#GOBexpe – Douche !
Jets d’eau verticaux à latéraux sur tout un panel de puissances, du
goutte à goutte à la forte douche en passant par le brumisateur. On
pourrait croire que c’est une publicité pour une douche moderne, mais non,
c’est la météo depuis cinq jours. Elle alterne entre pluie diluvienne, coup
de vent en rafales, embruns qui fouettent le visage, train de houle, le
soleil a disparu, je suis cloîtré dans le gris. Une brume épaisse et
fumante découpe la jungle en strates qui font toute la palette de couleurs
entre le vert foncé et le gris estompé de la silhouette de la canopée à
l’horizon. La mangrove a débordé sur la baie et dégueule une eau boueuse,
pas de doute c’est le royaume du crocodile. Moi-même je suis entrain de
muter en batracien, la peau des mains part en lambeaux et je sens comme du
lichen envahir mon crâne. Mais je suis surtout inquiet pour les poules qui
vivent un enfer, trempées, en position aérodynamique, les ergots ancrés
dans la boue, la crête qui bat dans le vent, elles tiennent bon mais je les
sens moins enjouées qu’avant. J’espère qu’elles ne couvent pas une maladie,
ce serait le comble. Quand le lichen laisse mon cerveau tranquille et que
j’arrive à oublier le crépitement de la pluie sur la bâche qui me fait
l’effet d’être dans un plat géant de rice crispies, je médite sur mes
bouquins mais je ne peux pas finir de recoudre la voile dans ces
conditions. J’ai eu des conseils de couture par un couple de vieux nomades
des mers d’Afrique du Sud, oui des vrais nomades qui ont bossé deux fois
dix ans sur terre et naviguent le reste du temps autour du monde. Il y a
aussi Nick et son catamaran. Nick bosse 4 mois par an en Thaïlande à faire
du petit fret et des petits bouleaux pour les plaisanciers. Il navigue le
reste du temps sur son voilier pour traquer la meilleure vague d’Indonésie.
Et enfin John qui navigue en permanence sur son monocoque en invitant des
copains qui lui financent sa vie à bord. Il fait le tour du monde des spots
de surf, escalade, planche à voile et plongée. D’ailleurs tous les trois me
déconseillent de repartir au Bangladesh en septembre étant donné qu’il y a
une probabilité forte de tempête tropicale, cyclone dans le nord du
Bengale.
*Si ça s’avère trop risqué, le plan B pourrait être de laisser le bateau à
Langkawi en Malaisie. Le soleil devrait réapparaître demain, je l’attends
avec impatience. J’espère que tout va bien chez vous. Coco