de saletés dans la rade. Chaque pluie draine également dans ces eaux les déchets plastiques négligemment laissés de côtés. C’est sans compter enfin l’impact des industries qui ont pris place à part au fond du golfe. Ce constat nous affecte et nous décidons qu’il faudra partir à la recherche de low-tech permettant de lutter contre la pollution plastique.

Le Nomade des Mers trouve ainsi sa place face à Rio, à Niteroi, dans la baie de Jurujuba, paisible quartier de pêcheurs et conchyculteurs. C’est là que le champion olympique de voile Torben Grael et son frère Axel ont décidé de monter il y a quinze années une école de voile singulière qui nous accueillera chaleureusement : le Projet Grael.

Projet Grael (c) GoB

Une école de voile citoyenne :

Révéler une mer d’opportunités, promouvoir une vague d’inclusion, inspirer un vent de citoyenneté et rêver d’un monde juste et durable. C’est à ces mots que le visiteur du site internet du Projet Grael. est accueilli et en s’y rendant physiquement on réalise que ce n’est pas des paroles en l’air. En effet le projet Grael est bien plus qu’une école de voile, c’est tout un projet éducatif basé sur 3 piliers :

Sport :
Activité première du programme, c’est surtout un moyen d’attirer les jeunes à suivre ces cours gratuits, financés par la municipalité, et donc accessibles à tous. De nombreux fils et filles des pêcheurs de Jurujuba suivent les formations.

Professionnel :
Entre les virements de bords et empennages les jeunes suivent aussi des formations allant de l’initiation au véritable certificat professionnel sur les métiers du nautisme : mécanique, menuiserie, composite…

Environnement :
Valeur forte aux yeux des fondateurs, le respect de l’environnement est inculqué à tous. Cela commence par une meilleure connaissance de l’écosystème dans lequel ils évoluent et s’amusent. Car quand on commence à connaître et aimer la mer on a plus de chance de la respecter ensuite. Les élèves sont donc impliqués dans des opérations comme le nettoyage des plages, auquel nous avons aussi participés. Projet environnemental principal du Projet Grael : Aguas Limpas. En partenariat avec la municipalité de Niteroi, le projet Grael s’est équipé d’un bateau collecteur de déchets qui part tous les jours récupérer les déchets flottant. Grâce un logiciel prenant en compte la météo et les courants, ils sont capable d’estimer où se trouvera la plus forte concentration de déchets et d’y envoyer le bateau.

Aguas Limpas Projeto Grael

Leur but est ainsi de former non seulement des champions de la mer, mais aussi des champions de la vie.

C’est naturellement que le Nomade des Mers y a trouvé sa place. Nous avons donc pu présenter notre projet aux 250 élèves, qui ont tous, par groupes de 10 visités le bateau. Les visites ont suscité de nombreuses questions évoluant de basiques : « Comment faites-vous pour vous laver ? » à techniques :« Quel est le rendement de l’éolienne ? » en fonction de l’âge des visiteurs, avec toutefois un certains mutisme de la part des adolescents. Toutes se conclurent par une dégustation d’insectes, qui firent l’unanimité malgré les réticences initiales, en déclenchant éclats de rire ou de dégout. Etre au contact des élèves nous a permis aussi de partager avec eux nos découvertes lors d’ateliers. Les voilà maintenant formés à l’utilisation de la fibre de jute et à la construction d’éoliennes. La relève low-tech carioca est assurée.

A la conquête de Rio :

Grâce à une base arrière solide nous nous sommes lancés à la conquête de Rio, à la recherche de solutions low-tech au problème du plastique, mais également d’alliés pour diffuser notre message. Nous poussons rapidement la porte de Goma, un espace de coworking géré collectivement par les entreprises qui y travaille et le possède. Nous y faisons la rencontre de Manuela Yamada et Bruno Temer co-fondateurs de Materia Brasil, une agence de Design responsable très engagée sur les matériaux durables et le recyclage. Bruno a récemment monté un projet en partenariat avec le WWF. En s’inspirant d’une machine open source permettant de recycler le plastique, il a développé un module fabriquant des répliques du Christo Redemptor à partir de déchets plastiques. Mis à la disposition des habitants de la favela de Cosme Velho, sur le flanc du Corcovado, ce système leur permet de générer plus de valeur en vendant les répliques aux touristes plutôt que de rapporter le plastique au recycleur. En voilà une solution créative !

Nous sommes ensuite amenés à rencontrer Gilberto Veira. Gilberto travaille pour le Fablab carioca Olabi, au sein duquel nous ferons une conférence. Engagée dans l’inclusion des populations des favelas, Olabi a monté avec l’association Observatorio de Favelas un tiers-lieux en plein cœur de la favela « non-pacifiée » de Maré. Nous décidons très vite d’organiser là-bas, avec les jeunes du quartier, un atelier autour du recyclage plastique. Grâce à un outil low-tech : l’effileuse plastique, un fil résistant peut être produit à partir de bouteilles plastiques. Sous l’effet de la chaleur celui-ci se rétracte, tenaillant instantanément la prise qu’il encercle. Il ne reste plus qu’à laisser libre court à sa créativité. Ainsi à l’issue de l’atelier une chaise a été réparée, des raquettes de ping-pong sont garnies de nouveaux manches ergonomiques et une charrette de vélo a été construite.

Nos rencontres nous amènerons aussi à présenter le projet devant des publics variés. Etudiants et professeurs de design à l’université PUC, mais aussi promeneurs et curieux lors d’une intervention publique sur la place Cinélandia, en plein cœur de Rio de Janeiro.

Conférence Cinelandia (c) GoB

Escapade Pauliste :

Comme au Maroc et au Sénégal, nous essayons à chaque escale de rencontrer les collaborateurs locaux de notre mécène Schneider Electric. La succursale brésilienne nous a donc invités à venir les rencontrer à São Paulo. Nous sautons donc sur l’occasion pour contacter le Pauliste Casé Oliveira, fondateur de l’Associaçao Brasiliera dos Criadores de Insetos (Association Brésilienne d’éleveurs d’insectes) précédemment rencontré à Recife. Celui-ci nous avait proposé de découvrir un élevage d’insecte. Le hasard ayant voulu que dans la 7e plus grande ville du monde notre logement réservé à la hâte se trouve dans sa rue nous avons même pu déguster chez lui de délicieux gâteaux aux vers de farines. Au volant de sa Fiat Panda, il nous conduisit à travers Sao Paulo tout en faisant la conversation qu’il entrecoupe régulièrement de « Ok Google », appelant la high-tech à venir combler nos lacunes lusophones. Ensemble nous poussons la porte de Q-Biofabriqua, un élevage d’insecte. Originellement l’entreprise élève grillons et ténébrions pour faire de l’alimentation pour les oiseaux, mais ils réalisent petit à petit qu’il y a un marché pour l’Homme. Sur une surface d’environ 100m² plusieurs centaines de demi-bidons sont soigneusement rangé dans des rayons, à la façon d’une bibliothèque, mais ce ne sont pas des vers de poésie qu’elle contient mais bien des vers de farine, les larves de ténébrions que nous avons à bord. Ricardo, le fondateur de l’entreprise nous partage tous les secrets d’un bon élevage qui seront retransmis dans notre nouvelle vidéo.
Pleins de pistes d’améliorations pour l’élevage du bateau nous reprenons ensuite la route direction le siège brésilien de Schneider Electric.

Nous sommes accueillis par une audience attentive, composée des collaborateurs brésiliens de l’entreprise, mais aussi de nombreux jeunes invités pour l’occasion par la firme. C’est avec eux que nous partageons ensuite les secrets de notre éolienne low-tech sénégalaise. Quelle joie de voir sur leur visage la satisfaction de réaliser qu’ils peuvent facilement construire de leurs mains quelque chose qui leur semblait compliqué il y a quelques heures. Bilan de l’après-midi : 5 éoliennes fonctionnelles et nous l’espérons 10 fois plus de cerveaux éveillés aux low-technologies.

Des visiteurs :

Pendant une semaine, le Nomade des Mers a reçu des visiteurs particuliers : l’équipe de Pimp My Fridge ! Laurie, Julie, Annie, Antoine, Florian et Max. Ils ont rempotés au mois de juin le Hackathon co-organisé par Leroy Merlin et le Low-Tech Lab à Paris. Grâce à un premier prototype de système multi-modal de conservation lowtech des aliments ils ont gagnés leurs billets d’avion pour Rio de Janeiro afin d’installer leur système sur le bateau.

Au bout d’une semaine de bricolage leur nouveau prototype trouve sa place sur le Nomade des Mers. Il s’agit de 4 boîtes remplissant chacune une fonction particulière. La première « sombre et humide » sert à stocker les légumes vert (poivrons, courgettes, herbes aromatiques) et les tomates qui ont besoins d’obscurité fraîche. La deuxième est une boîte spécifique pour les pommes. Responsable du murissement prématuré d’un panier de fruits et légumes il faut les conserver à part. Seules les pommes de terre ne sont pas influencées par leur pouvoir de maturation. Une troisième boîte sert à conserver agrumes, carottes, pommes de terre et oignons à l’obscurité et au sec. Enfin la dernière boîte a deux fonctions : garde-manger et déshydrateur. Combinée avec un réchauffeur d’air, le déshydrateur permet de sécher les fruits et légumes arrivant à maturité pour prolonger leur durée de vie tout en conservant tous leurs bienfaits.

Ainsi après un mois et demi d’escale le Nomade des Mers doit se préparer à repartir. Le bateau s’apprête à affronter les 6000km (ou 3274,3 miles nautiques) qui le sépare de sa prochaine escale : le Cap, en Afrique du Sud. La navigation doit durer 30 jours, mais après cette escale l’équipage n’aura pas le temps de s’ennuyer. Relancer la production d’insectes grâce aux conseils de Ricardo et Casé, améliorer l’éolienne grâce aux retours des ateliers, lancer le tri des déchets à bord et recycler le plastique à bord. Mais heureusement que pour venir à bout de tout cela ils auront des fruits et légumes frais le plus longtemps possible.

Départ Nomade des Mers (c) GoB

De l’eau devant l’etrave

Bom dia,

On est partis de la baie de Rio mercredi matin, direction l’Afrique du Sud ! Cette étape sera plus longue que les précédentes : 3300 miles nautiques (environ 6000 kilomètres). Nous avons hésité à décaler le départ parce que les prévisions donnaient un vent faible. Finalement le vent est bon et nous permet de faire cap quasi direct à une vitesse de 6 nœuds. Nous communiquons avec Bernard et Gwéno pour le routage. Nous prévoyons de naviguer environ 30 jours avec, si le temps le permet, une escale à Tristan Da Cunha, l’île la plus isolée du monde! Pendant les premières 24h nous avons croisé pas mal de cargos et bateaux de pêche, mais maintenant plus rien, juste de l’eau, le ciel et cette grande ligne qui fait tout le tour.

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On part avec de bons souvenirs de Rio : un élevage de grillons offert par Casé , une statuette du Corcovado faite avec des déchets de bouteilles plastique recyclés par la presse low-tech de Bruno , un système de tri des déchets inspiré par Silvia , des capteurs pour suivre la température, le pH et l’électroconductivité des plantes grâce à Cosme , un gros stock de fejaos (les haricots rouges locaux), le plein d’idées et du matériel pour fabriquer de nouvelles low-tech. Le mauvais souvenir, c’est toutes les espèces de mini crevettes qui nous collaient à la peau par milliers et nous démangeaient quand on nettoyait la coque le matin du départ.

Les poules ont continué leur routine comme si de rien n’était. Comme d’habitude Doudou le coq a chanté à 3h du matin (il est bloqué sur le fuseau horaire du Cap Vert, son pays natal). Le premier jour a été bien actif, nous avons rangé Nomade des Mers, parce qu’après plus d’un mois ancré dans la baie il ressemblait plus à une caravane qu’à un bateau. Pendant cette escale la pièce « magasin » où l’on range le matériel de bricolage a été appelé « la cave », puis « la favela » et enfin « la décharge ». Comme c’est aussi ma cabine, on a décidé de réagir.

Sur les conseils de Jean-Pierre on a semé du blé, de la luzerne, de la roquette, de la tetragone, de la baselle, du pourpier, de la coriandre et du persil. Les dernières semaines je n’ai cultivé quasiment que des blettes, jusqu’à sentir récemment un petit ras-le-bol de l’équipage. Pourtant les blettes ça pousse vite, dans toutes les conditions et toute la plante est comestible. Dommage que le goût ne soit pas meilleur…

On est bien décidés à reprendre en main l’écosystème embarqué, que nous avons un peu trop délaissé avec toutes nos activités à Rio. Nous nous sommes répartis les taches :
– Elina s’occupe de la spiruline et des cultures en terre.
– Hugo gère le compost et les insectes.
– Clément s’occupe du dessalinisateur solaire, la récupération de l’eau de pluie, la gestion du stock de nourriture et de la navigation.
-Je prends soin des poules, de l’hydroponie et de l’électricité.

Les grillons chantent, c’est bon signe. On espère que tout va bien aussi chez vous,

A bientôt,

Corentin.

C’est la rentrée pour le Low-tech Lab

Depuis la rentrée 2016, le Low-tech Lab intervient lors des séances de Temps d’Activité Périscolaire (TAP) dans les écoles élémentaires de Concarneau. A raison d’1h30 par semaine, l’équipe pédagogique anime aux cycles 3 des ateliers sur les low-technologies, en lien avec l’écosystème dédié à l’alimentation.

Pour les premières séances, après la découverte de l’expédition du Low-tech Lab sur le Nomade des Mers, les enfants ont le choix d’élaborer un système de culture de plantes en hydroponie ou un élevage de vers de farine. Les mêmes que sur le catamaran rouge ! L’objectif pour eux est avant tout la découverte, mais c’est aussi l’occasion de mettre à profit leurs bonnes idées en aidant les aventuriers de la low-tech à optimisant les systèmes. Eh oui, il y a des inventeurs partout !

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Le Low-tech Lab va visiter tout au long de l’année l’intégralité des écoles de Concarneau. C’est ici des séquences de 6 semaines à chaque fois. Une bonne manière de sensibiliser les jeunes générations, et de faire connaître les actions du Low-tech Lab.

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ESCALE A RECIFE au Serta, le paradis des low-tech !

“Les technologies ont une âme” Sebastiao Alves

Enfin arrivés au Brésil, après 3 semaines de navigation, le premier pied à terre est savoureux, saveur Caïpirihna au Brésil !

Nomade des Mers au Cabanga Iate Clube (c) Elaine le Floch (GOB)

Tout juste le temps de nous remettre de nos émotions et nous avons été très chaleureusement accueillis par le Cabanga Iate Clube (une des marinas de Récife) et les équipes du SERTA (Servicio de Technologie Alternativa) qui nous ont vite emmenés visiter leurs locaux à Ibimirim (5h de route de Récife vers l’Est, dans la campagne aride du Sertao) et à Gloria Do Goita. Deux paradis des low-tech et bien plus que ça…

Le SERTA est un centre de formation à l’agro-écologie et à la permaculture. Grâce à des subventions  les étudiants peuvent suivre gratuitement un an de cours, à raison d’une semaine par mois, pour se former à ses techniques et mûrir un projet. Les étudiants sont de tout âges et de tout horizons : des citadins en reconversion au agriculteurs qui veulent sortir du système de production « toxique » habituel.
La permaculture est une méthode de conception d’écosystèmes pour les habitats humains ou les exploitations agricoles en s’inspirant de la nature et de ses équilibres. Ainsi il n’y a pas une technique en particulier mais il s’agit plutôt d’un mode d’action qui s’adapte à chaque territoire et ses contraintes.

La Permaculture :

Les 5 zones

Zones de permaculture

L’une des méthodes de conception d’un espace de permaculture autonome qui revient souvent est la théorie des 5 zones, dont l’organisation (ici représentée par des cercles concentriques) est en fait très flexible et adaptable aux environnements et besoins de chacun.
– La maison est la zone 0.
– Autour, la zone 1 est celle où l’on produit ce qui demande une attention quotidienne (lapins, légumes, arbustes fruitiers, plantes médicinales, compost, biogaz),
– La zone 2 est dédiée à l’élevage (poules, cochons), aux ruches, aux légumes à cycle longs et aux arbres fruitiers qui demandent d’être irrigués,
– La zone 3 est celle de l’agriculture et du cheptel (vaches, moutons), – La zone 4 est une zone en partie administrée par l’Homme mais qui reste sauvage où l’on pourra récolter du bois et des baies sauvages.
– La 5ème zone est laissée complètement naturelle, l’Homme ne doit pas y intervenir, il peut simplement y aller pour se ressourcer et observer.

Rien ne se perd :

Un autre grand principe de la permaculture est la notion d’écosystème, de cycle naturel où tout à un rôle, rien ne se perd. Les déchets organiques sont par exemples des ressources précieuses pour faire du compost (grâce à un lombricompost) ou du biogaz. Les excréments de cochons ou vaches sont en effet récupérés pour être mis à fermenter afin d’en extraire le méthane qui est ensuite utilisé comme combustible pour cuisiner. Le surplus sert ensuite d’engrais pour les plantes.

A l’école du SERTA

Conduit par trois grandes figures, Abdalaziz de Moura le philosophe, Roberto (Antonio Roberto Fereira) et Sebstiao (Sebastiao Alves), les inventeurs géniaux et professeurs, le SERTA développe une pédagogie très spéciale, où chacun apprend par lui-même et librement. Après une dizaine de jours ensemble nous comprenons que bien plus qu’un centre de formation, le SERTA a une vision et une mission beaucoup plus vaste. 

Par la permaculture, ils cherchent à répandre un modèle de développement d’écosystèmes cohérents, en intelligence avec la nature et les besoins humains. Toutes les technologies doivent donc s’inscrire dans un contexte qui justifiera leur pertinence. 

Le développement de tels écosystèmes nécessitant un niveau conscience et de convictions fort, le rôle du SERTA est donc d’ aider les élèves à trouver par eux-mêmes des réponses à leurs questionnements. Plus que des connaissances ou des solutions techniques il s’agit surtout de se trouver soi-même et comprendre ses valeurs, ses choix de vie pour le futur.

De grands moments de partage !

A Gloria Do Goita l’équipe a animé un atelier de construction d’éolienne low-tech à partir modèle inventé au Sénégal. Les étudiants ont été très impliqués dans la construction de cette low-tech qui, comme on nous l’a expliqué, pourrait aussi trouver son utilité ici pour électrifier des habitations rurales ou, plus original, pour éclairer les chantiers de réhabilitation agricole qu’entreprend la mairie.

Samedi, les deux professeurs du SERTA, Roberto et Sebastiao sont venus visiter le bateau. Ils nous ont complimentés, mais en bons professeurs aussi beaucoup critiqués. Des conseils très instructifs, nous avons du pain sur la planche…

Nous avons appris que :

  • Même si nos poules vont bien, il faut améliorer leur poulailler pour qu’elles soient vraiment heureuses : construire une vraie zone de loisirs et surtout mettre de la paille pour répondre à leur besoin vital n°3 après manger et boire : se gratter.
  • Nous pourrions améliorer le design de nos pales d’éoliennes low-tech (pour l’instant faite de tubes PVC coupés en biseau). le SERTA a une technique pour ça.
  • Il faudrait améliorer la serre.
    Comme l’a dit Roberto :
    “Il fait trop lourd ici pour moi. Et si nous humains ne nous sentons pas bien dans un endroit, les plantes non plus, c’est simple!”
    Il faut donc mieux ventiler et assombrir avec un tissu noir maillé comme on met dans toutes les serres ici. C’est qu’on est plus en Bretagne !
  • Le choux est beau mais beaucoup trop exigent en minéraux. Il cannibalise les autres plantes. Il faudrait l’enlever et le remplacer par quelque chose de plus “rustique”, moins consommateur. (Ce sera au grand désespoir des poules car c’est leur friandise préférée…)
  • Il faut que nous expérimentions les graines germées de haricots pour l’alimentation. On est dans le bon pays pour ça ! Le fameux feijao (dont il existe tant de variétés) peut germer en quelques jours et offrir une nourriture très riche.

En parallèle de nos activités avec le SERTA nous avons rencontré Ginaldo, qui développe l’elevage d’insectes comestibles au Brésil. L’usage est plus destiné à l’alimentation animale pour l’instant mais il espère bien  conquérir le cœur et le palais des brésiliens !

Les Low-Tech font leur show

Dimanche 1er Août : branle-bas de combat!

A l’occasion de la venue du Nomade des Mers et du 27ème anniversaire du SERTA, une grande exposition sur les low-tech dans a été organisée dans le centre ville à l’occasion de la Mostra de Récife (tous les premier dimanche du mois le centre ville est fermé au voiture et accueille des artisans et projets de la région). Nomade des Mers s’est retrouvé arrimé à « Marco Zero », au coeur de la ville, pour accueillir plus de 200 visiteurs. Les étudiants du SERTA nous ont beaucoup aidé pour animer les visites guidées en brésiliens, encore un immense merci à eux tous !

Nous serions bien restés un peu plus ici mais nous devons déjà repartir pour notre prochaine escale à Rio. La météo de la suite de l’expédition nous presse.

Avant de partir nous voulons redire encore nos immenses remerciements au SERTA, ses professeurs et étudiants, au Yacht Club du Cabanga, et surtout à Laurent B, Noël et Johanna pour leur accueil et leur aide si précieuse ! Comme on dit ici : Abraços!

Marco Zero 3 (c) Elaine le Floch (GOB)

Le biofiltre pour des engrais 100% à base de matières organiques

Thomas Blangille est passioné d’hydroponie mais surtout de bioponie (concept de William Texier, contraction d’hydroponie et de biologique). Il travaille pour General Hydroponics, notre entreprise partenaire.

Thomas Blangille

Thomas nous a appris à construire un “biofiltre” c’est à dire une technologie capable de faire de l’engrais qu’on peut utiliser en hydroponie. Cette solution qui permet de produire des engrais à base de déchets organiques est intéressante car elle permet de remplacer les engrais de type “minéraux” habituellement utilisés pour l’hydroponie et qui proviennent de mines et sont donc non renouvelables (phosphore, soufre).

Le biofiltre est un genre un lombricompost amélioré, démonstration :

Dans la couche supérieure un lombricompost produit un jus de compost qui passe dans un second niveau où il est digéré par un champignon (trichoderma).
De l’eau venant de l’étage du bas est remontée grâce à une petite pompe (branchée sur notre éolienne low-tech) et lessive le mélange pour obtenir une solution d’engrais minéraux assimilables par les plantes en hydroponie.

Tous ces systèmes sont en route mais on ne sait pas encore ce qu’ils vont donner, pour savoir en temps réel ou nous communiquer vos idées, suivez nous ici ou sur Facebook !

L’hydroponie populaire de Sergio Monteiro Roque

L’hydroponie populaire de Sergio Monteiro Roque

A Sao Domingo, Sergio exploite déjà 6 serres pour produire les salades qu’il fournit aux hôtels de Praïa.

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Serre de culture hors-sol de Sergio Monteiro Roque

De parents Cap-verdiens mais étant né au Brésil, Sergio a décidé de ramener cette technologie au pays dans ses valises il y a 15 ans. Quelques financements étatiques et internationaux (FAO, BAD) lui ont permis de créer les premières serres, sans sophistication mais efficace. Pour l’instant, Sergio cultives de la salade, des herbes aromatiques et des fraises qui intéressent surtout les hotêls. Ses productions sont un peu plus chère que celles en terre mais plus qualitatives.

En plus de développer son activité, Sergio est aussi formateur en hydroponie pour les agriculteurs qui souhaitent passer à ce système.

Le souhait de Sergio est de développer une hydroponie “populaire”, accessible aux petits producteurs. Chez Sergio, pas de système d’arrosage automatique par exemple, c’est avec l’arrosoir à l’ancienne !

Dans un système hydroponique, les plantes poussent dans des bacs sur un substrat (mélange de terre volcanique au fond et tourbe au-dessus) qui sert juste à ce que leurs racines puissent s’accrocher. Les nutriments (minéraux) sont apportés dans l’eau avec laquelle les plantes sont arrosées. L’eau en trop est récupérée pour un prochain arrosage ce qui permet au final à Sergio d’utiliser trois fois moins d’eau que la culture en terre tout en nécessitant un espace plus restreint. Sergio assure également que la pousse en hydroponie est beaucoup plus efficace, 45 jours pour faire pousser les salades au lieu de 60 jours en terre.

Sergio nous a installé un système low-tech à bord !

Dans le cockpit à l’arrière, le système est aussi très simple : des demi tubes PVC remplis du même substrat que dans les serres de Sergio : tourbe au-dessus et roche volcanique en dessous pour laisser s’écouler l’eau. Pour l’instant nous avons planté des salades et du persil mais dès que possible il faudra les remplacer par des légumes feuilles qui contiennent plus de nutriments et sont plus intéressant pour notre alimentation et l’autonomie. Aussi, nous allons essayer de trouver un autre substrat que la tourbe qui est une matière organique fossile peu renouvelable.

Nous avons hâte de voir tout ça pousser, et surtout de les déguster !

En venant au Cap-Vert nous avions deux objectifs : installer un système hydroponique low-tech mais aussi savoir s’il était possible de fabriquer des engrais pour hydroponie entièrement faits-bateau… la réponse est oui !

Escale au Cap Vert : Cap sur l’hydroponie et la bioponie.

Nomade des Mers à Tarrafal

Nomade des Mers au mouillage dans la baie de Tarrafal, au Nord le l‘île de Santiago.

Dès l’arrivée en bateau près des côtes on est marqué par le paysage. Le Cap “Vert” est en fait couleur terre, montagneux et très sec ! Ici il ne pleut que 2 mois par an et ces terres de volcans, escarpées et rocailleuses ne laissent pas beaucoup de place à la verdure. C’est d’ailleurs ce qui rend l’agriculture très compliquée. Au Cap-Vert, seules 10% des terres sont cultivables et le pays est obligé d’importer 82% de ses denrées alimentaires.

Cap Vert

Comme bien souvent la contrainte pousse à la créativité. Depuis 20 ans les agriculteurs se mettent par exemple à l’agriculture en “goutte-à-goutte” qui a permis de valoriser de nombreux nouveaux terrains agricoles, produire de nouvelles variétés et représente désormais près de 50% de l’agriculture du pays.

Plus récemment, une autre innovation a émergé, la culture hors-sol ou hydroponie qui permet de cultiver sans terre et avec un minimum d’eau.Cette nouvelle technique, déjà utilisée industriellement dans de nombreux pays est intéressante pour le pays, comme le prouve L’INIDA (Instituto Nacional de Investigação e Desenvolvimento Agrário) centre de recherche agricole du Cap-Vert que nous avons rencontré.

Visite des serres de l’INIDA.
Dans de grandes serres les ingénieurs étudient la pousse des plantes avec différents engrais et créent des variétés résistantes et stables.

Mais le précurseur en matière d’hydroponie au Cap-vert, c’est surtout Sergio Monteiro Roque, entrepreneur hydroponique low-tech avec qui nous sommes venu travailler !

À la rencontre de l’association Nebeday

Après une riche escale à Dakar nous avons repris la mer vers le Sud puis le bolong du Saloum pour nous enfoncer au coeur du Sénégal, jusqu’à Toubacouta. Une navigation très agréable au milieu de la mangrove et tout ses oiseaux…

ndm sur l'eauNomade des Mers entre dans le delta du Saloum

Ici, nous sommes venus rencontrer l’association Nebedaye qui travaille, entre autres, sur la fabrication de charbon vert à base de paille pour remplacer le charbon de bois dont la fabrication est responsable d’une grande partie de la déforestation, au Sénégal comme dans le monde.

Au Sénégal, on déforeste l’équivalent de 300 terrains de football par jour, principalement pour faire du bois de chauffe puis des terrains agricoles avec des conséquences directes sur la biodiversité, le climat et la vie des villages environnants.

Jean Goepp, fondateur de l’association Nebedaye

Rencontre avec l’association Nebedaye

Nebeday mène plusieurs programmes pour protéger l’environnement local, toujours en collaboration avec les habitants de la région : protection de forêt à gestion communautaire, opréations de reforestation (opération 100 000 arbres qui débute en Juin), revalorisation de variétés locales comme le morenga aux grandes qualités nutrtionnelles, et développement du charbon vert (ou biocharbon). C’est cette dernière innovation, à fort pententiel économique, social et écologique que nous sommes venus étudier !

Programme Charbon Vert

Toute cette affaire est très bien organisée. Le charbon vert est produit en village et vendu en ville, là où le charbon est le plus consommé.

Les acteurs de sa tranformation et vente sont principalement des femmes, organisées en GIE (groupement d’intérêt économique). Un peu comme une coopérative cette organisation permet de mutualiser les coûts et les recettes. En général, les femmes font partie de plusieurs groupements (fabrication de produits d’hygiène comme les huiles ou savons, récolte de légumes, transformation de moringa) ce qui permet de limiter les variations de revenus liées à la saisonnalité et aussi d’organiser la vie autour des activités quotidiennes de manière plus flexible.

Cuisine au charbon vert : plus lent mais plus sûr.
Cuisine au charbon vert : plus lent mais plus sûr.

Les femmes de la filière consomme toutes le charbon qu’elles produisent. Cependant, comme avec toute innovation de ce genre, l’activité de vente met un peu de temps à décoler car le charbon vert est une nouvelle habitude à prendre pour les consommatrices.

Témoignage du GIE de Kaolack :
« Moins calorifique que le charbon de bois, il faut l’apprivoiser pour qu’il fonctionne bien. L’avantage du charbon vert en revanche et qu’il dure plus longtemps, revient un peu moins cher, ne risque pas d’exploser à la cuisson et surtout, permet de sauver un peu la forêt ! »

Étapes de fabrication du charbon vert :

1. Récolte de la paille dans les champs.

recolte paille

2. La paille est mise dans des fûts en métal pour être carbonisée.

fut

3. Le feu est mis dans le tonneau puis celui-ci est refermé et bouché avec du sable mouillé pour créer une combustion sans oxygène.

carbonisation

4. Le poussier est mélangé à de l’eau argileuse puis mis à sécher.

5. Arrivé en ville, le poussier est de nouveau mélangé à de l’eau de manière à former une pâte qui pourra être pressée.

pâte

6. La pâte de charbon est pressée manuellement puis empaquetée pour être vendue.

Nous avons fait l’acquisition d’un réchaud à charbon pour la cuisine à bord et espérons prochainement faire notre propre production de charbon vert. Nous vous tiendrons informés 😉

Cinecyclo : Makers entrepreneurs

Des génératrices Made in Sénégal pour du cinéma itinérant à vélo.

Nous sommes arrivés à Dakar le 10 avril pour travailler avec les makers de Dakar sur la construction d’une éolienne en matériaux locaux et de récupération. Deux semaines d’ateliers de bricolages intenses et productifs !

Les ateliers prennent place dans le cadre du Festival AFROPIXEL#5 créé par l’association Ker-Thiossäne (voir articles 2)

Alors que nous bloquons sur un point technique (impossible ici de trouver des aimants assez puissants pour fabriquer une génératrice) on nous recommande de rencontrer les gars d’un projet local « Cinécyclo » apparemment experts de la question des génératrices de récup….

C’est parti ! Avec Pierre Alain, nous nous sommes rendus à la rencontre de Cédric (Chargé de développement du projet) et Iba (cofondateur et ingénieur en chef) à l’atelier de ce dernier.

CineCyclo, une équipe de jeunes qui fabriquent des vélos générateurs d’électricité avec lesquels ils partent faire des projections de films dans tout le Sénégal.

Après avoir discuté quelques minutes avec Pierre Alain (et lui avoir donné l’idée du siècle pour notre génératrice : à savoir récupérer une dynamo de scooter comme on en trouve plein ici), Iba et Cédric ont branché en un rien de temps leur système de vélo pour diffuser un petit film explicatif de l’historique du projet :

Comment est venue l’idée ? 

Au départ, la rencontre improbable au Sénégal d’un passionné de vélo, de makers, de cinéphiles.

CineCyclo est né il y a 2 ans à l’initiative d’un jeune français : Vincent Hanrion qui s’était mis en tête de réaliser un tour du Sénégal à vélo pour faire des projections de films dans les campagnes. Rapidement, ici on l’a orienté vers Iba, électronicien de formation, connu ici pour être un super bidouilleur, en particulier de génératrices à base de récup qu’il fabrique déjà. Iba et plusieurs jeunes dakarois sont séduit par l’idée ! Le besoin est aussi important à Dakar où les cinémas sont passés de 40 à 6 en l’espace de 20 ans transformés en ruines ou des supermarchés.

En quelques mois ils prototypent ensemble un vélo relié à une génératrice capable de projeter un film et organisent la première diffusion à Dakar qui rencontre un franc succès !
Ensuite, les choses s’accélèrent, ils créent l’association CinéCyclo, l’équipe s’étoffe, notamment avec l’arrivée de Cédric, passionné de cinéma et qui travaille déjà pour SOON et Mobiciné au Sénégal. Ils trouvent des partenaires  et organisent plusieurs projections à Dakar et ses alentours. Alors que Vincent part pour son tour du Sénégal à pédales , les gars continuent l’activité ici à Dakar.

Comment voyez-vous évoluer l’association ? Quelle est l’ambition ?

Pour l’instant CineCyclo fonctionne avec des bénévoles, les « Cinecyclistes », qui se mobilisent pour faire des projections un peu partout. Ils organisent les campagnes de communication à l’avance et la logistique de l’événement est simple : on ramène les vélos et hop !

Le but pour CineCyclo est de faire les plus de projections possibles dans le plus d’endroits possible.

En Amérique du Sud aussi, deux français ont démarré un tour du continent : c’est CineCyclo Panamerica

L’objectif de CineCyclo est aussi d’étoffer son catalogue. Pour l’instant ils diffusent en priorité des films sur leur aventure, d’animation pour les enfants, mais également des films africains et de sensibilisation (sur la pratique de l’agriculture sans pesticides par exemple).

projection cincecyclo

En parallèle de ces activités, Cédric et Iba veulent continuer aussi le développement de génératrices en récup’ qui permettraient de répondre au manque d’accès à l’électricité au Sénégal.

Rappelons que seuls 33% des 10 millions d’habitants du Sénégal ont accès à l’électricité avec un taux de couverture 10% en milieu rural. L’électricité est aussi très chère ici, beaucoup plus que dans les autre pays d’Afrique de l’Ouest.

Des petites génératrices bon marché qui peuvent être fixées sur des manivelles, éoliennes, pourraient permettre à tous de produire une réserve d’électricité pour s’éclairer, recharger des téléphones, faire marcher radio, télé,  etc…

Les bénéfices issus de la vente de ces génératrices (à des ONG et particulier) permettraient de financer les projections de films : un Social Business qui tourne !

Actuellement Iba peaufine le produit, une petite génératrice low-cost, nommée « Made in Senegal » et Cédric la stratégie. L’objectif est de pouvoir lancer une commercialisation en 2017.

Quels sont vos challenges? Comment peut-on vous aider ?

Le principal challenge de CineCyclo aujourd’hui est de penser la bonne stratégie de développement pour remplir les 3 objectifs :

  • Culturel : Pérenniser l’action de projection (financements, formation d’équipe cycliste)
  • Economique et social : Vendre des génératrices qui permettent de pallier au manque d’électrification et bénéficie aux populations (éclairage de vie et pour l’éducation, rechargement mobile, etc.)
  • Environnemental : sensibilisation aux enjeux du développement durable au Sénégal.

Un modèle complet de Social Business!

Pour les plus motivés, vous pouvez prêter vos mollets en fondant une équipe Cinécyclo dans votre région !

Pour les mises en relation, CineCyclo est en plein démarrage. Ils recherchent donc des partenaires économiques (fondation, bourse) mais aussi les premiers clients pour ces génératrices.

Enfin, si vous n’avez pas tout ça, la communication n’est pas de refus, via un partage de cet article par exemple  😉

Contacter Cédric : senegal@cinecyclo.com

En wolof « Do It Yourself » se dit « Defko Ak Niëp » : Faisons-le ensemble !

Rencontre avec les jeunes créateurs du fablab dakarois DefKo Ak Niëp.

Pour notre escale à Dakar nous avons travaillé sur la construction d’éoliennes low-tech, en matériaux de récup avec l’association dakaroise Ker-Thiossäne et le fablab Defko Ak Niëp.

Pour cela nous avons préparé un atelier de construction réalisé avec une quinzaine participants, une réussite !

Nous sommes ravis d’un point de vue technique mais surtout de notre rencontre avec le fablab et les jeunes sénégalais derrière cette initiative géniale : Modou et Dodji – interview !

Dodji Honou (à gauche) et Modou Ngom (à droite)
Dodji Honou (à gauche) et Modou Ngom (à droite)

Modou Ngom et Dodji Honou travaillent sur le développement du fablab depuis 2 ans et demi. L’atelier se trouve dans le quartier de Dakar Liberté 2 (à côté de l’association Ker-Thiossäne qui a incubé le projet) c’est petit mais on y trouve déjà les machines qui font la base d’un fablab, une découpe numérique et une imprimante 3D.

Que fait Defko Ak Niep ?

L’objectif du fablab est d’avoir un impact social positif sur la quartier et la société. Pour cela la mission est double : la formation aux machines de fabrication numérique et l’incubation de projets technologiques à fort impact pour la population, la ville de Dakar et plus largement, l’Afrique.

Concrètement, les activités sont :

> Organisation de workshops techniques avec appel à participants pour fabriquer ensemble des prototypes.
Comme les deux ateliers du mois derniers (fabrication d’éolienne et balançoire solaire).  Les profils des participants sont variés, des étudiants aux profils techniques, des artisans, des particuliers en reconversion professionnelle…

> Formation des plus jeunes, et moins jeunes à l’utilisation des machines de fabrication numériques.
Dans le futur, Modou et Dodji souhaitent développer les liens avec les établissements qui n’ont pas les machines en interne et pourraient utiliser le fablab pour les formations..

> Projets internes de développement de technologies utiles, dont voici quelques exemples :

  • Création d’une extrudeuse de plastique permettant de recycler le plastique pour en faire du fil d’imprimante 3D avec usinette.
    Pour le moment, les recharges d’imprimantes 3D doivent être importées et sont très coûteuses alors qu’au fablab cette machine permet de fabriquer des pièces spécifiques complexes et introuvables pour fabriquer les prototypes.1-hKNVoTWLCTNS6VlU65vq7Q
  • Création d’un ordinateur rempli de contenu pédagogique pour la bibliothèque du quartier SICAP Baobab.
    La bibliothèque est vétuste et peu utilisée. Grâce à des cartes Rapsberry (circuits imprimés basiques programmables en logiciels libres) et en récupérant un écran (comme en trouve partout ici) il serait possible de fabriquer un ordinateur très simple et bon marché avec seulement du contenu pédagogique à l’intérieur (Wikipédia, WikiAfrica, fiches pédagogiques travaillées avec les écoles).
  • Construction un déshydratateur de fruits solaire.
    Récemment, MakeSense a organisé au fablab un atelier de construction d’un deshydatateur, une petite machine qui permet de transformer mangues, banane, pommes et autres fruits en délicieux mets sucrés. Ce petit système, qui pourrait être répliqué en plus grand, correspond à une vraie solution dans un pays où l’on gaspille beaucoup de fruits et légumes, en particulier mangues quand c’est la saison. En permettant de les sécher pour les conserver et faire des bonbons cette solution offre aussi la possibilité d’une activité économique.
  • Mini éoliennes low-cost.
    Suite à l’atelier avec Nomade des Mers qui a permis de développer des petites éoliennes à moins de 6000 FCFA (capacité 20watt, i.e allumer un éclairage et recharger un portable), Modou est intéressé pour continuer l’expérience. Si le besoin est avéré, ces petites éoliennes pourraient aider beaucoup de personnes qui ont besoin d’un petit accès à l’électricité : vendeurs de rues, étudiants, familles en villages isolés, car au Sénégal l’électricité est très chère et la couverture est mauvaise (10% de couverture en zone rurale).

Quelle est l’ambition avec ce fablab ?

Comme l’explique Dodji Le fablab idéal est un espace fréquenté régulièrement où naissent des projets concrets et innovants. Mais attention , par « innovants » Dodji entend utile à la société, au quartier, au pays.

“Cela ne nous intéresse pas de développer des innovations juste pour pour le fun, il faut que ça ait un sens, une application dans la société au bénéfice des gens où de l’environnement. Pour l’instant le premier défi, était d’acquérir les machines et de les comprendre, maintenant nous peut rentrer dans la phase de développement qui consiste à développer le lieu physique et gérer des projets en communauté.”

Quels sont vos prochains grands challenges à résoudre?

Comme pour tout les fablabs, le premier grand défi est de trouver un modèle économique. Comment rendre rentable un endroit qui n’a pas pour objectif de vendre ses créations. Par la vente de formation ? la location des locaux ? Partout dans le monde on cherche encore le modèle idéal et on expérimente.

En tout cas ce qui est certain c’est que pour développer l’activité il y a deux pré-requis importants pour Defko Ak Niëp  :

  • Acquérir un espace plus grand pour accueillir de nouvelles machine et projets, c’est de là que dépendra la fréquentation.

  • Renforcer l’équipe encadrante. Pour l’instant Modou et Dodji ne sont que tous les deux. Ils souhaiteraient s’entourer aussi de personnes aux profils plus experts (électronique, développeur, mais aussi communication).IMG_0747

Envie d’aider Defko Ak Niëp ?

Si vous pensez à des contacts, pistes de financements, avez des compétences utiles où des pistes pour plus communiquer, n’hésitez pas à les contacter, ils vous ouvrirons grand leurs portes.

defkoakniep@gmail.ccom                        honou003@gmail.com

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Escale à Dakar : Eolienne DIY avec Ker-Thiossäne (2/2)

Voilà comment nous pourrions résumer la semaine en quelques chiffres…

1 équipe de choc :

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5 jours d’atelier éolienne :

Comme nous vous l’avions expliqué du premier article sur Dakar, nous sommes partis sur le choix de deux éoliennes à 3 pales avec chacune une génératrice différente : l’une avec des moteurs d’imprimantes récupérés et l’autre à aimants permanents (type Pigott autoconstruite).

génératriceA gauche, génératrice à aimants permanents // A droite, petit moteur pas à pas d’imprimante pour construire une génératrice (nous en avons mis deux pour avoir assez de puissance)

Matériel :

Pour construire l’éolienne il nous a fallu trouver beaucoup de matériel :

  • tubes PVC de 30 cm de diamètre
  • moyeu de voiture (type Golf ou Corsa)
  • tubes en métal
  • contreplaqué
  • pédalier de vélo
  • plaques de métal pour faire le rotor
  • engrenages d’imprimante
  • fil de cuivre
  • résine.

Heureusement, Dakar est une ville où on peut trouver tout ça facilement ! Par exemple dans des quartiers comme Colobane ou Salle des ventes où sont démantelés appareils électroniques et automobiles pour la revente à la pièce et du métal. Heureusement aussi pour nous que Daouda, Modou et Dodji, gérants du fablab Defko Ak Niep (Faisons le ensemble) étaient là pour nous guider, merci à eux!

Malgré de longues recherches, impossible de trouver des moteurs très puissantes ni des aimants neodyme. Nous nous sommes donc contentés de moteurs pas à pas récupérés d’imprimantes (20W) et les aimants nous seront finalement apportés de France (nous avons voulu éssayer avec des aimants de disque dur mais cela ne fonctionnait pas car pas assez puissants et pas la bonne organisation de polarité).

eolienne

Fabrication :

Pour l’atelier, nous avons répartis les tâches en quatre groupes :

  • Construction de la structure :
    Pales, mât et queue de l’éolienne.
  • Génératrice avec moteurs récupérés :
    tests des moteurs récupérés et comparaison, conception du rotor (des engrenages).
  • Génératrice à aimants permanents avec fil de cuivre :
    fabrication des bobines de cuivre, scellage dans une structure dans en résine, usinage du rotor, assemblage sur le moyeu de voiture.
  • Gestion de l’électricité :
    Analyse des productions de chaque générateur, conception du schéma électrique, récupération de composants (vieux onduleurs, vieux circuits imprimés, etc.)

Chaque soir les groupes ont débriefé ensemble du travail de la journée pour accorder les différents sous-systèmes et s’échanger les connaissances.

atelier

Calculer la taille des pales, mesurer les plans et faire les gabarits, meuler les pales, scier et percer les pièces du rotor, concevoir le circuit électronique, souder l’électronique , faire de la résine pour maintenir la génératrice. La construction d’éolienne fait appel à de nombreux domaines !

Lors de la fabrication nous avons rencontré quelque difficultés auxquelles nous avons trouvé des solutions!

  • Sur la conception des pales qui demandent un profil très particulier -> Nous avons trouvé des solutions dans des vidéos tutorielles sur internet.
  • L’accès aux matériaux ->En discutant avec les participants et le fablab, il y a toujours quelqu’un qui savait

Heureusement aussi que nous avons pu nous appuyer sur le savoir-faire d’artisans locaux et des participants pour la réalisation de certaines pièces complexes : le rotor, une plaque en métal percée précisément, la soudure, l’électronique (heureusement qu’il y avait un électronicien pour le bobinage)…

2 éoliennes DIY au top !

eoliennes

Nous venons de tester nos deux éoliennes et elles tournent. Ils nous restent à mesurer la puissance mais nous espérons atteindre une puissance nominale de 200W pour la génératrice à aimant et de 60W pour celle avec moteurs récupérés.

La semaine prochaine, nous allons installer l’éolienne en ville pour le Festival AFROPIXEL#5, dans le jardin Jet d’eau : un projet urbain développé par l’association Ker-Thiossäne pour réhabiliter un terrain vague avec les habitants.

Optimisations pour la suite…

Pour la suite nous allons voir comment créer un système de sécurité en cas de vent fort,  un système pour éviter la torsion du fil d’alimentation, et lancer une réflexion sur la durée de vie des matériaux.

Encore quelques optimisations avant de faire une vidéo tutorielle en bonne et du forme.

1000 Merci …

… aux participants de l’atelier grâce à qui nous avons appris énormément de choses en électronique.

+

GRAND MERCI

à l’association Ker-Thiossäne et le fablab Defko Ak Niep pour leur accueil et l’organisation de ces ateliers dans leur espace génial !

On remet ça la semaine prochaine avec un atelier éclairage public solaire, à suivre en live sur le Facebook Nomade des Mers 😉

Escale à Dakar : Eolienne DIY avec Ker-Thiossäne (1/2)

Avec l’équipe, nous venons d’arriver à Dakar, où nous sommes venus travailler sur la construction d’une petite éolienne. Dans le cadre du festival Afropixel, créé par l’association dakaroise Ker-Thiossäne, nous allons animer un atelier de 5 jours, du 18 au 23 avril avec 15 participants (profils techniques) pour tenter de construire ensemble prototype d’éolienne, la plus locale possible.

Lieu de recherche, de résidence, de création et de formation, Ker Thiossane encourage l’intégration du multimédia dans les pratiques artistiques et créatives traditionnelles et cherche à soutenir le croisement des disciplines. Ker Thiossane axe ses activités autour des recherches sur l’art et les nouvelles technologies, et sur ce qu’elles impliquent dans nos sociétés, au cours de résidences, de formations, de rencontres et de workshop. En 2008 elle met en œuvre le premier festival Afropixel qui porte sur les logiciels libres en lien avec les pratiques citoyennes en Afrique et dans les pays du Sud.

Atelier construction d’éolienne
18 au 23 avril à Ker-Thiossane, Liberté 2, Dakar.

Voir programme de tout le festival AFROPIXEL

 

Pourquoi le choix d’une éolienne au Sénégal ?

D’abord parce qu’après discussions avec les makers et gérants du fablab Defko Ak Niep, c’est un sujet qui nous intéressait tous énormément, car il y a un réel besoin et un vrai potentiel au Sénégal. Il y a en effet un problème d’accès à l’électricité, surtout en zone rurale, pour les habitations comme pour les commerces, mais aussi pour la petite agriculture (pour faire fonctionner l’irrigation goutte-à-goutte). Seulement au Sénégal comme en France, c’est plutôt le photovoltaïque domestique qui se développe comme source d’énergie autonome accessible principale. Solution qui présentent quelques défauts : un investissement important au départ et pour l’entretien, et surtout le problème du sable en suspension dans l’air qui peut recouvrir rapidement les panneaux et ainsi diminuer beaucoup leur efficacité. Le pays étant bien venté l’éolien est donc une piste intéressante…

Préambules techniques

Nous avons commencé les recherches techniques et voici ce que nous avons appris :Avant de concevoir les plans de son éolienne, il faut faire des choix importants, notamment sur deux aspects : 

  1. la partie mécanique (i.e la forme de l’éolienne, horizontale ou verticale).
  2. la génératrice (ie. le moteur qui transforme le mouvement mécanique en électricité, à construire ou à récupéré).

Ce choix dépend de l’utilisation qui sera faite de l’éolienne (choix dont nous avons discuté avec les participants et un expert du développement) et aussi de ce qui est disponible localement (nous sommes donc allés chercher directement !)

1. choix de la forme, la partie mécanique: 

  • Les éoliennes dites « à axe horizontal » sont les plus courament utilisées. Ces éoliennes fonctionnent au mieux avec un vent constant en direction et en vitesse. Elle sont donc en général moins intéressantes en ville ou les flux de vents sont plus aléatoires, et conviennent mieux aux zones rurales. On peut y mettre le nombre de pales que l’on veut, et il y a juste une règle à bien respecter : plus on ajoute de pales plus l’optimum de production sera atteint pour de faibles vitesses de vents.

    

Exemple d’éolienne à axe horizontal (la tige qui tourne est à l’horizontal) : Les éoliennes Pigott (inventées par Huges Pigott) sont une référence dans les éoliennes autoconstruites. Le réseau Tripalium propose des stages de construction et met à disposition les plans de ces éoliennes à prix modéré.
  • Les éoliennes à axe vertical : Ces éoliennes sont plus adaptées aux zones urbaines. Il existe 2 grands types de rotor, Darrieus et Savonius.

              

Darrieus (à droite) : efficace mais complexe à fabriquer.
Savonius (à gauche) : rendement moins bon mais facile à fabriquer.

Finalement, au vu des besoins les plus basiques et courants au Sénégal (alimenter quelques éclairage et une radio, recharger un téléphone portable en zone rurale), notre choix s’arrête sur une éolienne à axe horizontal à 3 pales avec un objectif de capacité d’environ 600Wh/jour.

2. La génératrice :

Dans une éolienne il y a une génératrice, c’est à dire un petit moteur qui permet de transformer le mouvement mécanique (les pales qui tournent) en électricité.
Pour construire cette partie, nous allons essayer 2 solutions :

  • Récupérer des moteurs existants qui ont le même fonctionnement (moteur pas à pas, que l’on trouve dans les imprimantes par exemple), souvent de petite puissance.

courses dans le quartier de colobane, où rien ne se perd

  • Fabriquer nous-même une génératrice à aimants permanents. C’est plus complexe mais plus intéressant car on peut la dimensionner comme on le souhaite en fonction de ses besoins. On peut construire une génératrice avec des éléments (presque) disponibles partout : (fil de cuivre, moyeu de voiture, disque en métal, les aimants neodymes sont plus difficiles à trouver).

C’est parti ! 

L’atelier commence aujourd’hui, nous vous tenons régulièrement au courant sur notre page Facebook.

N’hésitez pas si vous avez des bons conseils 😉

Un filtre en argile ?

Les recherches sur le dessalinisateur se poursuivent, de nouveaux prototypes sont en cours de réalisation et de test.

Simon, qui travaille avec le Low-tech Lab sur cette thématique depuis plusieurs mois rejoint l’équipage dans la semaine,

Résultats à suivre … 

Visite chez un potier marocain pour la réalisation d’une pièce de dessalinisateur en argile.

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Retour sur le Nomade des Mers pour une phase de test

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Du dessin …

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… au prototype.

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Medhi Berrada – Alto Solution

À la rencontre de … Mehdi Berrada

Medhi Berrada, fondateur d’alto|Solution (www.alto-solution.com), sera le premier entrepreneur local à travailler avec le Nomade des Mers.

Fondée en 2012, alto|Solution est une jeune entreprise dynamique, dédiée à l’innovation et aux sources alternatives en eau et en énergie. Sa création de valeur s’organise autour de deux pôles :

  • alto|Energy a pour objectif de favoriser et dynamiser l’utilisation des énergies renouvelables au Maroc et en Afrique du Nord.
  • alto|Lab a pour objectif de développer des produits et technologies innovantes pour l’eau et l’énergie, avec une dimension globale.

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Mehdi, quant à lui est ingénieur en Génie des Procédés, diplômé de l’Université de Technologie de Compiègne (UTC) en France, et dispose d’une spécialisation en Management de Projets Innovants. Par ailleurs, Mehdi détient des expériences significatives au sein d’entreprises Environmental Power Concept dans le domaine du dessalement.

Son moteur : appréhender le monde tel qu’il pourrait être, plutôt que tel qu’il nous apparaît.

Les recherches débutent

Le Nomade des Mers est arrivé à Agadir. Les plantes ont chaud, mais les poules sont en pleine forme et pondent, 4 oeufs ce matin !

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Les premières recherches sur les low-tech vont pouvoir débuter. Au Maroc, c’est à la dessalinisation que nous nous intéressons, et nous avons rencontré Mehdi Berrada, entrepreneur alto|Solutions à l’Université Universiapolis d’Agadir …

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Ici vont démarrer les essais sur la dessalinisation. L’équipe a fait une première version de base, pour commencer. N’oubliez pas l’appel à projets pour trouver le meilleur dessalinisateur low-tech !

 

 

https://www.youtube.com/watch?v=AAWPahdOD_E

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Hassan et de son charbon vert

15.03.2016

Aujourd’hui,  le Nomade des Mers a reçu la visite d’Hassan, qui a un projet d’entreprise verte de commercialisation de charbon vert au Maroc (BioChar Maroc). Ce charbon est fait à base de déchets agricoles organiques non compostables pour limiter la déforestation. Nous étudierons cette technique en détails au Sénégal. Tous nos voeux de réussite !

 

 

Kaoutar, entrepreneuse low-tech

Lors de notre passage à Casablanca, nous avons rencontré Kaoutar Abbahaddou, une jeune entrepreneuse modèle, hyperactive et optimiste tout en restant pleine de réalisme. Une rencontre riche en enseignements pour nous et tous les jeunes entrepreneurs !

Kaoutar Abbahaddou, jeune ingénieure marocaine de 23 ans a lancé il y a 3 ans le projet Vernet Access Water, développement d’un filtre d’épuration de l’eau low-cost. En quelques années, le projet et sa stratégie de développement ont beaucoup évolué pour réussir à faire rimer low-tech et entrepreneuriat. Leçons !

KaoutarKaoutar Abbahaddou

Au départ : se mettre au pas, ou pas ?

Kaoutar se souvient de ce jour, juste après son entrée en école d’ingénieur (Ecole Mohammedia des Ingénieurs de Rabat, l’une des plus prestigieuse du pays) où tous les étudiants se retrouvaient dans la cour, alignés bien en rang, en costume militaire. « Quelle est ma différence ? Quelle est ma mission à moi, Kaoutar, ici? ». Pour répondre à ces questionnements existentiels et trouver sa voie professionnelle, Kaoutar s’investit à fond dans de nombreuses activités périscolaires et en bénévolat. Finalement, c’est l’entrepreneuriat social qui retient son attention (i.e la création d’entreprises innovantes et pérennes dont les produits ou services permettent de répondre à des enjeux sociaux et/ou environnementaux).
Avec des camarades, ils profitent de la compétition Enactus International pour réfléchir à un produit-solution… Ils identifient plusieurs besoins essentiels porteurs, mais c’est l’accès à l’eau potable, une problématique encore très présente dans les villages marocains, qui leur semble le plus urgent. Après une étude approfondie de toutes les innovations liées à la filtration et à l’épuration, ils redécouvrent une technique traditionnelle : le filtre en céramique. Il s’agit de la fabrication d’un récipient en argile mélangé à de la sciure de bois (ou autre combustible comme du son de riz). Durant la phase de cuisson les particules de bois carbonisent et créent des micro-porosités qui permettent de retenir jusqu’à 99% des agents pathogènes présents dans l’eau. A cela est souvent rajouté un traitement à l’argent colloïdal qui permet de neutraliser complètement les bactéries. Durant plusieurs mois, le groupe s’attèle à des recherches techniques et scientifiques pour perfectionner le système et met au point dans les laboratoires de l’école un mélange (dont le contenu est gardé secret) à ajouter à la céramique pour rendre le filtre encore plus efficace.

Leçons pour nous ?

1/ Prendre le temps de réfléchir à sa cause, sa mission, la bonne idée ne tombe pas du ciel, il est permis donner le temps pour la rechercher !

2/ On peut innover avec l’ancien !

Avec ce projet, l’équipe remporte la compétition Enactus Maroc et la finale internationale en Chine en Novembre 2014.

Itw de Kaoutar, qui nous parle du projet Vernet Access Water, d’entrepreneuriat social, mais aussi de l’intérêt de l’échec, et du Maroc :

 

Fonctionnement du filtre en céramique :

E22 – Le traitement à l’aide de filtres en céramique
Il s’agit de dispositifs permettant de potabiliser de l’eau de surface en la filtrant à travers un matériau poreux. Il…www.wikiwater.fr

L’aventure entrepreneuriale … en plusieurs aventures.

En parallèle des recherches techniques, l’équipe dessine le « Business Plan » du projet : comment vendre les filtres tout en garantissant qu’ils soient accessibles, s’essaiment et finalement bénéficient à un maximum de personnes? Comme le dit l’entrepreneuse : “il faut trouver une solution à l’équation « low-cost / effectiveness / robustness ».”
Première idée : Former des femmes à la fabrication de la partie en argile en ne vendant que la petite partie chimique conçue par l’équipe. Ce système permettra en plus de garantir des revenus et sera ainsi plus attractif. Rapidement, ils se lancent dans l’expérimentation dans trois villages au Maroc. Cela semble bien prendre, alors tout de suite, l’ambition de conquérir l’Afrique arrive ! Ils lancent donc un nouveau test au Burkina Faso.

Finalement, quelques mois plus tard, la plupart des femmes ont abandonné le projet. Pourquoi ? Cette activité ne peut pas rentrer dans leur vie remplie de nombreuses autres activités, dans leur rôle au sein de la famille. Les clients ne sont pas vraiment au rendez-vous. On ne s’introduit pas si facilement dans un système social et culturel bien rodé. Au Burkina le problème fut l’épidémie d’Ebola qui perturba le contact avec le village expérimental. Pas si simple d’entreprendre en Afrique… A tout cela vient s’ajouter un autre problème important : le difficile contrôle de la qualité des filtres quand ils sont fabriqués à l’extérieur.

Qu’à cela ne tienne, la motivation est toujours là : “Nous n’avons alors qu’à monter une usine de fabrication de filtres qui seront fabriqués en série (donc peu cher) et ensuite les transporter au village ?” se sont dit les étudiants entrenpreneurs. Oui, sauf que dès le premier convoyage en camion la moitié furent brisés !

Il faut de nouveau se remettre en question.

Diplomée, Kaoutar commence à travailler pour un grand groupe en marketing international dans lequel elle apprend des « business skills » , en gestion de projet et marketing tout en poursuivant le projet en parcourant le Maroc pour travailler avec les villages.

Au cours de ses pérégrinations, elle comprend alors 2 choses passées inaperçues jusqu’ici :

1/ Dans les campagnes, une technologie conçue « pour les pauvres » n’est pas attractive. Un objet donné avec un design très traditionnel, n’a pas grande valeur et personne ne souhaite l’acquérir. Les gens aspirent à la modernité, au même confort et produits neufs qu’en ville…

2/ Quand elle s’arrête dans les villes avant de rejoindre les villages et parle de son projet, une réaction revient régulièrement : « Nous en aurions également besoin ici, l’eau est polluée aussi.” Kaoutar réalise qu’il y a en fait dans les villes un autre marché, avec un besoin social et un potentiel financier. Il est bien probable d’ailleurs qu’un jour un concurrent le comprenne, se lance et il serait ensuite facile pour lui de décliner une version low-cost de filtres pour les campagnes.

Mais voilà l’idée génie ! Concevoir le même filtre pour les villes et les campagnes. La marge faite par l’achat en ville pourra financer une réduction sur ceux vendus en campagne.. ? Comme le « Buy one, Give one », un modèle de Social Business qui a fait ses preuves. Kaoutar pense qu’il pourrait d’ailleurs y avoir une bien meilleure “pénétration de marché” dans le sens ville-campagne plutôt que dans l’autre.

C’est sur cette dernière stratégie que travaille actuellement Kaoutar avec une nouvelle équipe d’ingénieurs et l’aide d’une chercheuse biologiste espagnole. Ils conçoivent un nouveau filtre, plus hi-tech, mais qui pourrait être proposé simultanément aux deux marchés du Maroc (villes et campagnes).

Est-ce que cette stratégie sera la bonne ? L’idée semble en tout cas très prometteuse et c’est tout ce qu’on souhaite à notre chère Kaoutar et son équipe !

N.B : Le projet a également remporté le Unilever Award for Social Entrepreneurs en 2015 et est appuyé par le réseau Ashoka.

Les leçons pour nous ?

 3/ Low-tech ne veut pas dire que pour les pauvres ou les villages, il y a bien souvent un intérêt partagé avec les populations citadines.

4/ L’idée de départ n’est pas la bonne tant que l’on n’est pas allé sur le terrain ! Parfois il faut attendre, observer, être agile et savoir revoir complètement sa stratégie de départ sans se décourager.

Kaoutar est toujours ouverte à de nouvelles opportunités ! Contacts/Financements/Investissements/Expertise technique, nous vous invitons à la contacter par mail (kaoutar0abbahaddou@gmail.com) ou via son compte facebook !

 

La vie à bord s’organise

Cela fait 4 jours que nous sommes parti de Vigo. Bilou et Laurent sont rentrés en France et nous continuons avec Gwéno. Cette navigation est nettement plus cool que le Golfe de Gascogne. La mer est calme,  il fait de plus en plus beau et chaud et l’équipage (je) s’amarine enfin. On précise d’ailleurs : le gingembre est beaucoup plus efficace que n’importe quel médicament contre le mal de mer ! (Merci à JPN pour le tuyau 😉

Doucement, la vie à bord s’organise, une petite routine s’installe (faire à manger/réparer/faire à manger/dormir/quart.) ce qui nous permet aussi de commencer les optimisations à bord : aménagements de la cuisine (tri des déchets pour les poules, le compost et les vers de farine) et du magasin, branchement du système hydroponique sur panneaux solaires, début des relevés : conso électrique, pousse des plantes, courbe de ponte des œufs.

Nous cuisinons tous les jours au stove (microgazeifieur) qui n’est pas toujours évident à contrôler… Nous nous faisons régulièrement asphyxiés par une épaisse fumée noire, MAIS « C’est la faute du combustible » comme le rappelle Pierre-Alain (également concepteur de ce stove…)

Bon il est vrai que parce qu’arrivés à court de bois, nous utilisons maintenant la litière des poules. Affaire à suivre donc…

On a hâte d’arriver au Maroc à Casa enfin rencontrer nos inventeurs (et prendre une vraie douche !)

Bises de nous, & des dauphins 😉

Elaine Le Floch 

Sous la serre, la luzerne

Pendant l’expédition Nomade des Mers, grâce à tous les experts qui nous accompagnent, on va apprendre tous les jours des trucs passionnants. Par exemple en ce moment on fait pousser de la luzerne à bord. Les pousses ont germé il y a quelques jours, on vient de les replanter en hydroponie. Je croyais que la luzerne c’était de la nourriture pour les vaches – mais en fait ça a l’air d’être une plante géniale… petit article sur ce que j’ai appris sur la luzerne.

LA LUZERNE N’EST PAS (SEULEMENT) DE LA NOURRITURE POUR LES VACHES

Elle pousse super vite, ce sera une de nos principales sources de protéines végétales et c’est plein de vitamines et de sels minéraux.

Ca vient d’Asie mais pousse partout dans le monde. On l’appelle aussi Alfalfa, qui vient de l’Arabe al-fac-facah : « père de toute nourriture« . La classe. C’est la légumineuse la plus cultivée au monde. 2 tonnes de protéines par hectare et par an ! En France sa production diminue parce qu’on importe du soja d’Amérique du Sud pour nourrir nos bêtes.

Apparemment ses graines sont brillantes, mais j’attends de voir pour y croire. Quand elles seront adultes, on mangera les feuilles cuites. Si on les coupe jeunes on peut les manger crues. Sinon c’est souvent mangé en graines germées (c’est la graine germée qui contient le plus de vitamines), et on pourra même boire un thé stimulant avec ses feuilles. Ce sera possible de les déshydrater pour les conserver tout en gardant ses qualités nutritives. D’ailleurs une bonne partie de la production dans le monde est transformée en granulés pour les bêtes.

Adulte elle mesure entre 30 et 80 cm de haut, et ses racines peuvent descendre jusqu’à plus de 2m de profondeur! Elle se nourrit de l’azote de l’air, pas besoin de lui en donner. Il faut par contre lui donner des phosphates et de la potasse, ça on en a plein notre lombricompost. Et un sol de pH neutre. Elle est pérenne : elle ne meure pas, on pourra la garder plus de 7 ans.

Mais attention, il y a aussi des risques : une vache qui en mange peut se faire « météoriser ». C’est à dire que son abdomen peut gonfler par accumulation de gaz. Il faut donc éviter d’allumer une cigarette près d’une vache qui mange de la luzerne. Chez les hommes il ne faut pas en manger excessivement, sinon ça peut provoquer des problèmes de foie.

Elle n’a quasiment pas besoin de traitements, et c’est l’amie des insectes. Elle est source de biodiversité, bref, la luzerne, c’est la vie… Reste à savoir si c’est bon à manger.

Je vous tiens au courant.

Corentin de Chatelperron

Comment faire pousser de la luzerne : http://www.urbanfarmonline.com/urban-gardening/backyard-gardening/how-to-successfully-start-seeds-indoors.aspx

3.3.16

Il a d’abord fallu attendre que le Golfe nous donne le droit de passer. Pas évident d’avoir une fenêtre à cette époque de l’année, les dépressions s’enchaînent et même les logiciels ont du mal à suivre. Heureusement qu’on avait nous aussi une équipe de compet : merci à Bernard, Bilou, Gwéno, Olivier ! C’est seulement quelques jours avant que tout se confirme et qu’on doit mettre un gros coup de fouet : finir les courses, tout charger dans le bateau et hop, nous voilà tous sur le pont vendredi 23 février au soir, départ à 21h ! C’est le moment des grands adieux aux copains et à notre chère équipe à terre. Dans l’équipe de choc pour cette traversée il y a nos deux skippers : Bilou (ndlr. Roland Jourdain), Gwénolé Gahinet, Laurent Sardi (réalisateur Arte) et nous trois.

Dès le port de Concarneau passé et les bravigous de Françoise jettés à la mer, les secousses commencent, et les premiers hauts le cœur pour certains qui annoncent un moment difficile… (On ne citera personne)

Entre les quarts j’ai quand même pu apercevoir,

  • Bilou et Gwénolé toujours à fond au manœuvres, à prendre des ris, empaner, mettre les voiles en ciseaux, etc
  • Une bonne moitié d’équipage passer du gris au vert, au gris, au vert
  • Des poules au contraire en pleine forme, qui sortaient en plein grain et nous ont même pondu des œufs en pleine tempête !
  • Un troisième jour plutôt sportif avec une grosse houle et des vents à 30 nœuds,
  • Sur la fin, des problèmes techniques qui s’additionnent : un pilote automatique faiblard dans l’adversité, des feux de nav des batteries qui flanchent … Il était temps d’arriver !

Les plus téméraires voulaient pousser jusqu’à Lisbonne mais on a su les convaincre que Vigo c’était déjà pas mal. On a bien mérité notre petite pause, 2 jours pour réparer tout ça et se reposer.

A bientôt !

Elaine Le Floch

Ps. on l’avoue à Vigo, une petite entorse à notre régime autonome, un encart tapas pour Pierre-Alain et moi-même, mais promis on se remet « au vers » !

Une belle histoire de vers

La liste est longue de ceux qui n’ont un jour que caressé l’éventualité d’avoir un compost. Mais qui y ont peut-etre renoncé pour raison logistique.

Sans parler de la liste de ceux qui n’en ont jamais entendu parler.

Levons donc le voile sur le sujet du vermicompost, ou le compost en appartement, qui est loin d’être réservé aux écolos endurcis. Que les doutes fassent place aux certitudes.

Une petite mise au point

En France, chaque année, nous produisons chacun et chacune 543 kg de déchets.

Ca peut paraitre peu, surtout quand on sait que c’est la masse d’un gros élan, mais si on la multiplie par le nombre d’habitants, ca fait tout de suite beaucoup moins rire.

Parmi ces déchets, on estime que 44% sont compostables, c’est-à-dire qu’ils peuvent potentiellement se décomposer en compost, ou, en d’autre termes, en fertilisant naturel. Parmi eux, il y a certes les plus connus, à savoir les épluchures, déchets végétaux, coquilles d’oeufs et restes de repas mais on oublie parfois les déchets verts et certains papiers ou cartons.

Bien sur, ces données peuvent varier suivant si l’on a affaire à un afficionado des plats tout préparés, ou à un végétalien militant.

Que faire des déchêts biodégradables ?

Pour ceux qui ont la chance d’avoir un jardin, il est relativement économique (a peine le double de votre forfait mobile !) d’acheter un bac composteur, dans lequel vous placez vos déchets compostables, et duquel vous extrayez apres quelques mois un beau compost avec lequel vous pourrez fertiliser votre jardin.

Pour ceux qui habitent en appartement, il existe une solution, et qui n’implique pas forcément la condamnation de votre cuisine par une odeur pestilentielle. Il s’agit du vermicompost aussi appelé lombricompost.

C’est un compost, jusqu’ici tout va bien, avec des vers dedans, et jusqu’ici tout va toujours aussi bien. Car ces vers de fumier, s’ils ont toujours eu mauvaise presse pour leur aspect peu ragoutant, consomment entre 0.5 et 2 fois leurs poids par jour et accelerent ainsi la conversion de vos déchets en compost fertile, tout en respectant votre odorat. Vous pouvez donc fertiliser vos plantes naturellement, réduire le volume de vos dechets, participer à la diminution de votre empreinte carbone, et le tout en vivant en appartement !
Contrairement aux poissons rouges, les vers de terre peuvent se passer de vous pendant vos longues semaines loin d’eux, à condition de leur laisser avant de partir une grande quantité d’une nourriture adéquate vendue dans le commerce (farine d’avoine par exemple).

Un rapide calcul nous indique que si chaque foyer s’équipe d’un tel bac, ce seraient 16 millions de tonnes qui termineraient au pied de nos plantes d’appartement, ou des plantes de nos amis heureux proprietaires d’un jardin plutot que de finir en fumée. Les déchets biodégradables s’ils sont mis à la poubelle ne sont pas triés et sont donc en général brulés. Cette combustion est en outre à l’origine d’un relargage de particules cancérigenes comme les Hydrocarbures Aromatiques Polycycliques. Alors qu’on pourrait bien mieux les utiliser.

Oui mais comment ?

Le nombre de sites décrivant les facons de procéder ne manquent pas, tout comme les arguments pour vous convaincre, et les facons de s’en procurer un voire de le fabriquer. Un prototype de vermicompost-jardiniere en bois/plexiglas/grillage vient meme d’être découpé au laser au FabLab de l’UPMC à Jussieu à Paris, et il sera donc bientôt facile de s’en procurer un. Sur l’initiative de Jérome Baranger, astucieux centralien et amoureux de nos amis invertébrés, il repose sur l’idée que les vers ont besoin de changer de paysage et leur permet de circuler librement entre la zone riche en nutriments et la terre environnante, c’est-à-dire de fertiliser la terre et de s’oxygener l’esprit.

Un tel outil aurait sûrement sa place sur un Catamaran Low-Tech, comme dans nos cuisines citadines.

Je vous laisse digérer l’information avant de toucher aux délicates toilettes sèches, qui sont d’ailleurs testées quotidiennement et approuvées par toute l’équipe de Gold of Benghal.

http://cniid.org/Les-dechets-en-France-quelques-chiffres,151

http://www.olln.be/fr/mon-environnement/gestion-des-dechets/dechets-organiques.html

http://www.recyc-quebec.gouv.qc.ca/Upload/Publications/Fiche-compost.pdf

http://www.compostage.info/index.php?option=com_content&view=article&id=17&Itemid=16

http://www.atmopaca.org/files/ft/dossier_impact_br%C3%BBlage_qualite_air_novembre2012.pdf

Gold of Bengal de retour à la Télévision avec l’expédition Nomade des Mers !

En ce lundi, nous sommes fiers de vous annoncer que Corentin et son équipe de Nomade des Mers seront de retour à la télévision en 2017 : Rendez-vous sur Arte ! 

Au gré de 15 épisodes thématiques de 26 minutes, partez à la découvertes des low-tech au travers d’initiatives locales prometteuses, d’inventeurs surprenants, et d’expérimentations ambitieuses.

Réalisés par FL Concept, les épisodes seront complétés par un site interactif co-créé avec Arte permettant de découvrir l’envers du décors : extraits vidéos inédits, enregistrements sonores, screen des carnets de bords, photo…

Et en attendant ? Suivez la préparation de l’expédition puis l’expédition en direct sur les réseaux sociaux et sur nomadedesmers.org