Association Gold of Bengal
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#TaraTari – L’indien en Sloop Biquille

Après une escale de 4 jours un peu compliquée d’un point de vue administratif, je suis reparti pour la
traversée en solitaire de l’Océan Indien. Le jour du départ mon frère Arthur et mon amie Sina, qui étaient venus au Sri Lanka pour me donner un coup de main, m’ont suivi sur un bateau de pêche pour prendre quelques photos. La Navy Sri Lankaise a trouvé louche qu’un bateau s’approche si près du mien, assez louche pour décider de lancer 2 grandes vedettes militaires à ma poursuite, sans que je le sache. Par chance le vent et les vagues étaient assez forts et bien orientés. Ils ont mis 2 h à me retrouver. Après m’avoir évité de peu, ils m’ont demandé de les suivre pour rentrer à Galle. Retourner à Galle pouvait me faire perdre plusieurs jours et faire échouer le projet car je partais à la dernière limite pour traverser l’Océan Indien. déjà à Galle j’avais rencontré des navigateurs qui me disaient que c’était trop tard pour faire la traversée. Le soleil tombait et j’ai du démarrer le moteur pour les suivre contre le vent et les vagues. Après une demi heure, j’ai du m’arrêter à cause d’un problème de moteur. La vedette militaire a commencé à faire des tours autour de Tara Tari pendant que j’essayais de réparer. En pleine nuit, le capitaine du bateau m’appelait à la VHF pour me dire qu’ils me libéraient…

J’ai pu continuer ma route vers l’ouest, passer le cap Comorin dans un temps très calme, puis les Maldives dans un orage. C’est dans ce coup de vent que Tara Tari a battu ses records de vitesses, avec 140 miles nautiques en 24 heures !
Après le passage des Maldives, j’ai fait face à un courant fort qui me faisait reculer. après 2 jours de lutte, grâce au moteur et au vent j’ai pu en sortir et entamer la longue traversée.
Pendant 3 semaines j’étais complètement seul au milieu de l’océan, enfin presque car j’étais suivi par un groupe de 5 poissons qui m’ont accompagné jusqu’en Oman. Le vent était faible et je me suis meme parfois mis à ramer pour avancer un peu plus vite, en pensant à Gérard d’Aboville, parrain du projet (navigateur français qui a traversé l’Atlantique et le Pacifique à la rame). Cette solitude extrème, encerclé par l’horizon, a été une très bonne expérience psychologique, surtout après avoir passé un an au Bangladesh, le pays le plus densément peuplé au monde !
C’est un hélicoptère des forces armées européennes qui a rompu cette solitude, pendant mon petit déjeuner du 5 avril. Il a fait des tours serrés autour du bateau puis est reparti. Une demi heure après, un semi rigide militaire m’accostait pour m’annoncer que je naviguais au milieu de la zone la plus dangereuse du monde, le territoire des pirates somaliens. Ces militaires m’ont dit que malgré la petite taille du bateau j’étais visible de très loin – il faut dire que j’ai choisi la meme couleur de voiles que les voiles traditionnelles du Bangladesh : orange. A partir de ce moment là, effrayé par la possibilité de me faire prendre en otage par des pirates, j’ai passé mon temps à observer l’horizon. Mon idée était d’arriver à voir les pirates avant qu’ils me voient, pour avoir le temps d’affaler les voiles, ce qui me rendait quasiment invisible. Dans cette zone, les cargos ne sont pas détectables par le détecteur de radar, car ils n’allument pas leurs radars de peur d’être repérés par les pirates. Je passais donc mes journées à observer l’horizons et mes nuits à veiller pour ne pas rencontrer de cargos. Ca a duré une semaine avant d’arriver épuisé à Salalah, sultanat d’Oman.
Les premières personnes que j’ai vues après ce mois de navigation en solitaire étaient des pêcheurs Bengalis, très content de voir un bateau qui venait de chez eux, et de m’entendre parler Benglish !
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