Association Gold of Bengal
2009 > 2020 : Site Musée

Auteur/autrice : Marion Olekhnovitch

#InfoJuteLab – Les matériaux composites

Le projet Jute vise à développer l’utilisation de la fibre en matériaux composites. Il est grand temps d’expliquer ce qu’ils sont vraiment, leurs avantages et applications !

Un composite est un assemblage de plusieurs matériaux, notamment d’une matrice et d’un renfort. Le matériau composite existe depuis la nuit des temps ! Les premières cases fabriquées en torchis avec de la boue et de la paille sont par exemple des composites. La matrice étant la boue permettant de lier les renforts entre eux, notamment la paille.

Depuis les années 90, les industriels ont cherché à optimiser ces matériaux dans le but de les utiliser dans des applications techniques. Sont ainsi apparus les matériaux composites renforcés en fibres et maintenues par des matrices polymères. Ces matériaux ont pour avantage d’être résistants et légers. Leur mise en œuvre leur permet de donner des formes complexes aux produits finaux.

Les matériaux composites sont aujourd’hui présents partout autour de nous ! Aéronautique, transport, nautisme, sports et loisirs, mobilier…

Les principaux renforts utilisés sont la fibre de verre et le carbone dont la production demande beaucoup d’énergie (1300° pour le verre et 2700° pour le carbone). Le premier chercheur à s’être intéressé à l’utilisation de fibres naturelles est Christophe Balley de l’université Bretagne Sud. On appelle agro-composites, les composites renforcés en fibres naturelles.

Lin et chanvre en France, sisal à Madagascar, kenaf au SriLanka, et jute au Bangladesh, toutes ces fibres naturelles ont pour particularité d’absorber du CO2 lors de leur croissance. Elles ont également chacune des propriétés propres qui permet de les utiliser dans des applications spécifiques : intérieurs des portières des automobiles, planches de surfs, raquettes de tennis, ski, coques de bateaux…

Fibre de kenaf Fibre de sisal Fibre de jute Fibre de lin

Chez Gold of Bengal ont s’est tout d’abord intéressé aux propriétés de résistance et de faible densité de la fibre pour réalisé des prototypes de bateaux et planches de surfs. La belle couleur dorée de la fibre nous a également incité à produire du mobilier à la fois design et technique !

Aujourd’hui nous poursuivons les recherches de caractérisation des fibres tout en menant en parallèle une étude de marché afin de déterminer le positionnement des différents produits de jute au sein des nombreux marchés.

Florian Fontaine et Julie de Mony-Pajol

Le Jute, késako ?

Le jute – le  »gold of Bengal » – passionne notre équipe, expatriée au Bangladesh depuis maintenant 5 ans. Quelle est donc cette fibre si précieuse, comment pousse t-elle et pourquoi a t-elle fait la richesse du Bangladesh pendant des décennies ?

La fibre de jute est la deuxième fibre naturelle cultivée dans le monde après le coton. Les principaux pays producteurs sont l’Inde (1,6 millions tonnes / ans) et le Bangladesh (1,4 million tonne/an) qui en est aussi le premier exportateur. Statistics : http://jute.org/statistics_01.htm

Historiquement, elle servait à faire des sacs, des cordages, de la mèche pour les bateaux en bois, de l’huile et bien d’autres choses encore. Aujourd’hui face à la concurrence des matières plastiques, cette filière – dont dépendent encore 30 millions de personnes – est en grave déclin. Une vingtaine d’usines de jute ont fermé en seulement 8 mois en 2013.

La culture du jute, essentielle à la rotation des sols, se réalise dans deux régions principales : Jamalpur et Faridpur. Elles ont toutes deux comme point commun d’être à côte d’un fleuve : Le Gange pour Faridpur et le Bramapoutre pour Jamalpur.

En effet, le jute à besoin d’énormément d’eau pour pouvoir pousser, c’est aussi pour cette raison qu’il n’est cultivé qu’une fois par an au moment de la saison des pluies.

La plante de jute atteint sa taille maximale (3-4m) au bout de 3-4 mois de croissance. La récolte commence vers mi-juillet pour Faridpur et environ 1 mois plus tard pour Jamalpur. Pour s’achever vers septembre-octobre, Jamalpur étant toujours décalé d’un mois.

Après la récolte, le jute doit être  « roui « , c’est à dire qu’il est maintenu sous l’eau pour que des micro-organismes détruisent la lignine qui retient la fibre au tronc. Les tiges de jute sont maintenues ensemble, on dépose des feuilles de banane dessus puis des troncs pour les maintenir sous l’eau.

À cette période il y beaucoup de personnes dans les champs ! C’est un peu comme la période des vendanges en France.

Une fois les fibres séparées des tiges, elles sont mises à sécher un peu partout. À cette époque, on peut voir (et sentir!!) du jute sécher sur les ponts, au bords et route etc.

Les tiges sont aussi mises à sécher et serviront de bois d’allumage, de palissage, des « brochettes d’excréments » pour la fertilisation des sols et plein d’autres choses !

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Une fois séché, le jute sera vendu sur les marchés locaux. Durant la récolte et les 2 mois suivant, les marchés s’animent environ deux fois par semaine et drainent une foule de vendeurs et d’acheteurs. Les prix oscillent aux alentours de 45 / 50 centimes d’euros le kilos.

Le jute est défini par trois choses : sa variété (white ou tossa), sa provenance et son grade qui va de E pour le moins beau à A pour le meilleur et qui se détermine à la couleur, du gris au doré. Les meilleures qualités peuvent même briller !!

La difficulté, c’est qu’il y a peu de traçabilité : lorsque l’on achète du jute on peut connaître sa variété et sa provenance mais tout le reste est visuel ! Sa résistance est testée à la main !

En 2013, Gold of Bengal a mené une étude agronome afin de comprendre la culture de cette plante, l’organisation de la filière et leurs enjeux respectifs. Pour ce faire, nous nous sommes rapprochés des laboratoires et institutions locales et nous avons réalisé de nombreuses études de terrain.

De nombreux systèmes seront à mettre en place dans le futur afin d’assurer une qualité constante et un prix équitable tout au long de la filière. Des organisations locales et internationales s’y attachent déjà telles que le Bangladesh Jute Research Institute (invention de nouvelles techniques de rouissage pour améliorer la qualité des fibres et diminuer l’impact de cette étape sur la biodiversité) ou bien l’ONG Care qui met en place des coopératives d’agriculteurs (afin de les former à de nouvelles techniques de culture et de leur donner plus de poids dans la négociation des prix).