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Vie de mousse

C’est un secret pour personne, je suis le moins expérimenté à bord. C’est vrai que face au curriculum d’Yvon et Corentin peu font le poid, mais avec mes deux uniques aller-retour aux Glénans même les poules ont plus de miles au compteur. C’est donc avec un mélange d’excitation et d’appréhension que je quitte Durban dimanche matin. On m’avait prévenu qu’il fallait deux jours environs pour s’amariner, c’est le cas. Le bateau file à 7 nœuds de moyenne avec un vent de travers sur une mer assez formée. Mes tripes ont tiennent bon, mais impossible de lire, d’écrire ou de me concentrer sur quoique ce soit, alors quand mon quart n’exige pas que je sois sur le pont, je suis dans ma banette, je dors ou j’écoute de la musique. Peu à peu la frustration de ne rien pouvoir faire laisse place au bonheur de gouter à cette oisiveté oubliée depuis mon entrée dans la vie active. La vie à bord est douce, Corentin jongle avec une habileté déconcertante entre bricolage et manœuvres sous le regard d’Yvon, haussant parfois les sourcils face aux méthodes peu orthodoxes du capitaine. Hugo et Elina se croisent au rythme de leur relève de quart et se chamaillent gentiment comme si ils étaient d’une même fratrie.

Depuis mardi ça va beaucoup mieux et l’ex-parisien hyperactif que je suis s’est plié au rythme lent de la navigation. Il faut dire que le vent a refusé (arrive petit à petit de face) tout en mollissant. Nous filons donc maintenant au près (presque face au vent) à 3 nœuds. Un coup de pétole nous même accordé le privilège de piquer une tête au beau milieu de l’océan. Entre temps, les quarts me permettent d’admirer la pleine lune et le soleil du petit matin. C’est précieux de pouvoir laisser son esprit vagabonder pendant deux heures sans interruptions, sans internet, ni facebook.

Nous profitons du temps disponible pour faire le bilan de l’escale en Afrique du Sud : 2 low-tech documentées, 5 présentations dont ont profité 130 personnes, 1 atelier, 1 compétition low-tech sur l’éclairage avec Schneider Electric à Johannesburg, 2 ambassadeurs recruté ainsi qu’une structure relai. On a pas chômé ! Nous commençons également à organiser l’escale suivante : destination Tuléar, ville principale du sud du pays qui dans notre cas porte bien son nom. Il proviendrait d’une phrase répondue par un Malgache à un marin cherchant où accoster : « Toly eroa ! » (Mouillez là-bas !). Nous allons y étudier la spiruline (cette micro-algue très nutritive que Corentin et Elina bichonnent à bord) auprès de l’entreprise Equitalgue et de LA spécialiste de la région, la docteur Vola. Autre particularité du coin, à 37km au sud de la ville vivent les « Vezo », une ethnie de pêcheurs que l’on surnomme les « nomades de la mer », alors forcément, ça attise notre curiosité.

Nous devrions arriver à Tuléar d’ici dimanche, hâte de relancer la machine et de découvrir ce nouveau pays. Mais en attendant je continue à profiter de cette nouvelle vie de mou(sse).

Louis-Marie