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Marche ou crève – Expérience d’autonomie et menaces à bord de Nomade des Mers

Je suis avec Clément dans le Nord de Madagascar. Nous préparons notre fier bateau-laboratoire à traverser l’océan Indien jusqu’aux Maldives.

1900 miles (3500 km) dont le passage de l’équateur. Une vingtaine de jours de navigation.

Nous allons en profiter pour faire une expérience. Nous avons décidé de nous mettre sous contrainte en embarquant une quantité limitée de ressources pour nous forcer à exploiter à fond notre écosystème embarqué. Après avoir testé plus de 30 low-tech depuis 1 an, il est temps de tester notre « maxi best-of » des low-tech !

 

Chez Gold of Bengal nous sommes convaincus que la mise sous contrainte est un excellent stimulant pour innover.

Si Mac Gyver avait toujours eu sous la main une bombe ou un deltaplane il n’aurait jamais pensé à les fabriquer avec son chewing gum ou l’élastique de son slip.

La spiruline par exemple : pas de goût, une odeur d’algue, une consistance vaseuse. Et pourtant quand elle est l’une de nos principales sources de protéines, elle devient délicieuse et on s’en occupe comme jamais. C’est à la fin de notre traversée de l’Atlantique, quand les réserves s’amenuisaient, que nous avons inventé un nouveau système de filtration innovant.

Un peu comme le dernier morceau d’une bonne plaquette de chocolat a plus de saveur que les autres, quand on est limité en eau chaque goutte d’eau de pluie devient précieuse. Quand la base de tous les repas est de la semoule aux haricots, les feuilles de blettes qu’on récolte dans la serre, au lieu de faire remonter des relents des épinards de la cantine de l’école, font vibrer les papilles, et on se creuse la tête pour qu’elles poussent plus vite.

Bref nous comptons sur cette traversée pour révolutionner notre petit écosystème!

Nos calculs, dont un résumé est illustré sur le schéma ci-dessus, nous ont mis en confiance. Par contre nous aurons 4 sérieux obstacles à affronter pour ne pas perdre nos dents ou nous entretuer :

1- Les rats. ils ont envahi le bateau lors de notre dernière escale. Ils mangent les pousses d’amarante et de pourpier, c’est très énervant, et ça peut nous priver d’une source nécessaire de vitamines et minéraux.

2- « IL ». « IL » est une chose invisible et inodore qui se propage partout. Une sorte de fantôme qui peut même entrer dans des espaces clos. « IL » laisse toujours derrière lui des sortes de fils d’araignées. Et le problème c’est qu’IL semble manger les oeufs de nos vers de farine. Depuis des semaines nous n’avons plus d’éclosions. La pyramide des âges de notre élevage commence à ressembler à celle de la France. Or nous comptons sur les larves de ténébrions pour nous apporter 10% de nos protéines.

3- Les poules. Elles passent de plus en plus de temps à se dorer au soleil, contemplatives. Pas un oeuf depuis 10 jours. Je viens d’avoir une info de ma grand mère : « une poule pond avec son bec ». Traduction : il faut les nourrir d’avantage. Ca revient à prendre le risque d’augmenter leur revenu minimum, sans savoir si cela va augmenter le PIB du poulailler. En attendant on va embarquer une boite d’oeufs pour les rendre jalouses.

4- Les haricots. Nous n’avons pas pris le temps de goûter les haricots secs d’une espèce inconnue que nous avons achetés et allons manger à tous les repas. J’espère qu’ils sont bons.

La tension est palpable à bord de Nomade des Mers. Dans 20 jours ce sera différent. Reste à voir ce qui va changer…

Bien à vous,

Clément, Corentin, les poules, les vers, la spiruline, les rats et « IL ».