Le Jute, késako ?
Le jute – le »gold of Bengal » – passionne notre équipe, expatriée au Bangladesh depuis maintenant 5 ans. Quelle est donc cette fibre si précieuse, comment pousse t-elle et pourquoi a t-elle fait la richesse du Bangladesh pendant des décennies ?
La fibre de jute est la deuxième fibre naturelle cultivée dans le monde après le coton. Les principaux pays producteurs sont l’Inde (1,6 millions tonnes / ans) et le Bangladesh (1,4 million tonne/an) qui en est aussi le premier exportateur. Statistics : http://jute.org/statistics_01.htm
Historiquement, elle servait à faire des sacs, des cordages, de la mèche pour les bateaux en bois, de l’huile et bien d’autres choses encore. Aujourd’hui face à la concurrence des matières plastiques, cette filière – dont dépendent encore 30 millions de personnes – est en grave déclin. Une vingtaine d’usines de jute ont fermé en seulement 8 mois en 2013.
La culture du jute, essentielle à la rotation des sols, se réalise dans deux régions principales : Jamalpur et Faridpur. Elles ont toutes deux comme point commun d’être à côte d’un fleuve : Le Gange pour Faridpur et le Bramapoutre pour Jamalpur.
En effet, le jute à besoin d’énormément d’eau pour pouvoir pousser, c’est aussi pour cette raison qu’il n’est cultivé qu’une fois par an au moment de la saison des pluies.
La plante de jute atteint sa taille maximale (3-4m) au bout de 3-4 mois de croissance. La récolte commence vers mi-juillet pour Faridpur et environ 1 mois plus tard pour Jamalpur. Pour s’achever vers septembre-octobre, Jamalpur étant toujours décalé d’un mois.
Après la récolte, le jute doit être « roui « , c’est à dire qu’il est maintenu sous l’eau pour que des micro-organismes détruisent la lignine qui retient la fibre au tronc. Les tiges de jute sont maintenues ensemble, on dépose des feuilles de banane dessus puis des troncs pour les maintenir sous l’eau.
À cette période il y beaucoup de personnes dans les champs ! C’est un peu comme la période des vendanges en France.
Une fois les fibres séparées des tiges, elles sont mises à sécher un peu partout. À cette époque, on peut voir (et sentir!!) du jute sécher sur les ponts, au bords et route etc.
Les tiges sont aussi mises à sécher et serviront de bois d’allumage, de palissage, des « brochettes d’excréments » pour la fertilisation des sols et plein d’autres choses !
Une fois séché, le jute sera vendu sur les marchés locaux. Durant la récolte et les 2 mois suivant, les marchés s’animent environ deux fois par semaine et drainent une foule de vendeurs et d’acheteurs. Les prix oscillent aux alentours de 45 / 50 centimes d’euros le kilos.
Le jute est défini par trois choses : sa variété (white ou tossa), sa provenance et son grade qui va de E pour le moins beau à A pour le meilleur et qui se détermine à la couleur, du gris au doré. Les meilleures qualités peuvent même briller !!
La difficulté, c’est qu’il y a peu de traçabilité : lorsque l’on achète du jute on peut connaître sa variété et sa provenance mais tout le reste est visuel ! Sa résistance est testée à la main !
En 2013, Gold of Bengal a mené une étude agronome afin de comprendre la culture de cette plante, l’organisation de la filière et leurs enjeux respectifs. Pour ce faire, nous nous sommes rapprochés des laboratoires et institutions locales et nous avons réalisé de nombreuses études de terrain.
De nombreux systèmes seront à mettre en place dans le futur afin d’assurer une qualité constante et un prix équitable tout au long de la filière. Des organisations locales et internationales s’y attachent déjà telles que le Bangladesh Jute Research Institute (invention de nouvelles techniques de rouissage pour améliorer la qualité des fibres et diminuer l’impact de cette étape sur la biodiversité) ou bien l’ONG Care qui met en place des coopératives d’agriculteurs (afin de les former à de nouvelles techniques de culture et de leur donner plus de poids dans la négociation des prix).