Association Gold of Bengal
2009 > 2020 : Site Musée

Auteur/autrice : Quentin Mateus

Lancement du projet Agami

Lors de la conférence annuelle de l’association, le 7 mars dernier, le Jute Lab a officialisé le lancement d’un nouveau projet ambitieux, le projet Agami.

Agami, en bengali, signifie « prochain » ou « suivant » et c’est bien de la prochaine grande preuve de concept du Jute Lab qu’il s’agit. Après le nautisme, les sports de glisse et le mobilier, l’équipe s’attaque au secteur automobile et à la réalisation du premier concept-car à carrosserie en composite de jute.

Innovation matériau, prototype auto et nouvelle expédition

 

Depuis le rapatriement du Jute Lab en juillet dernier, Marion, Valentin et Quentin travaillent au développement de ce projet audacieux pour démontrer le potentiel de la fibre de jute dans un nouveau domaine d’application et ainsi participer à la revalorisation de l’or du Bengale.

Les objectifs du projet Agami sont les suivants :

  • en 2017, développer un nouveau matériau,
  • en 2018, assembler un concept-car,
  • en 2019, réaliser une expédition automobile.

Plus précisément, le Jute Lab veut d’abord aller plus loin dans sa démarche éco-responsable et développer un matériau composite plus respectueux de l’environnement en associant cette fois-ci fibre de jute et bioplastique. Ce matériau devra également posséder les caractéristiques nécessaires à son application dans la fabrication de pièces de carrosserie automobile puisque le Jute Lab s’est donné les moyens d’aller jusqu’à la réalisation d’un véhicule prototype en s’associant au constructeur solidaire Karenjy. L’équipe pourra donc ensuite réaliser plusieurs pièces prototypes du dernier modèle de la marque à partir de ce composite de jute innovant, pour mettre sur roue un véritable démonstrateur du potentiel des fibres naturelles pour la mobilité durable. Une fois ce concept-car prêt, la dernière étape du projet Agami se passera sur le terrain, au cours d’une expédition automobile qui servira notamment à :

  • valider la tenue du matériau,
  • mettre en lumière le projet,
  • partir à la rencontre d’initiatives durables et solidaires.

 

Départ prévu pour 2019 !

Inspirer les constructeurs automobiles locaux

 

L’objectif du projet Agami à plus long terme est d’inspirer les constructeurs indiens ou étrangers qui investissent et s’installent sur le marché sud-asiatique, de leur prouver que la fibre de jute constitue une réponse pertinente aux problématiques actuelles du secteur automobile. Ce marché émergent représente un débouché potentiellement considérable pour la filière locale du jute, qui fait encore vivre directement ou indirectement plus de 30 millions de Bengalis.

Pour cette raison, le Jute Lab cherche d’ores et déjà à impliquer les fabricants français au projet, et à semer des graines de jute au sein de leurs départements de recherche et d’innovation !

Plus d’information dans le communiqué de presse du projet Agami, et les premiers visuels du projet dans l’album flickr associé.

Un projet de recherche et caractérisation Jute Lab x UBS

La semaine dernière, Victor et Maxime soutenait leur Projet de Fin d’Études à l’Université de Bretagne Sud. Avec le Jute Lab, ils ont étudié pendant 6 mois les propriétés physiques et mécaniques de la fibre de jute, et les ont comparées à celles des fibres de lin et de verre.

Conclusion ? Sur la base de leurs résultats, Victor et Maxime sont convaincus que le jute a un avenir prometteur dans le secteur des matériaux composites.

On les croit et surtout on les remercie pour leur travail rigoureux et enthousiasmant !

#jutedoit #believeinjute #futurefiber #ubs

 

Retour sur une semaine d’atelier design au Bangladesh

Le concours de design de mobilier lancé à Dhaka en juillet dernier par l’Alliance Française, le Goethe Institut, le Jute Lab, CPHD Composite Fiber (partenaire industriel local privilégié de l’association), et le fabricant de meuble Otobi, a été l’occasion pour une partie de l’équipe du Jute Lab de repartir début novembre — première mission courte au Bangladesh depuis le rapatriement forcé du projet !

Pour rappel, dans le cadre d’un projet du fonds culturel franco-allemand, ce concours a pour double objectif de sensibiliser le plus grand nombre aux applications composites de la fibre de jute, et de faire collaborer des industriels, de jeunes talents bangladeshi, et des intervenants “bideshi” (“étrangers” en bengali) autour de la création de deux pièces de mobiliers. Celles-ci seront ensuite prototypées en matériau composite par le Jute Lab et présentées lors de l’inauguration de l’ambassade franco-allemande de Dhaka en 2017.

Parmi les nombreux projets soumis, les huit participants ayant proposé les démarches et les concepts les plus intéressants ont été invités à participer à une semaine d’atelier de design dans les locaux de l’Alliance Française à Dhaka. Ce workshop était mené par Antoine Gripay, design manager du Studio Katra (Nantes), et une partie du Jute Lab — Quentin, designer en charge du projet, et Clément, expert composite de l’association.

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Antoine, Quentin et Clément vus et dessinés par les étudiants de l’atelier

Retour en images sur ces 10 jours de séjour pleins de créativité, d’échange, de rencontres et de bons souvenirs !

Design Workshop à Dhaka

Pendant une semaine, Raka, Farah, Opu, Sahan, Tahammul, Rakib, Upal et Shanto ont passé 3 à 5h par jour dans la “war room” en compagnie de nos experts design et technique. Ils sont passés par toutes les phases de la méthodologie du designer : recherche d’inspiration et exploration de la culture bangladeshi, idéation et sketching, conceptualisation et prototypage, modélisation 3D et enfin, rendus.

 

 

À la fin de cette semaine d’atelier riche et intense, chacun a tissé des liens forts et passé d’excellents moments au sein du groupe, partagé et appris de ces échanges. Mais surtout tout le monde peut être fier d’avoir participé à la définition de deux concepts complémentaires et porteurs chacun d’une identité forte : la chaise Rick et la table Khatiya.

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Fin du workshop !

Présentation des concepts

Le premier concept, aussi appelé Rick chair, consiste en un beau fauteuil baquet, moderne et institutionnel. Pour autant, renouant d’une certaine façon avec le bois qui composait les traditionnels “baquets à lessive”, son design revisite les lignes d’un emblème du Bangladesh lui aussi tout en bois : le Rickshaw. La chaise Rick reprend en effet le profil élégant, l’assise ainsi que l’ouverture verticale du dossier de ce moyen de transport à la fois ultra répandu et parfaitement atypique, démocratique et écologique, symbole et vitrine de la culture bengali. Le matériau composite qui remplace ici le bois a permis de rendre cette silhouette plus actuelle, mais aussi d’offrir au corps une enveloppe plus confortable que ne pouvaient l’être les authentiques baquets, ou que ne le sont toujours les rickshaws bangladeshi.

Rick Chair Concept
Rick Chair Concept

Le second concept, prénommé Khatiya, consiste quant à lui en un petit élément modulaire pouvant servir de table basse ou de petit tabouret. D’un côté, il puise sa fonction et sa modularité auprès d’éléments de mobilier typiques de l’asie du sud : le khatiya (ou charpoy), le chowki ou le pira. Qu’il soit tressé en jute, gravé et peint ou composé de vulgaires planches de bois, il peut selon sa taille servir de petit tabouret, de banc, de table, d’étal, ou même de lit. Ce type de mobilier traditionnel qui se passe de génération en génération est donc incroyablement moderne par son usage : simple, léger, réparable, durable, multi-fonctionnel ; autrement dit un exemple de réemploi bien antérieur aux meubles en palettes. Le concept de la table Khatiya réinterprète cet élément en prenant le parti d’exploiter (ou de démontrer) les propriétés du composite au travers d’une nouvelle forme géométrique, plus libre et plus audacieuse, qui multiplie les possibilités de composition.

Khatiya Table Concept
Khatiya Table Concept

Enfin, même si on peut imaginer tout une gamme d’éléments Khatiya de tailles et d’usages différents qui reprennent cette silhouette (banc, lit, etc.), le choix d’une première version assez basse pour être considérée comme un repose pied en occident alors qu’elle sera toujours prise pour une véritable assise en asie, soulève également la question des différences culturelles qui nuancent des schèmes d’usage aussi simples que le fait de s’asseoir.

La phase de dimensionnement / conception touchant à sa fin le Jute Lab prépare en ce moment la prochaine étape du projet : le prototypage de ces deux pièces ici à Concarneau, courant décembre !

Conférences

Cette semaine d’atelier sur Dhaka a également été l’occasion pour Antoine de donner des conférences au sein de plusieurs universités de renom de la capitale dont certains des étudiants avaient participé au concours : BUET (Bangladesh University of Engineering and Technology), BRAC University (Bangladesh Rural Advancement Committee University) et AIUB (American International University of Bangladesh).

L’objectif de ces conférences était pour le designer de Katra de partager son parcours et son savoir-faire avec les étudiants, de présenter certaines tendances du design européen et notamment de faire un focus sur différentes créations autour des fibres naturelles comme la fameuse chaise Katra ou les réalisations du Jute Lab.

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Ces présentations ont globalement été un franc succès : une excellente organisation du côté des universités, un très bon accueil des équipes d’enseignants, entre 50 et 150 étudiants à chaque fois, très intéressés et notamment par le matériau composite en fibre de jute présenté par le Jute Lab.

Enfin, cette belle semaine de workshop s’est terminée par la visite de l’ambassadrice et une conférence de presse dans l’auditorium de l’Alliance Française. Un autre événement dont les retours furent positifs et encourageants !

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Présentation du projet et d’une partie de l’équipe à la presse

Retrouvez les articles écrits sur le concours dans la presse locale :

The Daily Star    Times of News    New Age    Daily Sun

Des nouvelles du Jute Lab !

Suite à un rapatriement forcé au mois de juillet pour des raisons de sécurité, et après un séminaire stratégique organisé en août, l’équipe et le projet évoluent !

Le programme de valorisation de la fibre de jute de l’association trouve un point d’ancrage au fonds Explore de Roland Jourdain pour préparer sa nouvelle épopée, et retrouve ainsi le reste de Gold of Bengal à Concarneau ; à la barre Marion, Quentin et Valentin, prêts à insuffler une nouvelle dynamique au projet.

Après avoir identifié les besoins du marché, l’équipe souhaite maintenant faire collaborer son réseau de recherche académique avec différents acteurs des secteurs du composite et de l’automobile pour co-développer un nouveau matériau responsable en fibre de jute qui soit recyclable, biodégradable ou compostable. Quant à la preuve de ce concept, il semblerait qu’elle puisse prendre la forme d’une nouvelle expédition, dans la veine des précédentes aventures Gold of Bengal !

Le Jute Lab sera bientôt en mesure de vous en dire plus sur ce projet ambitieux, stay tuned !

Bio-composites, précisions sémantiques

Le terme “Bio-composite” est utilisé pour définir des matériaux composites avec un impact réduit sur l’environnement par rapport aux matériaux composites conventionnels. Cependant, le champ lexical autour de ces matériaux peut être source de confusion.

Cet article a pour ambition de préciser le vocabulaire utilisé lorsque l’on évoque les bio-composites. Il sera décomposé en 2 parties. Nous commencerons avec le vocabulaire des matériaux composite de manière générale puis nous nous focaliserons sur la notion de “bio” par la suite.

Les matériaux composites :

  •  Composite : Par définition, un matériau composite consiste à assembler 2 ou plusieurs matériaux pour obtenir des propriétés qu’aucun de ces matériaux ne possède intrinsèquement.

Il existe de nombreux types de matériaux composites comme expliqué dans un article précédent. A travers le projet Jute lab, GoB se positionne sur un type de matériaux composites constitués de renforts de fibres enrobés dans une matrice plastique.

 

  •  Renfort : Le renfort est une nappe de fibres tressées entre elles. La nature des fibres utilisées, leur orientation et la façon dont elles sont assemblées définissent les propriétés mécaniques de la structure.

 

  • Matrice : La matrice permet d’enrober le renfort. Elle joue plusieurs rôles dans le matériau.
    • Mécanique : en transférant la charge entre les fibres de renfort.
    • Protection chimique : en isolant le renfort du milieu extérieur afin de le protéger de l’humidité, des UV, des composants chimiques.

La matrice peut être de différente nature : céramique, métallique ou plastique.

Les matrices plastiques également appelées « résines » peuvent être décomposées en 2 grandes familles. Les résines thermoplastiques et les résines thermodurcissables.

Le vocabulaire du “bio”

Comme dans beaucoup de secteurs d’activité, le terme “bio” englobe de nombreuses significations.

Pour éviter toute imprécision sémantique, il est préférable d’utiliser les différents termes détaillés ci dessous pour définir au mieux un matériau.

 

  • Agro-matériaux : ce terme est utilisé lorsqu’un ou plusieurs constituants sont issus de l’agriculture.

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Fibres de Jute

 

  •  Recyclable : La recyclabilité d’un matériau est sa capacité à être réutilisé. Il s’agit d’utiliser le déchet d’un produit A comme matière première à un autre produit A’ ou B. Dans le cas des matériaux composites, la recyclabilité est principalement déterminée par le type de résine utilisée. Certaines résines thermoplastiques sont recyclables contrairement aux résines thermodurcissables. Préciser la nature de la résine utilisée permet donc de sous entendre la recyclabilité du matériaux.

 

  •  Issu de la Biomasse ou bio-sourcé : Un matériau est issu de la biomasse s’il a été produit à partir du vivant. Les fibres végétales par exemple sont issues de la biomasse mais également certaines matières plastiques à partir d’algues, de végétaux ou encore de bactéries.

Produits thermoplastiques fabriqués à partir de Chitosans (By Jgfermart (Own work) , via Wikimedia Commons)

 

  • Bio-dégradable : On parle de bio-dégradation lorsqu’un matériau peut être décomposé par des organismes vivants. Les molécules qui constituent la matière sont alors “déconstruites” pour devenir assimilables par l’environnement.

Attention : depuis l’adoption de la directive européenne (Directive (UE) 2015/720 du Parlement Européen et du Conseil du 29 avril 2015 modifiant la directive 94/62/CE) sur les sacs plastiques on parle également d’oxo-dégradation. Il s’agit là de matière plastique qui contient une substance qui accélère la décomposition du plastique. Cela permet de limiter les déchets plastiques macroscopiques mais le produit de cette décomposition n’est pas assimilable par l’environnement. On ne peut donc pas parler de bio-dégradation.

Etiquetage d’un sac Oxodégradable (By Cjp24 (Own work) , via Wikimedia Commons)

 

Bilan

Ainsi, le « bio-composite » par excellence serait un matériau dont les composants sont issus de la biomasse, recyclable et compostable en fin de vie. Cependant, certains verrous persistent pour réaliser des pièces avec un tel matériau. Nous y reviendrons au cours des prochains articles.

 

Il existe donc toute forme de « bio-composites ». Cette appellation générale est souvent utilisée dès qu’une solution a été mise en œuvre pour alléger l’empreinte écologique du matériau. Or toutes les solutions n’ont pas le même impact sur le bilan du matériau. En effet, dès lors qu’il y a production, il y a un impact environnemental. Nous verrons lors d’un prochain article les outils qui permettent de comparer le bilan environnemental de différents matériaux.