Association Gold of Bengal
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ESCALE A RECIFE au Serta, le paradis des low-tech !

“Les technologies ont une âme” Sebastiao Alves

Enfin arrivés au Brésil, après 3 semaines de navigation, le premier pied à terre est savoureux, saveur Caïpirihna au Brésil !

Nomade des Mers au Cabanga Iate Clube (c) Elaine le Floch (GOB)

Tout juste le temps de nous remettre de nos émotions et nous avons été très chaleureusement accueillis par le Cabanga Iate Clube (une des marinas de Récife) et les équipes du SERTA (Servicio de Technologie Alternativa) qui nous ont vite emmenés visiter leurs locaux à Ibimirim (5h de route de Récife vers l’Est, dans la campagne aride du Sertao) et à Gloria Do Goita. Deux paradis des low-tech et bien plus que ça…

Le SERTA est un centre de formation à l’agro-écologie et à la permaculture. Grâce à des subventions  les étudiants peuvent suivre gratuitement un an de cours, à raison d’une semaine par mois, pour se former à ses techniques et mûrir un projet. Les étudiants sont de tout âges et de tout horizons : des citadins en reconversion au agriculteurs qui veulent sortir du système de production « toxique » habituel.
La permaculture est une méthode de conception d’écosystèmes pour les habitats humains ou les exploitations agricoles en s’inspirant de la nature et de ses équilibres. Ainsi il n’y a pas une technique en particulier mais il s’agit plutôt d’un mode d’action qui s’adapte à chaque territoire et ses contraintes.

La Permaculture :

Les 5 zones

Zones de permaculture

L’une des méthodes de conception d’un espace de permaculture autonome qui revient souvent est la théorie des 5 zones, dont l’organisation (ici représentée par des cercles concentriques) est en fait très flexible et adaptable aux environnements et besoins de chacun.
– La maison est la zone 0.
– Autour, la zone 1 est celle où l’on produit ce qui demande une attention quotidienne (lapins, légumes, arbustes fruitiers, plantes médicinales, compost, biogaz),
– La zone 2 est dédiée à l’élevage (poules, cochons), aux ruches, aux légumes à cycle longs et aux arbres fruitiers qui demandent d’être irrigués,
– La zone 3 est celle de l’agriculture et du cheptel (vaches, moutons), – La zone 4 est une zone en partie administrée par l’Homme mais qui reste sauvage où l’on pourra récolter du bois et des baies sauvages.
– La 5ème zone est laissée complètement naturelle, l’Homme ne doit pas y intervenir, il peut simplement y aller pour se ressourcer et observer.

Rien ne se perd :

Un autre grand principe de la permaculture est la notion d’écosystème, de cycle naturel où tout à un rôle, rien ne se perd. Les déchets organiques sont par exemples des ressources précieuses pour faire du compost (grâce à un lombricompost) ou du biogaz. Les excréments de cochons ou vaches sont en effet récupérés pour être mis à fermenter afin d’en extraire le méthane qui est ensuite utilisé comme combustible pour cuisiner. Le surplus sert ensuite d’engrais pour les plantes.

A l’école du SERTA

Conduit par trois grandes figures, Abdalaziz de Moura le philosophe, Roberto (Antonio Roberto Fereira) et Sebstiao (Sebastiao Alves), les inventeurs géniaux et professeurs, le SERTA développe une pédagogie très spéciale, où chacun apprend par lui-même et librement. Après une dizaine de jours ensemble nous comprenons que bien plus qu’un centre de formation, le SERTA a une vision et une mission beaucoup plus vaste. 

Par la permaculture, ils cherchent à répandre un modèle de développement d’écosystèmes cohérents, en intelligence avec la nature et les besoins humains. Toutes les technologies doivent donc s’inscrire dans un contexte qui justifiera leur pertinence. 

Le développement de tels écosystèmes nécessitant un niveau conscience et de convictions fort, le rôle du SERTA est donc d’ aider les élèves à trouver par eux-mêmes des réponses à leurs questionnements. Plus que des connaissances ou des solutions techniques il s’agit surtout de se trouver soi-même et comprendre ses valeurs, ses choix de vie pour le futur.

De grands moments de partage !

A Gloria Do Goita l’équipe a animé un atelier de construction d’éolienne low-tech à partir modèle inventé au Sénégal. Les étudiants ont été très impliqués dans la construction de cette low-tech qui, comme on nous l’a expliqué, pourrait aussi trouver son utilité ici pour électrifier des habitations rurales ou, plus original, pour éclairer les chantiers de réhabilitation agricole qu’entreprend la mairie.

Samedi, les deux professeurs du SERTA, Roberto et Sebastiao sont venus visiter le bateau. Ils nous ont complimentés, mais en bons professeurs aussi beaucoup critiqués. Des conseils très instructifs, nous avons du pain sur la planche…

Nous avons appris que :

  • Même si nos poules vont bien, il faut améliorer leur poulailler pour qu’elles soient vraiment heureuses : construire une vraie zone de loisirs et surtout mettre de la paille pour répondre à leur besoin vital n°3 après manger et boire : se gratter.
  • Nous pourrions améliorer le design de nos pales d’éoliennes low-tech (pour l’instant faite de tubes PVC coupés en biseau). le SERTA a une technique pour ça.
  • Il faudrait améliorer la serre.
    Comme l’a dit Roberto :
    “Il fait trop lourd ici pour moi. Et si nous humains ne nous sentons pas bien dans un endroit, les plantes non plus, c’est simple!”
    Il faut donc mieux ventiler et assombrir avec un tissu noir maillé comme on met dans toutes les serres ici. C’est qu’on est plus en Bretagne !
  • Le choux est beau mais beaucoup trop exigent en minéraux. Il cannibalise les autres plantes. Il faudrait l’enlever et le remplacer par quelque chose de plus “rustique”, moins consommateur. (Ce sera au grand désespoir des poules car c’est leur friandise préférée…)
  • Il faut que nous expérimentions les graines germées de haricots pour l’alimentation. On est dans le bon pays pour ça ! Le fameux feijao (dont il existe tant de variétés) peut germer en quelques jours et offrir une nourriture très riche.

En parallèle de nos activités avec le SERTA nous avons rencontré Ginaldo, qui développe l’elevage d’insectes comestibles au Brésil. L’usage est plus destiné à l’alimentation animale pour l’instant mais il espère bien  conquérir le cœur et le palais des brésiliens !

Les Low-Tech font leur show

Dimanche 1er Août : branle-bas de combat!

A l’occasion de la venue du Nomade des Mers et du 27ème anniversaire du SERTA, une grande exposition sur les low-tech dans a été organisée dans le centre ville à l’occasion de la Mostra de Récife (tous les premier dimanche du mois le centre ville est fermé au voiture et accueille des artisans et projets de la région). Nomade des Mers s’est retrouvé arrimé à « Marco Zero », au coeur de la ville, pour accueillir plus de 200 visiteurs. Les étudiants du SERTA nous ont beaucoup aidé pour animer les visites guidées en brésiliens, encore un immense merci à eux tous !

Nous serions bien restés un peu plus ici mais nous devons déjà repartir pour notre prochaine escale à Rio. La météo de la suite de l’expédition nous presse.

Avant de partir nous voulons redire encore nos immenses remerciements au SERTA, ses professeurs et étudiants, au Yacht Club du Cabanga, et surtout à Laurent B, Noël et Johanna pour leur accueil et leur aide si précieuse ! Comme on dit ici : Abraços!

Marco Zero 3 (c) Elaine le Floch (GOB)